Le conseil d’affaires algéro-français voit le jour

La plus importante délégation du Medef séjourne à Alger

Le conseil d’affaires algéro-français voit le jour

Le Soir d’Algérie, 8 février 2018

Hommes d’affaires algériens et français signent la charte d’Alger. Une charte qui porte essentiellement sur «un échange mutuel et un partenariat gagnant-gagnant entre les créateurs de richesses des deux pays». L’annonce a eu lieu hier, en marge du Forum d’affaires qui a regroupé les chefs d’entreprises des deux pays et qui s’est tenu à l’hôtel El-aurassi à Alger.

Abder Bettache – Alger (Le Soir) – La délégation française est composée de plus de 60 chefs d’entreprises, représentant une cinquantaine d’entreprises françaises toutes tailles et de tous secteurs d’activité, en l’occurrence les infrastructures et construction, le transport et la logistique, l’énergie et l’environnement, l’éducation, l’agrobusiness, l’aéronautique, le numérique, la finance, l’assurance et le juridique. Selon un communiqué du Medef rendu public la veille de la recontre, «il s’agit de la délégation la plus importante organisée en Algérie depuis 2011. Tous les secteurs de l’excellence française à l’international seront représentés».
Présidée par Ali Haddad, président du FCE, et Pierre Gattaz, président du Medef, cette rencontre s’est tenue autour de quatre thématiques: le numérique, les énergies renouvelables, le partenariat public-privé et la sous-traitance. Selon M. Gattaz, «c’est la plus importante délégation du Medef en Algérie. Cela témoigne de l’importance accordée par notre secteur privé à la coopération économique avec l’Algérie». Et d’ajouter : «Nous sommes venus pour essayer de concrétiser trois actions importantes: valoriser les talents que nous partageons, renforcer le partenariat entre nos communautés d’affaires et donner la priorité à la jeunesse et à l’entreprenariat.»
Il a qualifié la diaspora algérienne en France de «force, richesse et support» pour coconstruire l’avenir des deux pays, et a appelé à exploiter les grandes mutations que connaît le monde comme la transformation énergétique, la révolution numérique et les évolutions migratoires pour relever en commun les défis en matière de croissance et d’emploi.
M. Gattaz a souhaité voir un partenariat gagnant-gagnant et durable au cœur des relations bilatérales entre l’Algérie et la France car c’est l’entreprise, selon lui, qui détient plus de 90% des solutions pour ces défis. «L’heure est à la réalisation. Ce forum est l’occasion de renouveler formellement notre partenariat», a-t-il relevé. Pour sa part, M. Haddad a plaidé pour une «alliance stratégique» avec la France notamment dans les domaines de l’énergie dont les énergies renouvelables, la pétrochimie, la métallurgie, l’agriculture, l’agro-industrie, la santé, l’industrie pharmaceutique et le numérique.
Selon lui, une telle alliance pourrait constituer le socle d’une coopération Nord-Sud.
Pour sa part, le président du FCE a entamé son intervention en rendant hommage au président de la république «qui a mis fin à la discrimination entre le secteur public et le secteur privé, permettant l’émergence d’un secteur privé algérien compétitif».
Selon lui, «grâce à cette réforme, les exportations hors hydrocarbures de l’Algérie, issues du secteur privé, devraient s’établir à plusieurs milliards de dollars dans quelques années», a-t-il avancé.
M. Ali Haddad a plaidé pour «l’intensification de la coopération et les échanges interafricains», tout en invitant les entreprises françaises «à se joindre à nos efforts à travers une stratégie commune pour que l’Algérie soit une base industrielle pour les entreprises algériennes et françaises, tournées vers le marché africain et le marché européen».
Il est à noter que cette rencontre sera couronnée par la signature d’un accord portant sur la création d’un Conseil d’affaires algéro-français ainsi que par un mémorandum d’entente sur la coopération dans les domaines de la jeunesse et de l’entreprenariat, de la formation et du numérique.
A. B.


hésitation des patrons français à investir davantage en algérie
Medef : “Il nous faut des signaux…”

Liberté, 8 février 2018

Le patronat français a, entre autres, remis sur la table des discussions la règle 51/49.

Les entreprises françaises attendent “des signaux” pour investir davantage en Algérie. C’est ce qu’a affirmé, hier, le président du Mouvement des entreprises de France (Medef), Pierre Gattaz, à l’ouverture du Forum d’affaires algéro-français organisé à l’hôtel El-Aurassi à Alger. “Pour agir davantage, il nous faut des signaux”, a souligné le président du Medef, tout en ajoutant : “Nous souhaitons tous renforcer notre collaboration. Pour cela, l’économie algérienne doit s’ouvrir davantage. C’est notre rôle en tant que représentants du secteur privé de pousser ce genre de thématiques auprès de nos pouvoirs publics respectifs.” Le patron des patrons français a insisté sur “les signaux” qui facilitent “la vie des entreprises”. M. Gattaz a, dans ce cadre, évoqué “les modalités de paiement qui se sont dégradées depuis quelques années”. Selon le président du Medef, “des entreprises attendent d’être payées et surtout d’avoir une visibilité sur les paiements”. Pour attirer les petites et moyennes entreprises en Algérie, soutient-il, “il faut les payer correctement”. Le président du patronat français a, également, relevé “le durcissement sur les licences d’importation de certains produits, équipements et composants qui peuvent pénaliser localement les investisseurs”. M. Gattaz a indiqué que cette question a été évoquée avec le ministre de l’Industrie, suggérant “de procéder au cas par cas, entreprise par entreprise ou filière par filière”. Le président du Medef a soulevé, par ailleurs, le problème de transfert des dividendes. Le patronat français a remis sur la table des discussions, la règle 51/49. “On peut s’améliorer sur ce sujet en Algérie. C’est un sujet politique”, a affirmé M. Gattaz, évoquant les explications de ses interlocuteurs sur le fait que cette règle ne remet pas en cause la détention de la majorité par le partenaire étranger. “L’idée pour nous, c’est que nous puissions entrer en France et dire aux PME françaises : ‘Venez plus nombreuses, les problèmes sont en train de se régler’”, a-t-il indiqué. Dans son allocution, M. Gattaz a insisté sur l’importance de la délégation de chefs d’entreprise qu’il conduit, “la plus importante jamais réunie en Algérie, gage de l’importance que le secteur privé français porte à la relation économique entre les deux pays”. La délégation du Medef est composée de plus de 60 chefs d’entreprise représentant une cinquantaine d’entreprises françaises de toutes tailles et de tous secteurs d’activité (infrastructures et construction, transport et logistique, énergie et environnement, éducation, agrobusiness, aéronautique, numérique, finances et assurances, juridique). Intervenant, lors du forum, le ministre de l’Industrie et des Mines a fait remarquer qu’au moment où les entreprises françaises attendent “des signaux, d’autres investisseurs s’installent en Algérie”. Le ministre est longuement revenu sur certains projets réalisés avec des partenaires étrangers. “Je suis extrêmement optimiste sur le devenir de l’industrie algérienne. Je dois relever l’agressivité des groupes industriels qui viennent en dehors de l’Europe, pour ne pas dire de la France. Ils sont patients. Ils savent attendre. Ils prennent des risques et ne reculent pas devant les difficultés.” Concernant la règle 49/51, M. Yousfi a affirmé qu’elle n’a pas beaucoup découragé les investisseurs. Ces derniers trouvent des accommodements. Le ministre de l’Industrie a souligné que toutes les branches sont ouvertes au partenariat, ajoutant que “les entreprises françaises sont les bienvenues”. Pour sa part, le président du FCE, Ali Haddad, a précisé que son organisation défend la règle 51/49. Il a indiqué que depuis le mois de novembre 2017, l’État algérien paie les créances des entreprises. En marge de la rencontre le FCE et le Medef ont signé un mémorandum d’entente portant création d’un Conseil d’affaires algéro-français.

Meziane Rabhi