Palestine: Sortir d’une stratégie absurde

Sortir d’une stratégie absurde

par K.Selim, Le Quotidien d’Oran, 2 mars 2009

Alors que la conférence de Charm el-Cheikh pour la reconstruction de Ghaza s’ouvre aujourd’hui, le Fatah et le Hamas ont pris, laborieusement et espérons sûrement, le chemin vers la constitution d’un gouvernement de transition. Il n’est jamais trop tard pour revenir à la limite que s’est interdit feu Yasser Arafat de franchir, celle du refus de l’affrontement fratricide. Ce n’est pas forcer le trait que de dire que le Fatah a emprunté un très mauvais chemin en s’alignant sur la politique américaine et occidentale d’isolement du Hamas. Elle était d’autant plus fâcheuse que cette politique était une sanction insupportable contre les Palestiniens qui ont exercé librement et démocratiquement leur droit d’élire leurs représentants. S’il ne faut pas nécessairement remuer ce passé proche, il faut néanmoins noter que la politique d’isolement du Hamas à qui l’on exige de reconnaître préalablement Israël et de renoncer à la résistance reste au coeur de la démarche des officiels occidentaux.

Le Fatah, c’est-à-dire l’Autorité palestinienne, n’a rien gagné en retour en suivant cette politique. Le seul résultat a été l’aiguisement des divergences palestiniennes et le Fatah n’en a pas gagné en popularité, c’est le moins que l’on puisse dire. Le Hamas, en dépit du blocus inique qui a été imposé à Ghaza, suivi d’une agression militaire, n’a guère été affaibli. L’Autorité palestinienne cultivait les illusions qu’Israël allait accepter l’émergence d’un Etat palestinien alors que dans les faits, la colonisation ne faisait que s’étendre pour rendre physiquement impossible son émergence. L’arrivée de Benyamin Netanyahu au pouvoir doit simplifier les choses. On peut lui concéder le « mérite» de ne pas faire semblant. Il ne veut pas d’Etat palestinien, tout au plus est-il en faveur d’une «paix économique».

En clair, les Palestiniens devront renoncer à leurs aspirations nationales. Dans les faits, tous les gouvernements d’Israël sont sur cette optique. L’erreur de l’Autorité palestinienne a été de croire que l’onction occidentale ferait avancer les choses et rendrait inutile la résistance. Il y a bien une leçon à tirer. Mahmoud Abbas ferait bien de ne pas s’illusionner sur l’insistance que mettent aujourd’hui les Occidentaux pour que seule l’Autorité palestinienne gère les aides internationales. Le Hamas d’ailleurs ne semble pas y faire d’objection. Mais cette insistance occidentale vise surtout à marquer la perpétuation d’une politique d’isolement du Hamas.

Le Fatah devrait clairement refuser de s’y joindre car son but est d’entretenir les divisions. Sa finalité est également de mettre une épée de Damoclès sur la tête des Palestiniens qu’on punira indéfiniment s’ils votent mal. Si le crédit de l’Autorité palestinienne n’est pas fort au sein de l’opinion palestinienne, c’est bien en raison des errements qui ont conduit à transformer le Hamas en ennemi et Israël en allié de fait. Des personnalités internationales viennent de publier un texte en direction des gouvernements occidentaux pour critiquer le refus de dialoguer avec le Hamas en soulignant que les tentatives de détruire le Hamas par des «boycotts politiques» et des «incursions militaires » ne donneront aucun résultat. «Cette approche ne marche pas ; on doit trouver une nouvelle stratégie», ont-ils conclu. Ce serait dramatique que Mahmoud Abbas n’aboutisse pas à une conclusion aussi évidente: le Hamas n’est pas son ennemi.