Kabylie: Grève générale demain

Kabylie

Grève générale demain

Par Djamel Alilat, Liberté, 28 septembre 2005

À l’issue de leur conclave, les archs, toutes tendances confondues, ont lancé ce mot d’ordre et appelé au boycott du référendum pour la réconciliation.

Dans une déclaration appel laconique datée d’hier, le mouvement des archs vient d’appeler la population à observer une grève générale le jour du référendum sur la charte pour la paix et la réconciliation nationale. “Suite au discours du chef de l’État quant à la négation du caractère officiel de la langue amazigh, l’Interwilayas, réunie en conclave extraordinaire d’urgence, appelle les citoyennes et les citoyens à observer une grève générale le 29 septembre 2005 pour l’officialisation de tamazight”, lit-on dans la déclaration.
Après une réunion à huis clos des présidences tournantes du mouvement transformée en conclave interwilayas et qui a duré de lundi, début d’après-midi, jusqu’à mardi matin, les archs ont donc opté pour une grève générale.
Une décision quelque peu surprenante en ce sens que tout le monde les attendait sur la question de la poursuite ou du rejet du dialogue entamé avec le Chef du gouvernement.
Prié de nous en dire un peu plus, un délégué qui a requis l’anonymat nous a précisé que le sort du dialogue allait être tranché lors du prochain conclave interwilayas prévu le 6 octobre prochain à El-Asnam dans la wilaya de Bouira. Quant à la grève générale, “c’est une réponse au chef de l’État pour les graves propos qu’il a tenus à Constantine”, dira-t-il. Quelques indiscrétions font également état de discussions houleuses lors des concertations qui ont abouti à la décision de la grève générale car la plupart des troupes, s’estimant trahies, étaient plutôt pour une rupture définitive du dialogue et le recours à des actions de rue.
En face, quelques voix minoritaires, prêchant la modération, militaient pour un gel temporaire des négociations avec le gouvernement tandis qu’une troisième voie, encore plus isolée, tentait de convaincre qu’il ne fallait pas jeter le bébé avec l’eau du bain et qu’il fallait poursuivre des pourparlers en voie d’aboutir sur beaucoup de questions hormis l’officialisation de la langue amazigh.
Pour éviter le blocage et une implosion du mouvement qui se dessinait de plus en plus, il a été décidé de laisser en suspens le problème de la poursuite ou de la rupture du dialogue, à charge pour le prochain conclave interwilayas de le régler.
D’ici là, espèrent les plus modérés, le temps aura fait œuvre de sagesse sur les esprits échauffés et pressés d’en découdre.
Le temps aussi de finir en coulisses le travail entamé en plénière. C’est bien la première fois, depuis bien longtemps, que les ailes antagonistes des archs se rejoignent dans une position commune, car il faut rappeler que la tendance hostile au dialogue, réunie lundi dernier à Chorfa, wilaya de Bouira, a fait quelques heures auparavant, le même appel à la population à une grève générale en exigeant, de surcroît, la libération immédiate et inconditionnelle du journaliste Mohamed Benchicou.
En partant de positions différentes, les acteurs politiques majeurs en Kabylie ont abouti à l’adoption d’une attitude unanime envers le pouvoir en général et le référendum du 29 en particulier. Bouteflika, en déniant à la langue amazigh un statut officiel aux côtés de l’arabe, a réussi la gageure de les réunifier. Même temporairement.