G5 Sahel: Des ambitions revues à la baisse ?

G5 SAHEL

Des ambitions revues à la baisse ?

Le Soir d’Algérie, 4 février 2018

Dans le grand désert du Sahel, une rude guerre s’est enclenchée. D’un côté, les forces militaires du G5 qui peinent à démarrer efficacement et, de l’autre, des groupes terroristes rêvant de pouvoir un jour faire renaître l’organisation mise en déroute à Damas et à Baghdad.
Novembre 2017. La presse internationale annonce à coups de gros titres le déploiement des premiers contingents de la force militaire du G5. Les médias français, particulièrement concernés par l’événement, ont dépêché des envoyés spéciaux chargés de suivre les premiers pas des soldats africains.
Cinq pays sont impliqués dans l’initiative: le Mali, le Niger, le Tchad, la Mauritanie et le Burkina Faso. Aux commandes, la France qui tire les ficelles, conseille, organise des rencontres et, surtout, se démène pour tenter d’obtenir un financement international à la hauteur de la stratégie mise en place.
Celle de parvenir à retirer doucement ses soldats enlisés dans l’opération Barkhane tout un gardant toute son influence sur la zone.
Mais les pays impliqués ont tout autant intérêt à s’appliquer pour la réussite de la contre-offensive contre ces groupes terroristes qui activent pour le contrôle du territoire. Seulement voilà, les ambitions semblent déjà revues à la baisse.
Les soldats africains déployés dans un premier temps dans les zones centrales du Mali peinent à faire jonction avec les Burkinabés et les Nigériens. La situation a enclenché un débat de fond chez l’élite malienne qui voit en ce G5 une «force mort-née».
La presse publie ainsi fréquemment des articles évoquant «l’aspect technique de la collaboration entre des soldats venus de différents pays (…) et ayant chacun une interprétation et une approche différentes. Comment faire pour rassembler toutes ces divergences et en faire une force?» s’interrogent les concernés. Des voix se sont également élevées pour condamner une opération mise en place par la France au moment où l’organisation africaine, l’UA, tente d’arracher son indépendance et celle du continent.
Les interrogations et les appréhensions se sont accentuées avec les derniers attentats ayant ciblé le centre du Mali, celles justement d’où sont parties les premières actions du G5. 24 civils circulant à bord d’un véhicule se rendant à une foire populaire ont trouvé la mort lors de l’explosion d’une mine.
L’attentat est revendiqué par un groupe qui se réclame d’Al-Qaïda. Des informations ont révélé récemment que ce dernier avait fait alliance avec les autres groupes de la région pour former un mouvement dont l’appellation rappelle étrangement celle de l’organisation terroriste internationale: Etat islamique dans le Grand Sahara (EIGS).
Bizarrement, la naissance de ce mouvement intervient au moment où le très sérieux journal britannique The Sun annonce que le chef de Daesh, El-Baghdadi, aurait réussi à trouver refuge au Sahel. Son rêve, redonner vie à l’organisation phagocytée au Moyen-Orient.
Informées des dangers en cours, les autorités algériennes ont décidé de communiquer ouvertement sur le sujet. D’Addis-Abeba où il prenait part à la 28e Conférence de l’Union africaine, le Premier ministre annonçait que des tentatives de réactiver les groupes terroristes grâce à d’anciens éléments de Daesh étaient en cours au Sahel.
Abla Cherif