Elections locales: Faible présence des islamistes

Ils ne participent qu’avec 635 listes aux locales

Faible présence des islamistes

El Watan, 18 octobre 2012

Le compte à rebours pour les élections locales a commencé, hier, avec l’installation de la Commission nationale indépendante de surveillance des élections (Cnisel), en présence du ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia. Les représentants des 52 partis politiques en lice ont élu le délégué de Ahd 54, Mohamed Seddiki, parmi les dix candidats pour présider la Cnisel.

En marge de la cérémonie, le ministre de l’Intérieur a dévoilé le nombre de listes de candidatures déposées par les partis politiques qui se disputeront les sièges des 1542 communes lors du scrutin du 29 novembre prochain. A la lecture des données avancées par M. Ould Kablia, apparaît d’emblée le statut hégémonique des deux partis au pouvoir, le FLN et le RND.

Le FLN présente 1520 listes, alors que le RND assure une présence dans 1477 APC. Mais, la surprise vient du Mouvement populaire algérien (MPA) de l’actuel ministre de l’Environnement, Amara Benyounès, qui se place étonnamment en troisième position en termes de listes de candidatures aux APC (632) ; il dépasse, de loin, certaines formations politiques traditionnelles.
Le MPA est suivi du Parti des travailleurs (PT) avec 521 listes, du Front national algérien (FNA) qui a pu en présenter 472. L’autre surprise vient du Mouvement de la société pour la paix (MSP) qui n’arrive qu’en sixième position avec 321 listes déposées. Une donne qui semble confirmer le recul du parti islamiste, déjà observé lors des législatives du 10 mai dernier. Le Front des forces socialistes (FFS) sera présent dans 319 APC, suivi de l’Alliance de l’Algérie verte (AAV) avec 314 listes.

Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), lui aussi, connaît un net recul en présentant seulement 63 listes. Le nombre global des listes APC présentées par les 52 partis est de 8383, dont 179 par des candidats indépendants. S’agissant des Assemblées populaires de wilaya (APW), 615 listes ont été présentées, avec la même suprématie du RND qui est présent dans les 48 wilayas que compte le pays, suivi du FLN avec 47 listes, puis du PT avec 43 listes, du FNA avec 38 listes. Le MSP n’est présent que dans 24 circonscriptions. Le FFS et le RCD ont présenté respectivement 22 et 10 listes de candidatures pour les APW.
Certes, ces éléments ne donnent pas une idée exacte du poids de chaque parti, mais ils préfigurent un éventuel «remodelage» du paysage politique qui s’inscrit dans le prolongement des dernières élections législatives qui ont vu un recul des partis d’obédience islamiste.

Une présence symbolique pour le reste des partis

L’on remarque aussi, à travers ces données, que sur les 52 formations ayant accepté de concourir lors de cette joute électorale, seul huit partis ont réussi à s’assurer une présence significative. En revanche, la majorité des partis agréés, ces derniers mois, se sont contentés d’une participation symbolique. Par ailleurs, Ould Kablia a indiqué que le nombre d’inscrits sur les listes électorales a atteint 20 673 818 au 31 mars, dont 520 128 nouveaux inscrits, tandis que 230 107 personnes ont été radiées du fichier électoral. Et le ministre de l’Intérieur a assuré que «toutes les dispositions administratives et techniques ont été prises pour assurer le bon déroulement de la campagne électorale». Il estime, dans ce sens, que des problèmes pourraient survenir. «On ne peut pas dire que tout se passera dans de bonnes conditions, il pourrait y avoir quelques problèmes», a-t-il souligné.

Interrogé au sujet de la convocation des candidats par la Gendarmerie nationale dont le FFS a fait état, M. Ould Kablia a répondu que les services de sécurité «n’ont pas à convoquer les candidats». «Nous avons rappelé aux services de sécurité qu’il est interdit de convoquer les candidats ou de mener des enquêtes, car toutes les informations inhérentes aux candidats sont consignées dans les dossiers qu’ils ont fournis», a affirmé le ministre de l’Intérieur. Pour lui, «seules les personnes impliquées dans la déstabilisation du pays et celles ayant appartenu à l’ex-FIS ne peuvent pas être candidates».
Daho Ould Kablia est revenu aussi sur la fameuse «fetwa» qui aurait été lancée par le conseil ibadite interdisant aux femmes de se porter candidates ; il réaffirme l’application de la loi : «Ce qui est sûr, c’est que nous allons appliquer strictement la loi et la liste ne comportant pas le quota de femmes exigé sera automatiquement rejetée.»
Hacen Ouali