Affaire Nacer Eddine Hadjadj : Le RCD dénonce un «acharnement judiciaire»

Affaire Nacer Eddine Hadjadj : Le RCD dénonce un «acharnement judiciaire»

El Watan, 15 août 2015

Cabale judiciaire. Membre de la direction nationale du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Nacer Eddine Hadjadj est en détention provisoire depuis le 26 juillet passé et «subit un véritable acharnement judiciaire en violation des lois et règlements en vigueur», accuse le Mohcine Belabbas, président du parti.

Dans un communiqué parvenu hier à notre rédaction, le chef du RCD s’élève contre une procédure judiciaire qui «prive» son camarade du parti de ses droits à la défense. «Alors que le collectif d’avocats de la défense était dans l’attente de la programmation du dossier devant la chambre d’accusation près la cour de Ghardaïa, cette dernière a examiné et promptement rejeté l’appel en date du 11 août 2015, en catimini et à l’insu de la défense de l’accusé, qui n’a pas été légalement avisée de la date de l’audience», a fait savoir le président du RCD. Ce dernier dénonce une «atteinte flagrante aux droits de la défense et une violation de la Constitution et des lois de la République».

«Nacer Eddine Hadjadj a été privé de sa défense et par la même de ses droits fondamentaux en tant qu’accusé et, de plus, bénéficiant de la présomption d’innocence», dénonce le RCD.

Il s’agit pour ce parti d’un non-respect des conventions internationales dûment ratifiées par l’Etat algérien. Nul besoin de rappeler que «les services du parquet général de la cour de Ghardaïa se devaient d’aviser les avocats de l’accusé de la tenue de l’audience 48 heures au préalable», poursuit encore le communiqué du RCD.

L’arrestation du secrétaire national pour les questions de l’environnement et de l’aménagement du territoire, suite à une mesure ordonnée par la juge d’instruction près du tribunal de Berriane, quelques jours après les tragiques événements de Guerrarra (Ghardaïa), a plus l’air d’une mesure politique que judiciaire. En tout cas, son parti en a l’intime conviction.

«Cette grave entorse aux dispositions du code de procédure pénale procède d’une volonté délibérée d’instrumentaliser, une fois encore, l’appareil de la justice dans le but de faire aboutir une poursuite pénale qui se résume en une simple cabale judiciaire», incrimine le parti de Mohcine Belabbas.

Il faut rappeler que dans la foulée des événements meurtriers qu’a connus la localité de Guerrarra, début juillet, plusieurs militants politiques et autres activistes ont été arrêtés, alors qu’ils étaient loin de là. C’est le cas des 25 personnes arrêtées à Ghardaïa — dont l’activiste Kameleddine Fekhar — sur lesquelles pèsent des chefs d’accusation extrêmement graves. A suivi l’arrestation de Nacer Eddine Hadjadj. Ancien maire de la commune de Berriane, destitué en 2008 pour des raisons pour le moins obscures et surtout dans des conditions contestables, M. Hadjadj fait «l’objet d’un harcèlement continu politico-judiciaire», accuse encore le la direction de son parti, qui rappelle qu’en 2014, le cadre du RCD a été arrêté pour des faits qui se sont avérés «fallacieux et fantaisistes».

Déclenchant l’appareil judiciaire pour «mettre un terme» à la crise multiforme qui secoue la vallée de M’zab depuis des années, le pouvoir s’en est pris essentiellement aux militants politiques.

Pour maître Salah Dabouz, membre du collectif de défense, «les arrestations sont ciblées, on arrête des militants capables de formuler politiquement les multiples problèmes que vit la vallée. L’on s’attaque curieusement aux militants des droits de l’homme et aux démocrates». Pour le RCD, «de tels agissements participent d’une volonté de pourrissement de la situation dans une région où les provocations et les tensions entretenues ont déjà causé nombreux morts et risquent, à terme, de mener à l’irréparable».

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