L’armée italienne prête à débarquer en Libye

Rome pour une coalition antidjihadiste : L’armée italienne prête à débarquer en Libye

par A. Walid, Le Quotidien d’Oran, 16 février 2015

L’intervention militaire en Libye, qui a sombré dans le chaos, est de nouveau sur la table. Cette fois-ci, c’est l’Italie qui monte au front affirmant être disposée à envoyer plusieurs milliers d’hommes dans le cadre d’une coalition pour stopper «la progression des djihadistes en Libye». Début janvier déjà, des chefs d’Etat de pays du Sahel avaient appelé ouvertement à une telle intervention. Mais l’UA affirmait plus tard privilégier une solution politique. Une position défendue par l’Algérie qui subit de fortes pressions pour cautionner une intervention militaire en Libye.

Ainsi, l’Italie exprime ses inquiétudes devant la «poussée des djihadistes» en Libye. Le chef de la diplomatie italienne Paolo Gentiloni est catégorique. «On ne peut accepter qu’à quelques heures seulement de navigation d’ici, il y ait une menace terroriste», a-t-il indiqué dans une interview à la chaîne SkyTg24 vendredi soir, rapportent des agences de presse. Il faisait allusion à des informations sur une ‘’expansion de milices proches de Daech » en Libye. Lui emboîtant le pas, la ministre de la Défense est allée plus loin hier. Dans une interview au quotidien «Il Messaggero», Mme Pinotti a affirmé que l’Italie était prête à envoyer plusieurs milliers d’hommes et à prendre la tête rapidement d’une coalition de pays européens et de la région pour lutter contre la «progression des djihadistes en Libye». «L’Italie est prête à guider en Libye une coalition de pays de la région, européens et de l’Afrique du Nord, pour arrêter la progression du califat qui est parvenu à 350 km de nos côtes». «Si en Afghanistan, nous avons envoyé jusqu’à 5.000 hommes, dans un pays comme la Libye qui nous concerne de bien plus près et où le risque de dégradation est bien plus préoccupant pour l’Italie, notre mission peut être significative et consistante, aussi en ce qui concerne les effectifs», a-t-elle déclaré. «Nous en discutons depuis des mois, mais c’est devenu urgent», a-t-elle précisé. Pour elle, «le risque est imminent, on ne peut attendre au-delà. L’Italie a des exigences de défense nationale, ne pas voir un califat qui gouverne sur la côte d’en face. Mais nous voulons nous coordonner avec d’autres dans un système de légalité internationale». «Nous devons être présents en Libye comme nous sommes intervenus en Irak aux côtés des très valeureux combattants kurdes», a-t-elle dit, sans préciser quel type d’intervention serait décidé. Et d’alerter qu’il «n’était pas à exclure» que les terroristes puissent arriver en Italie à bord des canots transportant des migrants clandestins.

L’ambassade d’Italie à Tripoli a suspendu hier ses activités et son personnel a été rapatrié «à titre provisoire», selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères italien. Il s’agit de la dernière ambassade occidentale en Libye à évacuer son personnel. La suspension des activités de l’ambassade a été décidée après divers «épisodes hostiles dans les centres urbains, y compris Tripoli, à l’encontre de l’Italie et des ressortissants italiens». Le gouvernement italien a, par ailleurs, commencé à rapatrier hier une centaine d’Italiens de Libye. Une aide logistique a été offerte aux ressortissants italiens pour qu’ils quittent temporairement le pays. Les Italiens, une centaine, travaillant depuis ces dernières années en Libye, ont été appelés à quitter ce pays rapidement.

Pourtant le 2 février dernier, le chef de la diplomatie italienne en visite à Alger avait indiqué, lors d’un point de presse, que l’Italie et l’Algérie «sont convaincus qu’il n’existe pas de solution dans la division du pays (Libye), ni de solution militaire possible, mais qu’il est nécessaire d’encourager un processus de réconciliation entre les différentes parties». Et de souligner que l’Algérie et l’Italie «partagent totalement et soutiennent le travail de l’envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies pour la Libye». Le chef de la diplomatie italienne a qualifié d’importants les résultats obtenus par l’envoyé spécial de l’ONU pour la Libye.

Des dirigeants africains avaient estimé dernièrement, à l’issue d’une réunion sous l’égide de l’Union africaine, que le conflit en Libye ne peut être résolu militairement. Cinq pays du Sahel avaient appelé en janvier à une intervention militaire internationale. «La situation en Libye ne peut pas être résolue par la force, mais seulement par un accord politique entre les Libyens eux-mêmes. L’UA est prête à les appuyer dans cet objectif», a déclaré à l’AFP Jacob Enoh Eben, à l’issue d’une réunion du Groupe international de contact sur la Libye (GIC-L) créé par l’UA. Ce groupe de contact, mis sur pied par l’UA en septembre, réunit les voisins de la Libye (Algérie, Egypte, Niger, Soudan, Tchad et Tunisie), des représentants de l’UA, du Conseil de sécurité de l’ONU, de la Ligue arabe et de l’UE, notamment.