Le FFS justifie sa participation aux élections

Le FFS justifie sa participation aux élections

«Un choix souverain et tactique»

El Watan, 4 mars 2012

Le premier secrétaire du FFS insiste sur le fait que «seule la qualité du dispositif de surveillance peut rendre un minimum de crédit à ce scrutin».

Le premier secrétaire du Front des forces socialistes (FFS) est revenu hier, lors d’une conférence de presse, sur les raisons qui motivent la participation de son parti aux prochaines élections législatives. Cette participation «tactique», comme la qualifie le président du parti, Hocine Aït Ahmed, vise à «remettre le peuple en mouvement et remettre du mouvement dans un statu quo politique et institutionnel destructeur de l’Etat et de la société algérienne ; seule cette remise en mouvement peut permettre de dépasser les impasses du pays, de la Kabylie et du pouvoir», souligne M. Laskri dans sa déclaration liminaire. La participation, dit-il, «n’est ni une reddition ni une capitulation. C’est notre choix souverain».

Le premier secrétaire du FFS insiste sur le fait que «seule la qualité du dispositif de surveillance peut rendre un minimum de crédit à ce scrutin» et note que la décision du FFS émane d’un débat démocratique, large et consensuel, et que seuls quatre membres du conseil national ont voté contre la participation. «Nous laissons à une certaine élite politique ou universitaire le soin de prouver leurs assertions malveillantes et haineuses sur des prétendus ‘quotas’ ou contacts avec le DRS. Nous leur conseillons même d’aller chercher du côté de WikiLeaks ; nous invitons certains anciens ‘harkis’ du système à la retenue, sinon à rendre des comptes sur certains évènements très graves survenus alors qu’ils occupaient des postes importants dans la hiérarchie du pouvoir de l’époque.

Ils portent une grande responsabilité dans les désastres que le pays a connus» souligne M. Laskri. Une réponse qui cible certaines rumeurs sur de prétendus contacts entre le FFS et le pouvoir, dont a notamment parlé l’ancien chef de gouvernement, Sid Ahmed Ghozali. «Le contexte régional et international a fortement pesé sur la décision prise par le conseil national du FFS», affirme M. Laskri. Il souligne à cet égard que «les dernières décennies ont fragilisé le pays et font apparaître de nouveaux besoins de sécurité nationale. La démocratisation du pays est le fondement principal de cette sécurité. Le pays a besoin d’un contrat politique et économique librement discuté et négocié entre les forces politiques, économiques et sociales représentatives».

Dans la déclaration liminaire, M. Laskri précise en outre que «le FFS est conscient du désintérêt de la population algérienne pour toute échéance électorale en ce moment. Et nous la comprenons. Nous savons que les élections ne sont pas la préoccupation cruciale des femmes et des hommes de ce pays, en ce moment de détresses multiples…Oui, les Algériens veulent changer. Oui, les Algériens veulent un changement pacifique parce qu’ils connaissent le prix exorbitant humain et politique d’un changement violent. Quant à nous, nous partageons cette conception ; seul le changement peut donner une réalité et un avenir à un projet démocratique en Algérie. Nous en acceptons toutes les implications». Le FFS, continue son premier secrétaire, «a refusé la logique des coûts et des avantages dans le processus qui a mené à la décision de participer aux élections législatives. Notre choix est un choix politique cohérent : ces élections nous permettront de remobiliser le parti et, nous l’espérons, la population».

Rachid Halet, membre du comité d’éthique du FFS, estime pour sa part, au sujet du risque de victoire des islamistes et d’une forte abstention, qu’«une participation tactique ne vise pas un nombre de sièges. Si nous avons un seul siège, nous irons quand même, c’est un choix souverain du parti. Nous avons déjà eu à affronter des situations aussi difficiles et, à chaque fois, la population nous a rejoint au bon moment. La population a toujours rendu sa juste estime en soutien aux positions tactiques ou stratégiques du FFS. Le parti est toujours ni pour les uns ni pour les autres. Après le scrutin, j’aimerais qu’on constate que le FFS tiendra à témoin l’opinion nationale et internationale. Le changement pacifique implique des choix, notamment celui de la participation. Nous savons prendre des risques».

Nadjia Bouaricha