L’Algérie à travers le prisme de l’Union européenne

Migration, terrorisme, union méditerranéenne, OMC et réformes

L’Algérie à travers le prisme de l’Union européenne

El Watan, 14 janvier 2008

Le Traité de Lisbonne, signé le 13 décembre 2007, donne un nouveau souffle au projet européen, souligne Luis de Almeida Sampaio, ambassadeur du Portugal en Algérie, à la conférence-débat tenue hier au Forum d’El Moudjahid.

Faisant le bilan de son pays à la tête de l’Union européenne (du 1er juillet au 31 décembre 2007), l’ambassadeur affirme que « le Traité de Lisbonne a permis de mettre fin aux incertitudes autour de l’Union européenne ». Selon lui, ce nouveau texte, qui devrait entrer en vigueur en 2009 (si les pays membres le ratifient), insufflera une nouvelle dynamique européenne qui permettra de « faire face aux nouveaux défis de ce monde multipolaire ». Parmi les défis de l’UE, Luis de Almeida Sampaio cite les objectifs de développement millénaire, la paix, la sécurité, la bonne gouvernance, les droits de l’homme et le commerce. Ces objectifs, indique-t-il, sont partagés par plusieurs partenaires de l’UE dont l’Algérie. Appréciant l’engagement de l’Algérie et ses efforts pour s’assurer une bonne intégration régionale au plan économique, sécuritaire et des grands dossiers, l’ambassadeur souligne que l’espace méditerranéen devient plus important que jamais aussi bien pour l’Europe que pour le Maghreb. Plaidant pour la concrétisation de ce projet, Luis de Almeida Sampaio estime que l’UE ne saura poursuivre sa construction et son développement sans l’Afrique et plus particulièrement les pays du Maghreb. Insistant sur certains aspects liés à la sécurité, le conférencier trouve que la question de l’immigration clandestine est « un problème qui ne peut être résolu dans une approche exclusivement sécuritaire ». Il faut donc, selon lui, attaquer le problème à sa racine, à savoir le sous-développement. Luis de Almeida Sampaio y voit la solution dans l’aide des pays africains à se développer et ouvrir de nouvelles perspectives pour leurs peuples. « La seule solution est de développer les pays du Sud. C’est de créer des conditions de développement économique dans les pays de départ des flux migratoires », soutient-il, notant que la question des visas et de la libre circulation des personnes reste « délicate ». Sans plus de précisions. Revenant sur le terrorisme qui menace à la fois le Maghreb et l’Europe, l’ambassadeur fait part de l’intensité de la coopération entre les pays de l’UE et l’Algérie sur ce volet. Wolfgang Plasa, le chef de la délégation de l’Union européenne auprès de l’Algérie, rappelle à ce sujet la signature d’une convention de financement du Centre africain de lutte contre le terroriste, dont le siège est basé à Alger. Le montant octroyé par l’UE pour les besoins de ce centre s’élève à un million d’euros. Une aide jugée « appréciable » par Wolfgang Plasa. Interrogés sur les réformes économiques entreprises en Algérie, l’ambassadeur du Portugal et le représentant de l’UE à Alger témoignent de « la volonté et de la détermination » du gouvernement algérien à réussir sa transition. Ces réformes, comme tient à l’attester l’ambassadeur du Portugal, ont été lancées « sans arrière-pensées ni tergiversations », considérant que les lenteurs et les difficultés rencontrées ne sont pas propres à l’Algérie. « Tous les pays qui sont passés par une période de transition comme l’Algérie ont rencontré des difficultés et des lenteurs dans la mise en œuvre de leurs réformes », précise-t-il. A ses yeux, ces réformes prépareront l’économie algérienne à la concurrence internationale en perspective de son adhésion à l’OMC. L’adhésion à ce club international du commerce, qui compte plus de 150 pays, permettra, d’après l’ambassadeur du Portugal, de résoudre plusieurs problèmes dans les échanges commerciaux entre l’Europe et l’Algérie, dont la question du dumping ou de la double tarification. Evoquant l’invitation adressée au président Bouteflika pour assister à l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, dont le siège est à Strasbourg, mercredi 23 janvier 2008, les deux conférenciers estiment que des questions liées à la bonne gouvernance, à la sécurité, à l’immigration et aux droits de l’homme pourraient être abordées à cette occasion.

M. A. O.