Recueillement sur la tombe de Guermah Massinissa

13e anniversaire des événements tragiques du Printemps noir de Kabylie

Recueillement sur la tombe de Guermah Massinissa

Par : Kouceila Tighilt, Liberté, 19 avril 2014

Une cérémonie de recueillement sur la tombe du martyr Guermah Massinissa, première victime des douloureux événements du Printemps noir de 2001 en Kabylie, a eu lieu, hier, au village Tizi Hibel, dans la daïra d’Ath Douala.
Organisée à l’occasion du 13e anniversaire du Printemps noir, la cérémonie s’est déroulée en présence de la famille du défunt Guermah Massinissa, d’anciens délégués du mouvement citoyen des Aârchs, notamment Belaïd Abrika, du chanteur Zedek Mouloud, de membres de l’association Amnay Ubiza et de nombreux citoyens, venus lutter contre l’oubli et rendre hommage au jeune martyr Guermah Massinissa ainsi qu’aux 127 martyrs du Printemps noir assassinés dans différentes localités de la Kabylie profonde.
“C’est une date particulière pour le combat du mouvement citoyen. Une date qui nous interpelle jusqu’à présent sur la question de l’impunité. Il faudrait que les ordonnateurs, les responsables et les assassins des martyrs du Printemps noir de 2001 soient jugés. Que justice soit rendue”, nous dira Belaïd Abrika, qui s’est également exprimé sur le contexte un peu particulier dans lequel se déroule, cette année, la célébration du Printemps noir de 2001 et du Printemps berbère d’avril 1980.

“Bien évidement pour cette année, nous sommes dans un contexte particulier. C’est un contexte où le système en place nous montre qu’il n’est pas prêt à une mutation, et il est clair qu’aujourd’hui, on doit dépasser les constats, puisque ce régime est incompatible avec les valeurs de la démocratie et de la citoyenneté”, a encore déclaré Abrika, estimant que “nous sommes prêts à la résistance qui nous interpelle tous face à un régime qui tire profit de privilèges à défendre. Nous sommes de l’autre côté, du côté de la justice, de la citoyenneté et de l’Algérie qu’on veut bâtir sur le droit de la citoyenneté, des libertés individuelles et collectives. Celle d’une nouvelle République qu’exige l’année 2014. Nous sommes prêts à nous impliquer dans toute initiative qui va dans le sens de la construction, dans le sens de la convergence de toutes les forces, pour une nouvelle République démocratique, sociale, civile et moderne”, ajoutera Belaïd Abrika. Concernant la question la question de tamazight et de son officialisation, notre interlocuteur dira que “le régime est en déphasage par rapport à la réalité. La revendication identitaire, linguistique et culturelle amazighe ne trouvera place que quand on aura un État de droit”.

De son côté Khaled Guermah, le père du défunt Massinissa, a exprimé, encore une fois, son souhait “de voir les assassins de son fils et de tous les martyrs du Printemps noir jugés pour leurs actes. Le mal qui me ronge restera éternel. J’ai perdu un enfant que j’ai fait grandir jusqu’à l’âge de 20 ans. C’est un assassinat prémédité”.
Après le dépôt d’une gerbe de fleurs sur la tombe de Guermah Massinissa à Tizi Hibel, la délégation s’est rendue à Béni Douala, chef-lieu de daïra, où une fresque murale à l’effigie de Guermah Massinissa et de Matoub Lounès a été inaugurée en face du siège de l’APC.

Enfin, il est à rappeler qu’une vingtaine de personnes, dont six victimes du Printemps noir de 2001, organisent une marche à l’appel du Mouvement antisystème (MAS) qui s’est ébranlée jeudi dernier à Oued Amizour, dans la wilaya de Béjaïa, pour prendre fin demain dimanche 20 avril, au niveau du carré des martyrs du Printemps noir à Tizi Ouzou.