Abdelaziz Bouteflika lors du sommet France-Afrique

Abdelaziz Bouteflika lors du sommet France-Afrique

«Pour un partenariat mutuellement bénéfique»

Par Samira Imadalou, La Tribune, 17 février 2007

Rappelant que les matières premières occupent une place prépondérante dans les économies africaines, le président algérien a relevé, chiffres à l’appui dans son intervention prononcée durant les travaux d’atelier consacrés à «l’Afrique et les matières premières» que l’Afrique reste dépendante de l’exportation de ces matières à l’état brut. Des matières qui constituent la richesse de l’Afrique sans pour autant en bénéficier de manière efficace. Cette situation n’a pas empêché le continent africain de rester dominé par «la pauvreté et le sous-développement chronique». Pour faire face à cette situation, le président algérien a plaidé pour plus de coordination entre les pays africains dans la mobilisation des potentialités économiques, financières et humaines.
De même que pour une plus grande rationalisation des méthodes de gestion. Le président algérien a également invité les partenaires de l’Afrique à être plus attentifs aux préoccupations de ce continent.
Le Président a, dans ce sillage, préconisé une mise en valeur des matières premières dans les stratégies nationales et régionales de développement, et une plus grande intégration des marchés régionaux. Il s’agit également d’améliorer le climat des affaires en Afrique et de créer un environnement institutionnel stable. Pour le président de la République, les pratiques de bonne gouvernance doivent être mises en avant. Et ce, pour arriver à travers l’ensemble de ces mesures à renforcer les investissements en infrastructures de base, à promouvoir des partenariats entre les secteurs public et privé et à encourager l’initiative privée économique. Abondant dans ce sens, le Président liera les lenteurs enregistrées dans la prise en charge de ces conditions aux politiques d’ajustement structurel imposées aux pays africains. C’est aussi lié, selon lui, à la libéralisation des échanges commerciaux qui s’est traduite par l’introduction des produits concurrentiels sur les marchés africains.
Ce qui «conduit à la faillite d’un nombre important de PME/PMI». En somme, de l’avis de Bouteflika, le continent africain est loin d’avoir réussi à bénéficier de l’exploitation de ses richesses. Car, expliquera-t-il, les fluctuations erratiques des prix et la dégradation persistante des termes de l’échange ont considérablement réduit son pouvoir d’achat, donc son pouvoir d’accumulation pour l’investissement».
«Plusieurs facteurs concourent à faire de l’Afrique le seul continent à ne pas pouvoir atteindre les objectifs du millénaire à l’horizon 2015», a déclaré le président Abdelaziz Bouteflika, jeudi dernier, dans son intervention. Pour le chef de l’Etat, la persistance du blocage des négociations du cycle de Doha dans le cadre de l’OMC et la non-suppression par les pays développés des subventions à leurs produits de base, concurrentiels de ceux de l’Afrique, figurent parmi les entraves au développement en Afrique. D’autres points liés notamment aux coûts élevés des services et à la restriction des avantages tarifaires ont également été cités par le Président qui a justifié la faiblesse de l’industrie manufacturière par les pratiques protectionnistes des pays industrialisés. En somme, le fin mot du président Bouteflika se résume ainsi : «La promotion et la libéralisation du commerce n’ont pas produit pour nos économies les effets positifs escomptés.» Il l’a clairement avancé dans son allocution devant ses homologues africains ayant pris part à l’atelier.
Concernant le thème principal de la rencontre, c’est-à-dire «l’Afrique et l’équilibre du monde», Bouteflika notera que les enjeux principaux concernent la sécurité des populations et l’éradication de la pauvreté. «L’Afrique est interpellée plus que ses partenaires», ajoutera-t-il en plaidant pour un «partenariat mutuellement bénéfique». «Pour cela, l’Afrique ne manque ni d’atouts ni d’ambitions», n’a pas manqué de souligner le Président.
«Les médias ignorent les vrais problèmes du continent» Le chef de l’Etat a relevé, jeudi dernier, au premier jour du sommet, la mauvaise image véhiculée par les médias étrangers sur l’Afrique. «Et même par nos propres médias», a-t-il précisé avant de dire clairement : «Les médias ignorent dans leur grande majorité les vrais problèmes du continent et se focalisent davantage sur les guerres et les conflits qu’ils ont tendance à présenter comme interethniques». Pour Bouteflika, avec la fracture numérique, un grand défi reste à relever en matière de communication et d’information. «Et ce, pour mieux valoriser la véritable place de l’Afrique dans le concert des nations», expliquera-t-il en invitant les journalistes à présenter «une information plus équilibrée». «La recherche du sensationnel et du dramatique peut amener les journalistes à s’attarder plus particulièrement sur les aspects les plus négatifs et les plus désastreux de la vie africaine», peut-on retenir de l’allocution du Président dans laquelle il appelle également la presse africaine à jouer son rôle pour améliorer l’image du continent dans le monde et faire connaître les aspirations des peuples, d’autant que de nombreux pays africains ont réalisé des taux de croissance «honorables» de l’avis du Président. Notons que ce n’est la première fois qu’il aborde le rôle de la presse dans le traitement de l’information.

S. I.