Regroupement familial : Pas de visa français sans test de connaissances

Regroupement familial : Pas de visa français sans test de connaissances

par Djamel B., Le Quotidien d’Oran, 1 novembre 2008

Les candidats au regroupement familial en France devront, désormais, passer un examen culturel dans leur pays d’origine et avoir des bases solides en français pour obtenir un visa, selon un décret qui doit paraître sur le journal officiel de la République française. Selon le journal Le Figaro, les candidats au regroupement familial devront apprendre le français dans leur pays d’origine pour l’obtention d’un visa. «Parce que la langue est le meilleur vecteur d’intégration», le ministre de l’Immigration, Brice Hortefeux, souhaite désormais que les migrants, avant d’arriver sur le sol français, puissent s’exprimer en français, même rudimentaire, rapporte jeudi le Figaro sur son site internet. «Toute demande de visa d’immigration familiale donnera lieu à un examen culturel et linguistique, sur place, en répondant à des questions simples, précise le quotidien français qui a pu se procurer le décret.

Ils devront répondre à des questions, tel que : «En France, une jeune femme peut-elle travailler sans l’autorisation de son mari ?». Les migrants disposant des bases de français seront donc dispensés de cours, ainsi que les jeunes de moins de 16 ans et les plus de 65 ans, ajoute le journal. Ce dispositif d’apprentissage précoce du français, dès la terre d’origine, entrera en vigueur à partir du 1er décembre prochain, précise Le Figaro.

D’autre part, et selon le ministre de l’Immigration, le nombre d’expulsions d’étrangers en situation irrégulière en France, pour les neuf premiers mois de 2008, a dépassé celui de l’ensemble de l’année 2007, qui était de plus de 23.000. A la fin septembre, souligne le ministre, le nombre d’éloignements des étrangers en situation illégale était supérieur au total des éloignements de toute l’année 2007. L’an dernier, ce chiffre avait atteint environ 23.200, au-dessous de l’objectif de 25.000 pour 2007, porté à 26.000 pour 2008, dans le cadre d’une politique visant à encourager l’immigration professionnelle et à limiter le regroupement familial. La politique mise en oeuvre par Brice Hortefeux, un proche de Sarkozy, se caractérise aussi par une volonté affichée de lutter contre l’immigration clandestine, notamment par l’expulsion des sans-papiers.

Cette politique a été décriée par plusieurs ONG, qui avaient dernièrement indiqué que le bilan de la droite en matière d’immigration est «désastreux et que les différentes lois Sarkozy et Hortefeux sur le sujet sont facteur d’injustice et de désordre… ». Le parti socialiste (P.S) aussi n’a pas été tendre en critique envers la politique de la droite en matière d’immigration. L’un des responsables du P.S., Faouzi Lamdaoui, a récemment souligné que «l’hyperactivité législative de Sarkozy ne sert qu’à dissimuler son mauvais bilan en matière d’immigration : quatre lois sur l’immigration en quatre ans, fait inédit sous la Vème République. La multiplication de textes inutiles et d’effets d’annonce populistes contribue à une stigmatisation intolérable des immigrés dans notre pays», écrit Lamdaoui, dans une tribune intitulée «Non à la France grimaçante d’Hortefeux», publiée par «Libération». Pour l’auteur de la tribune, «la pression exercée sur l’administration pour atteindre des objectifs démagogiques de 25 000 reconduites par an est dangereuse, et conduit à des drames humains semblables à celui des immigrés défenestrés ou noyés ces derniers mois». Le responsable du PS a préconisé «une nouvelle politique d’accueil et d’intégration plus efficace, reposant sur le contrat d’accueil et d’intégration, l’octroi du droit de vote aux étrangers non-communautaires après cinq ans de résidence légale aux élections locales par voie parlementaire et la réintroduction du droit au regroupement familial dans l’intérêt des familles, conformément à la convention européenne des droits de l’Homme».

En visite au Gabon, en septembre dernier, le ministre français de l’Immigration avait affirmé que l’Europe ne devait devenir «ni une forteresse, ni une passoire», soulignant qu’il fallait organiser l’immigration en tenant compte des particularités de chaque Etat. «C’est exactement l’inverse d’une barricade. L’Europe ne doit ni devenir une forteresse, ni une passoire», a estimé le ministre en répondant à un journaliste parlant d’une Europe qui se barricade. «On tient compte des particularités de chaque Etat. L’objectif, c’est d’organiser. Il faut mettre fin à une période où chacun s’ignorait l’un l’autre. Au contraire, il faut que l’on bâtisse des accords de gestion concertée des flux, et c’est ce que nous sommes en train de faire», a-t-il ajouté.