Visite hier de François Hollande à Alger
Visite hier de François Hollande à Alger
«Pour une construction originale des relations»
El Watan, 16 juin 2015
C’est un déplacement bref mais visiblement efficace qu’a effectué le président français, François Hollande, hier à Alger. Il est reparti avec le sentiment d’une relation «confiante, fructueuse au plan économique et chaleureuse» entre Alger et Paris.
C’est ce qu’il a assuré au cours de la conférence de presse qu’il a donnée en début de soirée, après une audience de «près de deux heures avec Abdelaziz Bouteflika». «C’est un déplacement que j’ai voulu bref, où nous avons pu faire une évaluation de ce qui a été engagé depuis la visite d’Etat de décembre 2012. Sur le plan politique, il existe une grande confiance. Au plan économique, des progrès significatifs ont été enregistrés avec les usines Renault, Alstom, Sanofi…
C’est un partenariat qui ne cesse de se développer», a confié le chef de l’Etat français. Toujours au chapitre économie, M. Hollande a ajouté que «Peugeot est effectivement en discussions avancées pour installer une usine. Nous essayons des deux côtés de faciliter cette construction car elle aura des conséquences pour les économies algérienne et française».
La compagnie pétrolière Total est également de retour et sera «associée dans le gaz de schiste et d’autres projets», a encore précisé le président français. Il a exprimé le souhait de créer les conditions nécessaires pour «attirer des investisseurs, notamment les petites et moyennes entreprises ; pas seulement des entreprises françaises, mais aussi des entreprises algériennes qui souhaitent investir en France». Il a évoqué à ce titre un groupe algérien (Cevital) qui a «racheté deux ou trois entreprises françaises particulièrement utiles». Le président français n’a pas manqué de souligner «la coopération éducative, universitaire et culturelle».
Jugeant que les relations franco-algériennes sont particulièrement exceptionnelles, François Hollande évoque «une responsabilité commune d’une construction originale. C’est le sens même de cette visite importante». Autre volet et pas des moindres au centre des discussions entre Hollande et Bouteflika : la «lutte commune contre le terrorisme». Le Mali d’abord. «J’exprime ma gratitude pour les négociations de paix et l’aboutissement à un accord ici à Alger. Bouteflika a salué l’intervention de la France au Mali qui a pu aboutir à un accord de paix», a rappelé François Hollande. Il a même souligné «la fluidité» qui caractérise les relations entre les deux ministres des Affaires étrangères, MM. Lamamra et Fabius.
Sur la crise libyenne, il a exprimé sa position en faveur d’«une solution, un gouvernement, un seul, pour toute la Libye et surtout un appui aux efforts de la communauté internationale». Pour François Hollande, la lutte contre le terrorisme est un des «combats communs» d’Alger et de Paris. Il a exprimé sa «gratitude aux autorités algériennes pour avoir trouvé et neutralisé les assassins du ressortissant français Hervé Gourdel et d’avoir retrouver ses restes. Elles ont été efficaces», a-t-il témoigné.
S’agissant de l’opération ciblant le chef terroriste Belmokhtar en territoire libyen, le président Hollande n’a pas confirmé son élimination : «Je ne peux pas confirmer sa liquidation, mais il y a une très forte probabilité. Nous savions que Belmokhtar était en Libye, la frappe a eu lieu à l’endroit où il se trouvait.» Dans le même sens, M. Hollande a condamné le double attentat «barbare» perpétré au Tchad, hier. Pour lui, «il n’y a pas de doute que Boko Haram est responsable et devra rendre compte de cette nouvelle horreur humaine». Avec Bouteflika, «nous avons souligné notre préoccupation et notre solidarité après cet attentat barbare», a-t-il encore assuré.
François Hollande était accompagné lors de cette visite-éclair de son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, de l’historien d’origine algérienne Benjamin Stora, du président de l’IMA Jack Lang, et surtout du Monsieur Algérie pour les affaires économiques, Jean-Louis Bianco, et de la présidente de la commission des affaires étrangères à l’Assemblée nationale, Elisabeth Guigou.
«Bouteflika m’a donné l’impression d’une maîtrise intellectuelle»
Attendu sur la question de la santé de Bouteflika, François Hollande a précisé d’emblée qu’il avait passé «près de deux heures» avec le chef d’Etat algérien.
Mais cela n’a pas empêché l’envoyé spécial du Petit journal de Canal+ de l’interroger. «Il m’a donné l’impression d’une maîtrise intellectuelle, d’une capacité de jugement et même c’est rare de rencontrer un chef d’Etat qui a cette alacrité, cette capacité de jugement», a affirmé M. Hollande.
Et pour convaincre, il a précisé : «Je peux vous dire que la qualité de la discussion que nous avons eue pendant près de deux heures était particulièrement intense et élevée.» Toutefois, il a ajouté qu’il n’est «pas médecin.
Il est vrai que sur le plan physique, je confirme qu’il ne peut pas se déplacer facilement, mais il a toutes ses capacités pour apporter sa sagesse et son jugement pour régler les crises». H. O.
Hacen Ouali
Premier partenaire économique de l’Algérie
Le président français, François Hollande, a affirmé, hier à Alger, avoir «beaucoup œuvré ces derniers mois» avec le président Abdelaziz Bouteflika pour «rapprocher encore les deux pays» dans les différents domaines.
«Nous avons beaucoup œuvré, Bouteflika et moi, ces derniers mois, pour rapprocher encore les deux pays et être fidèles aux engagements que nous avions pris», a déclaré le président français à la presse lors de son arrivée à l’aéroport international Houari Boumediène.
Cette visite, la deuxième du genre que M. Hollande effectue en Algérie, est l’occasion d’approfondir les relations bilatérales dans différents domaines. «D’abord, il ne faut rien oublier de l’histoire, de faire ce travail de mémoire et en même temps se tourner vers l’avenir», a ajouté le président français dans sa déclaration. «Cet avenir tourne autour du développement économique et du rapprochement universitaire et culturel», a-t-il dit, insistant sur l’importance de «travailler ensemble pour la Méditerranée».
C’est dans ce sens que le président français a indiqué que l’Algérie et la France entretiennent une relation «exceptionnelle» basée sur une amitié «réelle et fraternelle». «Nous avons (l’Algérie et la France) une relation exceptionnelle, qui est celle d’une amitié exigeante, mais une amitié réelle et fraternelle», a-t-il souligné.
Le président Hollande a fait remarquer à propos de la question de la mémoire, que les deux peuples (algérien et français) «sont liés par l’histoire», estimant que cette histoire a été «douloureuse», mais «aujourd’hui, nous pouvons aller beaucoup plus loin dans nos relations bilatérales», a-t-il déclaré en se recueillant à la mémoire des martyrs de la Révolution au sanctuaire du Martyr. «Nous avons apaisé beaucoup de choses lors de ma visite d’Etat (en décembre 2012) et maintenant, nous avons vraiment un véritable partenariat grâce auquel de nombreux projets ont été déjà réalisés, ainsi que des partenariats pour aller ensemble vers l’Afrique», a expliqué M. Hollande.
Abordant en outre le volet économique, le président français qui a rappelé que son pays est le premier partenaire économique de l’Algérie, entend développer sa présence. Il a précisé que les entreprises françaises installées en Algérie dont Renault, Sanofi visent à «développer l’emploi en Algérie et en France notamment en faveur de la jeunesse algérienne». Souhaitant également rencontrer, lors de sa visite de travail, des partenaires économiques qui «veulent travailler avec la France», M. Hollande a indiqué avoir la volonté de «faciliter la mobilité» des citoyens et des opérateurs économiques entre les deux pays.
Evoquant, par ailleurs, le volet sécuritaire, M. Hollande n’a pas manqué de saluer le travail accompli par l’Algérie, notamment dans le rétablissement de la paix au Mali. «Je salue le travail qu’ont pu faire les autorités algériennes, notamment concernant la paix au Mali», a-t-il déclaré, soulignant le «combat commun» contre le terrorisme. Il a également exprimé sa «gratitude» au gouvernement algérien qui «a tout fait pour permettre de retrouver les auteurs de l’assassinat d’Hervé Gourdel», ressortissant français tué par un groupe de terroristes l’année passée dans une zone montagnarde située entre Bouira et Tizi Ouzou. Le président français est arrivé pour une visite d’amitié et de travail en Algérie à l’invitation du président de la République, Abdelaziz Bouteflika.
R. P.