Les États du Sahel et le terrorisme: Medelci appelle à une lutte sans concession

Les États du Sahel et le terrorisme

Medelci appelle à une lutte sans concession

El Watan, 17 mars 2010

Les ministres de six pays du Sahel ont pris part à la conférence de coordination sur le terrorisme, tenue hier à Alger, à l’initiative de l’Algérie.

Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, a interpellé ses hôtes sur une lutte antiterroriste sans faille et sans concession, mais aussi sur la nécessité de renforcer une coopération frontalière efficace et multiforme pour répondre aux défis de la sécurité et du développement. Les ministres des Affaires étrangères malien, mauritanien, libyen ainsi que le ministre de la Défense nigérien et le secrétaire général du chef de la diplomatie tchadienne ont pris part, hier à Alger, à la conférence sur la sécurité dans la région sahélo-saharienne. La première depuis celle de Bamako, tenue en novembre 2008.

« Cette conférence témoigne de la prise de conscience individuelle et collective de l’importance des sujets qui interpellent, en l’occurrence la sécurité, la paix et le développement de la région que nous ambitionnons de restaurer dans sa vocation d’espace de prospérité et de stabilité, conformément aux règles de bon voisinage, de solidarité et de coopération », a déclaré Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, à l’ouverture des travaux, précisant qu’il s’agit là de « défis » auxquels cette rencontre va révéler « la volonté commune d’apporter de manière concertée des réponses adéquates et adaptées et à la hauteur des défis et des menaces auxquels la région est confrontée ». Mourad Medelci a déclaré – devant ses hôtes – que tout le monde est « conscient » du fait que « la sécurité et la paix sont un préalable au développement » Et d’ajouter : « Le terrorisme et ses alliances avec le crime organisé constituent des menaces réelles et objectives sur la paix et la stabilité et constituent autant d’entraves et d’obstacles aux efforts de développement, privant ainsi nos populations de leur aspiration légitime à vivre en paix et à jouir de conditions de vie décentes. » Pour faire face à cette situation, la nécessité pour chacun des pays partageant l’espace sahélo-saharien, de veiller au respect de ses engagements vis-à-vis de l’autre, devient primordial. Ce que le ministre n’a pas omis de dire à ses hôtes. « Les vertus de loyauté et de coopération franche et sincère, l’engagement franc sans faille et sans concession dans la lutte contre le terrorisme, ainsi que le devoir de solidarité envers les populations les plus démunies, resteront les règles que les pays de la région partagent et qu’il incombe de respecter », a-t-il déclaré. Il a mis l’accent sur les mesures qui vont couronner cette conférence en disant qu’elles « seront à la hauteur des défis et des menaces auxquels la région est confrontée ». La conférence, a-t-il relevé, « n’est pas au début de l’exercice. Elle entre dans la logique d’une coopération dont les bases ont été jetées lors de la réunion de Bamako, au Mali, en préparation de la conférence des chefs d’Etat de la région sahélo-saharienne ».

Zones enclavées et isolées

Elle a permis « de confirmer une approche commune, aussi bien sur le format des travaux, les principes directeurs de notre action, les moyens à mettre en œuvre, que sur la place et le rôle du partenariat dans cette œuvre de restauration de la sécurité et de la promotion économique et sociale de la région ». Selon lui, la responsabilité impose à tous d’évaluer continuellement et d’agir, expliquant : « Evaluer la menace terroriste, qui connaît des développements dangereux en prenant une nouvelle dimension avec ses connexions multiples et de plus en plus fortes avec le crime organisé, les trafics de drogue et d’armes », puis d’agir « en mettant en œuvre de manière résolue et grâce à des actions concrètes les mécanismes de coopération bilatérale, régionale et internationale en les améliorant et en les adaptant en cas de besoin ».

Le ministre a abordé, en outre, la question du développement, en insistant sur l’examen de l’état socioéconomique des zones enclavées et isolées de la région pour pouvoir agir « en dégageant des formules efficaces et innovantes à même de juguler la pauvreté et de répondre aux besoins les plus urgents des populations démunies ». Selon lui, la région a non seulement été confrontée à une situation chronique de dénuement économique, mais également fragilisée par l’aggravation de la pauvreté et la dégradation de l’environnement et des défis de la mondialisation, mettant ainsi de larges couches de la population dans un climat d’insécurité de plus en plus pesant. « Il est donc primordial d’accorder une plus grande attention aux actions concrètes visant l’amélioration des conditions de vie et le renforcement du tissu social dans les zones démunies. L’instauration d’une coopération frontalière, efficace, multiforme entre nos pays est cruciale pour répondre aux défis de la sécurité et du développement », a affirmé M. Medelci.

Par Salima Tlemçani