Aqmi dit avoir exécuté un otage français au Mali: La doctrine de non-paiement des rançons de Hollande mise à l’épreuve

Aqmi dit avoir exécuté un otage français au Mali: La doctrine de non-paiement des rançons de Hollande mise à l’épreuve

par Salem Ferdi, Le Quotidien d’Oran, 21 mars 2013

L’otage français Philippe Verdon a été tué le 10 mars dernier «en représailles à l’intervention française dans le nord du Mali». C’est par le biais de l’Agence Nouakchott d’information (ANI), un des canaux les plus prisés par Aqmi, que la nouvelle est tombée, hier. Selon un porte-parole de l’organisation terroriste répondant au nom de «Al-Qairawani», Philippe Verdon, enlevé en novembre 2011 à Hombori, dans le nord du Mali, et qualifié d’«espion», a été exécuté «le 10 mars dernier». Al-Qairawani qui a refusé de se prononcer sur la mort d’Abou Zeid ou de Mokhtar Belmokhtar, a indiqué que «le président français demeure le seul responsable de la vie des autres otages ». Il faut noter que le site Sahara Média, lui également bien informé auprès des djihadistes, donne une version un peu différente de la mort présumée de Philippe Verdon. Citant des gens proches d’Aqmi, il indique que l’otage français a été tué alors qu’il tentait de s’enfuir de son lieu de détention dans les montagnes de Targharghin. Si les circonstances de la mort de Verdon paraissent non établies, il est clair que l’annonce faite par Aqmi intervient au lendemain d’un «changement de doctrine» très médiatisé par la France qui s’est engagée à ne plus payer des rançons contre la libération des otages. L’annonce de la mise à mort de l’otage français est intervenue après l’annonce publique de ce «changement de doctrine» qui est, en réalité, un corollaire logique mais pas forcément tenable sur le moyen terme de l’entrée en guerre de la France au Mali.

ON NE DONNE PAS DE L’ARGENT A CEUX A QUI L’ON FAIT LA GUERRE

La presse française a indiqué il y a deux jours en citant des sources ministérielles que l’Etat français refusera non seulement toute transaction financière pour obtenir la libération des otages mais qu’il s’opposera aussi à des versements qui seraient le fait des familles, des entreprises ou des compagnies d’assurance. Une ligne «dure» dictée par le besoin de paraître cohérent. Françoise Larribe dont l’époux a été enlevé avec trois autres Français du Niger en septembre 2010 a raconté comment, le 13 janvier dernier, François Hollande a pratiquement annoncé que les otages passaient par pertes et profits. «Il nous a dit qu’il était impensable que l’on donne de l’argent à des organisations contre lesquelles nous sommes en guerre. Le changement de ton a été radical entre la précédente rencontre, en septembre, et celle-ci. La discussion a été tendue. Les rançons sont une goutte d’eau dans le financement du terrorisme par rapport à la drogue dans cette région. Ma famille et moi considérons qu’il se fourvoie dans sa gestion des otages, je suis dégoûtée».

La publicité donnée ces dernières 48 heures à ce «changement de doctrine» a considérablement accru la tension sur les otages français dont les vies sont devenues subitement sans «valeur marchande»… L’annonce de l’exécution de Philippe Verdon fait désormais peser une forte menace sur les autres otages, Aqmi n’ayant plus de raisons financières de les garder… C’est très clairement une pression sur le président François Hollande… Si la mort de Philippe Verdon est avérée – les autorités françaises refusaient de confirmer mais une source au Quai d’Orsay a indiqué au Monde qu’il y avait une «forte probabilité» pour que cette information soit exacte -, il reste quatorze otages détenus en Afrique de l’Ouest. Sept sont détenus par Aqmi. La «nouvelle doctrine» de non-paiement des rançons de François Hollande est déjà mise à l’épreuve.