Le grand test pour les partis

Législatives dans un contexte d’austérité

Le grand test pour les partis

El Watan, 3 octobre 2016

La rentrée politique est bel et bien faite. Opposition et partis au pouvoir ont occupé la scène, ce week-end, invitant d’ores et déjà à regarder du côté de ce rendez-vous électoral qui pointe pour l’année 2017.

Si en 2012, certaines formations de l’opposition ont été absentes lors des législatives — à l’exception du FFS, du PT et du MSP —, l’année prochaine verra, semble-t-il, la participation de la quasi-totalité des formations politiques. Les élections législatives seront à n’en point douter la grande arène, où chacun essayera d’avoir un maximum de sièges à l’Assemblée nationale. Mais 2017 sera aussi l’année de la grande austérité, comme le prévoit la loi de finances 2017.

Comment donc convaincre les Algériens d’aller aux urnes lorsque la crise aura eu raison de leur pouvoir d’achat ? Telle est la question qui se posera aux partis de l’opposition, mais qui réjouira sans doute les formations affiliées au pouvoir.

Ces dernières, gargarisées par l’argent des affaires et les chèques de l’imposante oligarchie, miseront sur une large abstention des électeurs, ce qui leur permettra d’organiser l’habituel mouvement de monnayage des voix. Les sacs d’argent défileront au rythme de la campagne électorale d’une wilaya à une autre afin de garantir une majorité aux appareils du système.

Et ce n’est pas la loi électorale qui viendra contredire l’étalage honteux et abusif des liasses de billets des hommes d’affaires, elle se contentera par contre d’empêcher les partis n’ayant pas eu 4% des suffrages aux dernières élections de participer au prochain rendez-vous électoral. Face à la crise et au risque de fraude électorale, les partis de l’opposition auront fort à faire pour se tirer d’affaire. 2017 sera donc une année charnière, et la récente réunion des pays de l’OPEP à Alger n’y changera rien, malgré les éclats de satisfecit exprimés ici et là.

La crise économique est bien installée et pèsera de son poids sur une crise politique engrossée depuis plusieurs décennies. La commémoration, cette semaine, du 28e anniversaire des événements du 5 Octobre 1988 sonnera comme un rappel à l’ordre ou un appel à la raison.

Il n’est dans l’intérêt ni du pouvoir ni du peuple que le choc soit absorbé par la rue. L’urgence d’une solution politique viable et d’une réforme économique fiable est plus que jamais posée. 28 années, c’est l’âge d’une maturité bien entamée. Le pouvoir est sommé par l’histoire de réagir avec lucidité et raison.

Nadjia Bouaricha