Du réchauffé chez Obama

DU RECHAUFFE CHEZ OBAMA

par K. Selim, Le Quotidien d’Oran, 21 mai 2011

Les présidents américains ne sont jamais surprenants quand ils discourent sur le monde arabe. La seule vraie différence réside dans l’éloquence du locataire de la Maison-Blanche. Quand deux piliers – des dictatures – de la politique américaine tombent à la suite de manifestations populaires, il n’y a rien de surprenant à entendre Barack Obama évoquer un soutien aux peuples.

Encore que le soutien paraît circonscrit aux «républiques». Une condamnation pour Kadhafi, une sommation pour Al-Assad et une demi-admonestation pour le Bahreïn – qui est une base américaine -, mais pas une seule allusion à l’Arabie Saoudite, qui mérite pourtant bien plus que d’autres les lumières de la réforme.

C’est au fond un rewriting du discours, sans lendemain, du Caire où Barack Obama tentait de démontrer un changement par rapport à George W. Bush. Tout un chacun a constaté que le président américain était naturellement velléitaire et tous ont obtenu la confirmation que les intérêts d’Israël structurent la politique américaine dans la région. Et celle-ci, à ce jour, aura toujours tendance à préférer des autocraties malléables à des systèmes démocratiques réellement représentatifs.

Le soutien américain aux dictatures arabes n’a jamais été de pure opportunité, il s’agit bien d’une orientation stratégique. De ce point de vue, les professions de foi démocratique du président américain n’ont guère de chance de convaincre. Dans le meilleur des cas, cela constitue une adaptation du discours américain au contexte arabe actuel. En tout état de cause, les opinions arabes ne se font aucune illusion. Elles jugent, à juste titre, un président américain sur ce qu’il dit et ce qu’il fait à l’égard des Palestiniens, ceux-là mêmes qui subissent le plus la politique injuste des Américains. Et Barack Obama a déjà perdu le capital de sympathie dont il bénéficiait au départ en se soumettant ostensiblement au lobby pro-israélien.

Les communicateurs du président américain le savent parfaitement et il leur fallait, pour accompagner ces temps «printaniers», un petit tour de passe-passe rhétorique pour susciter un semblant de nouveauté. Ils ont cru le trouver en évoquant la création d’un Etat palestinien sur la base des lignes de démarcation de 1967. Dans un effort remarquable de marketing, la presse occidentale et israélienne tente de présenter la chose comme étant un défi à Israël, alors qu’il n’en est absolument rien. Les frontières de 1967 ne sont pas une invention de M. Obama.

Mais l’emphase de l’annonce n’a d’autre but que de signifier la détermination de Washington à s’opposer à l’initiative des Palestiniens de faire reconnaître leur Etat par l’Assemblée générale des Nations unies et pour dénoncer la réconciliation entre le Hamas et le Fatah.

Cet exercice oratoire exprime la quintessence même de la politique américaine : un simple copié-collé de la politique israélienne. Les Palestiniens doivent s’abstenir de déplaire aux Israéliens et «négocier» sans fin avec eux sous le faux parrainage des Américains. Et, bien entendu, les Palestiniens doivent se faire la guerre et rester divisés.

Sur la Palestine, l’éloquente prestation de M. Obama sentait le réchauffé. Et la Palestine, même si les Occidentaux préfèrent s’aveugler, est l’un des moteurs des révoltes arabes.