Feu vert international à un début d’opérations aériennes contre Kadhafi

Feu vert international à un début d’opérations aériennes contre Kadhafi

El Watan, 19 mars 2011

Le président français Nicolas Sarkozy a annoncé samedi le début d’une intervention militaire internationale dans le ciel libyen, menée samedi par des avions Rafale français, et prévenu que les troupes de Mouammar Kadhafi pouvait être bombardées à tout moment.
Nicolas Sarkozy venait de réunir à Paris un sommet international réunissant des dirigeants occidentaux et arabes, ainsi que l’Onu, alors que la bataille faisait rage dans le bastion anti-Kadhafi de Benghazi, deuxième ville de Libye.
« En accord avec nos partenaires, nos forces aériennes s’opposeront à toute agression des avions du colonel Kadhafi contre la population de Benghazi. D’ores et déjà, nos avions empêchent les attaques aériennes sur la ville », a déclaré Nicolas Sarkozy, à l’issue d’une réunion d’environ deux heures avec une vingtaine de dirigeants internationaux.
« D’autres avions, français, sont prêts à intervenir contre des blindés qui menaceraient des civils désarmés », a-t-il ajouté. Selon des sources militaires, ce sont des avions de chasse Rafale qui survolaient samedi la Libye.
« Notre coalition est prête à agir », a affirmé le président américain Barack Obama, sans préciser le degré de la participation des Etats-Unis. Sa secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, présente à Paris a promis des « capacités uniques ».
Selon des experts, il pourrait s’agir de missiles anti-radar. Washington est aussi performant dans les armes à impulsion électromagnétiques qui permettent d’altérer des systèmes informatiques adverses.
Dans un nouvel appel au colonel Mouammar Kadhafi, Nicolas Sarkozy a dit qu’il était « encore temps » pour lui d' »éviter le pire », à condition de respecter « sans délai et sans réserve » toutes les exigences de la communauté internationale.
Ce sommet intervenait 48 heures après le vote de la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l’ONU autorisant le recours à la force pour protéger les civils de l’offensive du régime contre les rebelles.
« Le colonel Kadhafi a méprisé cet avertissement. Au cours des dernières heures, ses forces ont intensifié leurs offensives meurtrières », a dit Nicolas Sarkozy.
« Je pense qu’il est d’une importance vitale de passer à l’action de manière urgente », a confirmé le Premier ministre britannique David Cameron, dont le pays est avec la France aux avant-postes de la coalition.
Le Qatar et plusieurs pays européens, dont la Belgique, les Pays-Bas, le Danemark et la Norvège, et l’Espagne ont confirmé lors du sommet leur volonté de participer aux opérations militaires, en fournissant des avions, ignorant les mises en garde du régime de Kadhafi.
Le chef du gouvernement espagnol José Luis Zapatero a indiqué que son pays enverrait 4 avions de chasse F18 et un ravitailleur pour faire respecter une zone d’exclusion aérienne en Libye. L’Italie offre « pour le moment » ses bases militaires, mais n’exclut pas une participation future plus importante, a déclaré Silvio Berlusconi.
Outre le niveau de participation américain, plusieurs questions restaient floues à l’issue du sommet, notamment celle du rôle de l’Otan.
La France refuse catégoriquement que l’Alliance atlantique intervienne dans les missions lancées samedi.
Il est possible que l’Organisation soit sollicitée pour des opérations prévues par la résolution de l’ONU mais qui nécessitent du temps et de gros moyens pour être mises en oeuvre. Il s’agit notamment de la zone d’exclusion aérienne et du contrôle de l’embargo sur les armes.
« Il est clair que la France assure le leadership de l’action militaire dans l’espace aérien libyen », a déclaré le Premier ministre belge Yves Leterme.
Le but du sommet était de montrer l’unité d’une bonne partie de la communauté internationale face à Mouammar Kadhafi. Il réunissait ainsi plusieurs chefs de gouvernement européens, mais aussi les ministres des Affaires étrangères du Qatar, des Emirats arabes unis, du Maroc et de la Jordanie.
Le chef de la diplomatie irakienne Hoshyar Zebari était également présent, en sa qualité de président en exercice de la Ligue arabe, ainsi que le secrétaire général de la Ligue Amr Moussa.
AFP