Juan Carlos lève les malentendus

Algérie-Espagne

Juan Carlos lève les malentendus

El Watan, 17 mars 2007

Le roi Juan Carlos a achevé, jeudi dernier, sa visite d’Etat en Algérie, en réussissant de fort belle manière à donner aux Algériens une autre image de l’Espagne que celle, méprisante, renvoyée jusque-là par le gouvernement espagnol dirigé, depuis avril 2004, par le socialiste José Luis Zapatero.

Sa réaffirmation, depuis Alger, de son soutien au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination a montré que l’alignement de Zapatero et de son staff sur les positions marocaines, concernant précisément la question du Sahara occidental, est loin de faire l’unanimité en Espagne. Preuve en est, parallèlement à l’intervention pertinente du roi Juan Carlos, le Congrès des députés (chambre basse du Parlement espagnol) a approuvé deux motions appuyant le « droit légitime du peuple sahraoui à l’autodétermination », à travers un « référendum » et une solution au conflit du Sahara occidental qui « respecte la légalité internationale ». La rectification cinglante apportée par le roi Juan Carlos à la politique extérieure de Zapatero intervient à un moment crucial des relations algéro-espagnoles. Car si le discours du roi Juan Carlos à Alger a effectivement participé, pour reprendre l’expression d’un confrère du quotidien espagnol La Razon, à rendre « l’espérance et la dignité » au peuple sahraoui dont les droits sont « au-dessus des intérêts et des marchandages », il n’est pas faux d’admettre que le refus ferme du souverain espagnol de tourner le dos au droit international et de cautionner la politique colonialiste marocaine a eu l’effet aussi de dissiper l’atmosphère lourde, à la limite du doute, dans laquelle l’allégeance faite par Zapatero au roi du Maroc avait grandement contribué à plonger les relations algéro-ibériques. Des relations qui, pourtant, réunissent depuis la signature d’un traité d’amitié par Alger et Madrid en 2002 tous les atouts pour réussir. A ce propos, le souverain espagnol a saisi l’opportunité de son discours prononcé, jeudi matin, à la résidence El Mithak à Alger, pour rappeler l’engagement de l’Espagne à fonder un partenariat loyal avec l’Algérie. « L’Algérie a démontré qu’elle était un partenaire loyal et responsable. L’Espagne aborde ses relations avec l’Algérie avec le même esprit d’amitié et le même sentiment de responsabilité », a-t-il assuré lors d’une rencontre de chefs d’entreprise algéro-espagnols. Le roi Juan Carlos – qui a souligné que le gouvernement espagnol considère l’Algérie comme l’un des pays prioritaires pour l’investissement et le développement des relations économiques – a relevé qu’« au-delà du secteur de l’énergie, de nombreux domaines de coopération existent entre les deux pays », notamment dans le transport urbain et ferroviaire, la construction, l’épuration d’eau, l’industrie pharmaceutique, les ports et les aéroports. « L’engagement d’augmenter la présence économique espagnole en Algérie reflète une volonté stratégique de consolider les relations bilatérales. Notre voisinage géographique, de même que nos liens historiques, d’amitié et d’intérêt commun, facilitent l’établissement de l’entente et la coopération entre nos deux pays », a ainsi tenu à souligner le souverain espagnol. Voilà qui devrait sans doute contribuer à lever les malentendus regrettables semés depuis 3 années par Jose Luis Zapatero dans le sillon des relations algéro-espagnoles. Le roi Juan Carlos a, en tout cas, prouvé qu’il était un homme de parole.

Zine Cherfaoui