L’Africom autrement, ou la parade américaine

Les États-Unis veulent aider les pays du Maghreb à combattre Al-Qaïda

L’Africom autrement, ou la parade américaine

Par :Abdelkamel K., Liberté, 28 février 2008

Washington fait le forcing au Maghreb pour assurer ses intérêts, comme l’indique cette déclaration du patron du Commandement régional militaire américain pour l’Afrique, offrant l’aide US pour lutter contre le terrorisme, au moment où le numéro trois du département d’État US, David Welch, séjourne dans la région.

Al-Qaïda au Maghreb demeure le souci majeur des Américains, comme l’indique la déclaration du général William Ward, le commandant en chef de l’Africom, qui a déclaré dans la capitale malienne que les États-Unis aideront les pays concernés à combattre cette branche de la nébuleuse d’Oussama Ben Laden. Cette offre de soutien, qui coïncide avec la visite dans les pays du Maghreb du secrétaire d’État adjoint américain chargé du Proche-Orient et de l’Afrique du Nord, montre on ne peut mieux, la détermination de Washington à ne pas laisser le champ libre à Al-Qaïda dans la région. C’est également dans cette optique qu’en marge de la rencontre sur la sécurité avec des représentants des 15 pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), qui se tient à Bamako jusqu’à demain, que le premier responsable du Commandement régional militaire pour l’Afrique (Africom) américain, le général William Ward, a annoncé la disposition des États-Unis à venir en aide aux pays du Maghreb pour combattre Al-Qaïda. “Certains groupes au Maghreb ont revendiqué leur appartenance à Al-Qaïda et nous les prenons au mot. Les États-Unis et les nations qui ont des territoires dans le Sahel œuvrent pour contrôler le Sahara. Ces efforts vont se poursuivre”, a déclaré le commandant en chef de l’Africom en réponse à une question sur l’engagement des États-Unis dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Ces déclarations ne font que confirmer que le principal souci de Washington à travers la mise en place de l’Africom est de lutter contre la mouvance Al-Qaïda, qui a fini par étendre ses tentacules à la région. Ce qui inquiète le plus les Américains, ce sont les actions terroristes qui deviennent de plus en plus fréquentes au Sahel, notamment en Mauritanie. Il est donc question d’apporter tout le soutien possible aux forces de sécurité africaines pour endiguer ce phénomène. D’ailleurs, le patron du commandement US pour le continent africain a indiqué au cours de sa conférence de presse qu’“à court terme, notre action sera justement de développer nos actions en Afrique, en matière de formation et d’assistance des troupes. Il est important que les troupes africaines qui œuvrent pour la paix, coordonnent leurs actions”. Poursuivant dans le même ordre d’idées, le général Ward a souligné que l’aide américaine sera essentiellement axée sur l’assistance et la formation des troupes africaines afin d’“œuvrer” pour la paix et combattre le terrorisme. Il a révélé à cette occasion que les États-Unis formaient actuellement dans le nord du Mali, des soldats maliens pour la lutte contre l’insécurité et le terrorisme. Ainsi, les États-Unis forment depuis cinq ans dans le nord du Mali, notamment à Tombouctou, à Gao et à Kidal cette année, des troupes maliennes pour la lutte contre le banditisme et le terrorisme dans le cadre de l’initiative Pan-Sahel. Revenant sur cette histoire de bases américaines en Afrique, que la majeure partie des pays du continent ont refusé d’accueillir, à l’exception du Liberia et du Maroc, le général américain a affirmé que son pays n’avait aucune intention d’en installer de nouvelles. “Nous n’avons demandé à aucun pays africain d’abriter une quelconque partie de ce commandement”, a-t-il assuré, car, selon lui, il ne s’agit pas d’une sorte d’invasion américaine. À signaler que cette réunion de Bamako, qui prend fin demain, a pour objectif de réfléchir sur “l’évaluation des menaces et risques émergents et actuels en Afrique de l’Ouest”, le “lien entre le contexte sécuritaire et le commandement stratégique”, ainsi que sur les “difficultés liées à la prévention des conflits”. Il y a lieu de signaler que le général William Ward s’est déjà rendu dans 30 pays du continent afin d’écouter ce que les dirigeants concernés ont à dire sur la façon dont les États-Unis peuvent apporter leur soutien dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Les requêtes des États visités se résument à des aides à déployer des systèmes de surveillance de leurs zones côtières, d’améliorer la sécurité maritime, de promouvoir un meilleur entretien du matériel et d’améliorer la logistique.

K. ABDELKAMEL