Le butin des révolutions arabes

ILS SE DOTENT DE NOUVELLES CONSTITUTIONS

Le butin des révolutions arabes

L’Expression, 12 Mars 2011

La Tunisie, l’Egypte, le Yémen et le Maroc viennent de s’y mettre pour répondre aux aspirations de leurs peuples.

L’apparente stabilité des régimes arabes s’est fissurée en quelques semaines et la fureur de la rue vient nous rappeler qu’aucun ordre social, absolument aucun, n’est immuable. Les soulèvements ont sonné le glas des Constitutions taillées sur mesure pour les dictateurs arabes. Plus de présidence à vie, plus de mandats illimités, plus de régimes présidentiels et plus de monarchies absolues pour les royaumes. La Tunisie, l’Egypte, le Yémen et le Maroc viennent de s’y mettre pour répondre aux aspirations de leurs peuples. La Tunisie s’est fixé la date du 24 juillet prochain pour la mise en place d’une assemblée constituante qui aura la tâche de préparer une nouvelle Constitution.
Le président par intérim, Foued Mebazaa, a déclaré que la nouvelle Constitution sera «le miroir des aspirations du peuple et des principes de la révolution». Il a souligné que l’actuelle héritée du régime de Ben Ali est «dépassée par les événements».
Les regards seront donc braqués, en juillet, vers ce pays par qui la contestation est arrivée. La Tunisie qui aspire à devenir l’étalon de la démocratie dans le Monde arabe, n’a pas d’autre choix alors que de réussir sa transition. Un rôle que lui dispute évidemment l’Egypte. Trop fière et trop importante, l’Egypte ne peut se permettre une longue instabilité. Après avoir été le porte flambeau du Monde arabe, elle s’apprête, elle aussi, à montrer la voie de la vraie démocratisation avant de se doter d’une nouvelle Constitution. Après 33 ans de règne sans partage, le président yéménite Ali Abdallah Saleh s’est subitement rappelé que son pays entre aujourd’hui dans «une nouvelle étape qui consacre la souveraineté du peuple, qu’il faut rompre avec l’ancien régime, et qu’il convient de mettre en place un système politique nouveau.
Le président yéménite vient de proposer «une nouvelle initiative pour éviter au pays la sédition», annonçant «un référendum avant la fin de l’année sur une nouvelle Constitution stipulant clairement la séparation des pouvoirs». Selon lui, cette Constitution devrait «instaurer un régime parlementaire, donnant tous les pouvoirs exécutifs à un gouvernement élu par le Parlement fin 2011 ou début 2012».
Cette vague qui submerge le Monde arabe emportant sur son passage des décennies de régimes sans partage, ne semble pas s’arrêter aux portes des royaumes. Au Maroc, au lieu de répondre à la contestation sociale par un plan social à coup de dizaines de milliards de dollars comme cela a été le cas en Arabie Saoudite, le roi Mohammed VI prend de court les monarchie arabes et fait bouger les lignes.
Dans un rare discours à ses sujets, le roi a annoncé qu’une nouvelle commission serait créée pour examiner les révisions à apporter à la Constitution. La commission présentera ses recommandations au roi en juin, et celles-ci seront ensuite soumises au vote des citoyens lors d’un référendum.
Ni Juan Carlos d’Espagne ni la reine Elisabeth de Grande-Bretagne, Mohammed VI se crée sa propre niche et secoue les monarchies arabes par une avancées historique. Mais ces Constitutions, et ces constantes vont-elles calmer la rue arabe?

Brahim TAKHEROUBT