Les voyageurs algériens seront contrôlés plus que les autres

Renforcement des mesures de sécurité dans les aéroports Français et européens

Les voyageurs algériens seront contrôlés plus que les autres

El Watan, 30 décembre 2009

Après la tentative d’attentat terroriste dans un avion de la compagnie américaine Delta Air Lines, les aéroports du monde entier ont mis en place des mesures de sécurité renforcées, à la demande des Etats-Unis, et ce pour une durée indéterminée.

Dans le même temps, l’Administration Obama a demandé le réexamen des procédures de sécurité en place pour identifier les terroristes potentiels et empêcher l’embarquement d’explosifs à bord des avions de ligne. Pour l’heure, les mesures de sécurité sont pour ainsi dire durcies sur tous les vols vers les Etats-Unis. Dans un avenir proche, il est fort possible que les mesures de contrôle des passagers soient également renforcées pour les vols à destination de la France. Cela pourrait être notamment valable pour ceux programmés à partir du Yémen, de la Syrie, du Pakistan, de l’Iran, de l’Afghanistan, d’Algérie et du Mali, tous des pays considérés comme étant à « risque » par les autorités françaises. Cette liste pourrait s’allonger très vite puisque Paris envisagerait d’y inclure d’autres pays en se basant sur une liste de l’Unité de coordination et de lutte antiterroriste (Uclat). Le ministre de l’Intérieur français, Brice Hortefeux, aurait en effet, émis son souhait de promouvoir, au niveau européen, un renforcement des mesures de sécurité dans le transport aérien dont un contrôle accru de l’identité des passagers comme cela se pratique aux Etats-Unis. Ainsi, Brice Hortefeux aurait, selon le quotidien français Le Figaro repris hier par l’AFP, proposé carrément d’adopter le PNR américain (Personal name record). Le PNR exige, entre autres, à ce que les données soient transmises aux autorités dès que le passager réserve son vol, donc des semaines à l’avance généralement. Avec plus de détails comme le moyen de paiement, le numéro de téléphone et l’adresse électronique du passager. L’information n’a en tout cas pas été démentie par le ministre français de l’Intérieur.

Actuellement, les compagnies aériennes transmettent les données sur les passagers (nom, prénom, âge, lieu de naissance…) le jour de l’embarquement. C’est la procédure APIS (Advanced passenger information system) décidée par l’UE pour limiter au maximum les entorses aux libertés individuelles. Des amendes pour les compagnies qui ne jouent pas le jeu Dans les mesures concrètement applicables en France, M. Hortefeux aurait décidé, toujours selon Le Figaro paru hier, « qu’à compter du 1er janvier » les compagnies aériennes qui « négligent ou refusent de transmettre à l’avance la liste de leurs passagers seront systématiquement verbalisées par la police aux frontières (PAF) ». Cette amende de 50 000 euros est une disposition déjà en vigueur qui, rappelle-t-on encore, figure dans le cadre de l’expérimentation de mesures antiterroristes adoptées en 2006. Celle-ci n’a cependant jamais été appliquée. En attendant, l’attentat manqué du 26 décembre a déjà convaincu le Canada d’interdire temporairement le transport de bagages en cabine sur les vols à destination des Etats-Unis. A plus long terme et plus globalement, certains experts pressentent également l’arrivée massive dans les aéroports des scanners corporels, des appareils très controversés car ils permettent de voir le corps dévêtu. Des consultants européens en sécurité soutiennent que pour que les nouvelles mesures de sécurité soient vraiment efficaces, il faudrait que les données des personnes en transit soient transmises à tous les pays concernés. Nombre d’entre eux pensent, en effet, que Omar Farouk Abdoulmoutalib, le Nigérian qui a tenté de faire sauter le vol Amsterdam-Detroit, aurait dû être contrôlé à son arrivée à Amsterdam depuis Lagos, cela surtout qu’il avait des visas du Yémen sur son passeport. A rappeler que Omar Farouk Abdoulmoutalib figurait dans un fichier des services de sécurité américains contenant 500 000 noms de personnes susceptibles de représenter un danger pour les Etats-Unis. Suite aux avertissements de son père, qui avait prévenu l’ambassade des Etats-Unis au Nigeria de la radicalisation de son fils, il aurait dû être ajouté au fichier « no fly », celui des personnes qui n’ont pas le droit de prendre un avion à destination des USA, qui compte 4000 noms. Mais cela ne s’est pas fait. Le reste de l’histoire tout le monde la connaît.

Par Aniss Z.