Partenariat de défense Europe–Maghreb

Partenariat de défense Europe–Maghreb :

Première réunion d’experts à Paris le 30 septembre

par Youcef Brahimi , Le Jeune Indépendant, 25 septembre 2004

Des experts du Maghreb et d’Europe se réuniront jeudi prochain à Paris pour consolider un partenariat de défense qui devrait se traduire par des exercices communs et une formation d’officiers. Après avoir obtenu l’accord de principe du président Bouteflika en mai dernier, lors de sa visite à Alger, la première d’un ministre français de la Défense depuis l’indépendance, Michèle Alliot-Marie réunira des directeurs des affaires stratégiques des pays concernés, Espagne, France, Italie et Portugal pour l’Europe, et Algérie, Maroc, Tunisie pour le Maghreb.

La ministre de la Défense française propose l’établissement d’un partenariat de Défense entre le sud de l’Europe et le Maghreb, a appris hier l’AFP auprès de son cabinet. Cette réunion «4+3» qui se tiendra à Paris «devrait permettre de définir le contenu et les modalités d’une éventuelle réunion au niveau ministériel dans les semaines à venir», selon le cabinet du ministère de la Défense français, cité toujours par l’AFP.

L’initiative française coïncide avec la tournée que doit effectuer dès demain un haut responsable de l’OTAN dans plusieurs pays du Golfe, dans le cadre d’une mission «exploratoire» de dialogue sur les questions de sécurité, a appris jeudi l’AFP auprès de l’Alliance atlantique.

Le secrétaire général délégué de l’OTAN, l’Italien Alessandro Minuto Rizzo, le numéro deux de l’organisation, devrait se rendre notamment au Koweït et à Bahreïn, selon un responsable de l’Alliance, qui s’exprimait sous couvert de l’anonymat.

Il devrait aussi se rendre dans un troisième pays du Golfe, qui n’a pas été identifié, mais cette étape reste à confirmer, selon la même source. Les chefs d’Etat et de gouvernement de l’OTAN avaient lancé à la fin de juin, sous le nom d’»Initiative de coopération d’Istanbul», une offre de coopération dans les domaines de la défense et de la sécurité aux pays du «Moyen-Orient élargi», notamment les Etats arabes du Golfe.

Parallèlement, les alliés s’étaient engagés à approfondir leur «dialogue méditerranéen» avec sept pays du pourtour méditerranéen (Jordanie, Mauritanie, Algérie, Maroc, Tunisie, Egypte et Israël). M. Minuto Rizzo avait déjà effectué une première tournée dans la région en mai dernier, avant le sommet de l’OTAN à la fin de juin, et visité la plupart des capitales, à l’exception du Caire qui avait à l’époque boudé sa venue.

Cette amorce de dialogue entre l’OTAN et les pays arabes se veut volontairement discrète. Elle a pour «but de solliciter auprès des pays qui sont intéressés ce qu’ils entrevoient comme pouvant être une coopération utile», avait souligné cette semaine un autre responsable de l’OTAN.

L’Algérie, qui ne manifeste pas d’hostilité de fond au projet américain de Grand Moyen-Orient (GMO), se retrouve à la croisée des visions de deux blocs, l’un mené par les Etats-Unis et l’autre par la France. Sa position géostratégique devrait permettre à notre pays de tirer profit des offres, encore superficielles, des deux blocs pour consolider sa position dans le continent noir et particulièrement face au voisin marocain.

Effacée des conflits au Proche et au Moyen-Orient, la diplomatie algérienne s’est recentrée sur l’Afrique confrontée à de multiples fléaux ; c’est le cas par exemple du sida, de l’immigration clandestine, du terrorisme et du criquet pèlerin, qui menacent directement sa sécurité.

La manne pétrolière aidant, l’Algérie de 2005 qui accueillera le sommet arabe devra tirer avantage des changements attendus de la vision américaine vis-à-vis de ses «alliés» arabes harassés par les nombreuses pressions internationales pour mener de gré ou de force des réformes internes.

Des réformes que l’Algérie achèvera dans quelques mois… Y. B.