Gaz: L’UE veut un accord de coopération avec l’Algérie

Pour Sécuriser son approvisionnement en gaz

L’UE veut un accord de coopération avec l’Algérie

Par : Meziane Rabhi, Liberté, 20 janvier 2007

En situation de dépendance énergétique croissante vis-à-vis de l’extérieur, notamment de la Russie qui lui assure le quart de sa consommation en gaz et pétrole, l’Union européenne espère conclure rapidement un accord de coopération énergétique avec l’Algérie.

L’Europe, qui dispose d’un marché énergétique porteur, se préoccupe de sa sécurité d’approvisionnement en gaz. Pour ces considérations, à Bruxelles on juge, aujourd’hui, qu’un dialogue énergétique stratégique UE-Algérie est devenu un sujet prioritaire. Véritable levier de l’économie algérienne, l’énergie est aussi un élément essentiel pour l’UE, qui voit en l’Algérie un partenaire stratégique qu’il convient de ne plus négliger. Il s’agit, en effet, d’un fournisseur important de gaz à l’UE, après la Russie et la Norvège, dont l’appui est indispensable afin d’assurer une sécurité d’approvisionnement énergétique. En situation de dépendance énergétique croissante vis-à-vis de l’extérieur, notamment de la Russie qui lui assure le quart de sa consommation en gaz et pétrole, l’Union européenne espère conclure rapidement un accord de coopération énergétique avec l’Algérie. Le partenariat devrait déboucher sur la signature d’un Memorandum of Understanding (MOU) dans le domaine de l’énergie, couvrant les principaux secteurs d’intérêt commun, à l’exemple du « soutien aux réformes dans le secteur énergétique, en vue de l’harmonisation progressive de leurs marchés respectifs en la matière ainsi que du développement de la coopération technologique et le transfert d’expertise ». La réaction de l’UE à la signature du mémorandum d’entente entre la Sonatrach et Gazprom a dévoilé son souci grandissant sur le volet énergétique. En effet, les pays de l’UE, soucieux de garantir leurs approvisionnements énergétiques, craignent la création d’un « cartel du gaz » qui, à l’instar de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), pourrait peser sur les prix. Des craintes dissipées suite aux assurances exprimées par l’Algérie. Le président de Sonatrach, Mohamed Meziane, lui-même avait déclaré à la presse qu’il n’y avait entre la compagnie algérienne et Gazprom « ni entente sur les prix ni création d’une Opep du gaz » et que « tout ce qui a été écrit sur ce sujet est faux ». Sonatrach n’est pas dans une logique de cartel et les accords conclus avec les pays de la rive nord de la Méditerranée, Italie, France et Espagne, rendent cette perspective encore plus improbable. L’Algérie figure parmi les trois principaux fournisseurs de gaz à l’Europe, à côté de la Russie et de la Norvège. Actuellement plus de 95% des exportations de gaz sont destinés à l’Europe. Sur le plan bilatéral les importations de source algérienne représentent plus de 80% des besoins du Portugal, 60% pour l’Espagne, 30% pour l’Italie, 22% pour la France et environ 26% pour la Grèce, pour ne citer que ces pays. Du coup, l’Algérie s’est engagée, en effet, dans de grands projets structurants, reconnus « d’intérêt régional prioritaire » par l’Union européenne. Aux deux gazoducs reliant l’Algérie à l’Espagne via le Maroc, et l’Algérie à l’Italie via la Tunisie, viennent s’ajouter deux autres ouvrages. Le gazoduc Algérie-Espagne, Medgaz, d’une capacité initiale de 10 milliards de mètres cubes, dont la construction sera engagée très prochainement. Un câble électrique de 2 000 MW, réalisé parallèlement au gazoduc, sera interconnecté au réseau européen. Le gazoduc Galsi, d’une capacité similaire à celle du Medgaz, reliera l’Algérie à la Sardaigne pour desservir le marché du nord de l’Italie (et peut-être la Corse). Il sera également accompagné d’un câble pour l’exportation de l’électricité vers ce pays et sera également interconnecté au réseau européen. À ces deux gazoducs, pourrait s’ajouter le gazoduc Nigal, entre le Nigeria et la côte méditerranéenne, grâce à son interconnexion au réseau algérien. Sonatrach, de son côté, ambitionne de devenir un acteur important de la distribution du gaz dans l’Union européenne. Son président-directeur général avait annoncé, récemment, que des sociétés de commercialisation de gaz ont été, d’ores et déjà créées en Espagne et en Angleterre, alors que celles prévues en Italie et en France le seront incessamment.

Meziane rabhi