Paris et Alger mettent le paquet sur la défense

Les ministres de la Défense et des Affaires étrangères français en visite en Algérie

Paris et Alger mettent le paquet sur la défense

Le Quotidien d’Oran 10 juillet 2004

Ce n’est pas le 14 juillet au soir, comme l’a récemment indiqué au Quotidien d’Oran une source à l’ambassade de France à Alger, mais le 17 juillet que la ministre française de la Défense sera à Alger.

Madame Alliot-Marie, a précisé le porte-parole de son ministère, Jean-François Bureau, aura, lors de sa visite, un entretien avec le président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Cet entretien, selon la même source, sera suivi

d’« un déjeuner ou un dîner de travail ». Par ailleurs, d’autres rencontres sont également prévues lors de cette visite qui prendra fin le 17 juillet. Et s’il n’y a, pour l’instant, pas de précisions à leur sujet, c’est parce que, comme l’a indiqué M. Bureau, « le programme est en cours de finalisation. »

Cette imperfection dans l’information n’empêche pas, toutefois, le caractère très particulier que revêt la visite de Madame Alliot-Marie. « C’est la première fois qu’un ministre français de la Défense sera en déplacement en Algérie pour une visite à caractère politique », a déclaré le porte-parole de la Défense française, M. Bureau. Les relations de défense entre l’Algérie et la France, a-t-il poursuivi, « font partie du développement des relations bilatérales » qui, elles-mêmes, peut-on ajouter, sont désormais inscrites sous le signe prestigieux de la refondation.

Paris et Alger, cela est encore plus vrai depuis la visite éclair de Jacques Chirac en avril dernier, travaillent à ce que leurs relations soient revêtues du cachet de la stratégie. Une coopération militaire plus importante, et touchant aux aspects industriels, pourrait donc voir le jour.

Selon les observateurs algériens et français, le contexte est plus que favorable à ce type de rapprochement. Abdelaziz Bouteflika et Jacques Chirac entretiennent des relations amicales fortes.

L’Algérie retrouve progressivement son rôle moteur au Maghreb et en Afrique tandis que les perspectives, aux plans politique et économique, s’annoncent plutôt bonnes. A ces aspects, ces mêmes observateurs estiment qu’il faut ajouter comme motivation personnelle de la France à s’intéresser davantage à l’Algérie, la guerre d’influence qu’elle livre aux Etats-Unis en Afrique et dans la sous-région maghrébine. Paris, assure-t-on, suit de très près la coopération militaire entre Alger et Washington et souhaite faire plus dans ce domaine.

Dans le Canard enchaîné du 8 juillet dernier, Claude Angeli écrit que le 15 avril dernier, alors qu’il était en visite à Alger, Jacques Chirac aurait déclaré à son homologue algérien son intention de « mettre en chantier un accord en matière de défense ».

« L’ambition de l’Élysée, ajoute le même journal, est (…) d’aller plus vite que les Américains » dans ce domaine. Michèle Alliot-Marie, ministre de la Défense, sera à Alger, trois jours après la visite du ministre des Affaires étrangères, Michel Barnier, « après avoir pris ses consignes à l’Élysée, lors d’un Conseil restreint consacré à ce projet d’accord ».

Plus globalement, la visite de Madame Alliot-Marie intervient dans un contexte qui est marqué par une course aux positions stratégiques entre les Etats-Unis et la France. Cette course est relancée, dit-on, depuis que l’horizon politique, à Alger, s’est dégagé.

Kader Hannachi