Il défend son bilan dans son message à l’occasion du 1er mai

Il défend son bilan dans son message à l’occasion du 1er mai

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Liberté, 2 mai 2018

“Nul ne peut, aussi ingrat et aussi injuste soit-il, nier les réalisations de l’Algérie, ces deux dernières décennies, dans tous les domaines”, a écrit le Président.

Dans son message à l’occasion de la Journée internationale des travailleurs lu par le ministre de l’Intérieur, Noureddine Bedoui, le président de la République a opté pour un hommage en deux “temps”.
Un long rappel historique du rôle des travailleurs algériens pendant la Révolution et leur apport pour l’indépendance. Et même après pour relever le défi de la construction et de “l’édification” de l’Algérie indépendante. Il évoquera les deux symboles du sacrifice des syndicalistes algériens, Aïssat Idir, le père fondateur de l’UGTA, et Abdelhak Benhamouda, victime du terrorisme ; période sur laquelle le message ne s’attardera pas. “Les travailleurs ont confirmé encore leur fidélité à ces mêmes valeurs lorsque le devoir national a appelé à la sauvegarde de la République, de ses acquis et de l’indépendance nationale”, est-il écrit dans le message. Le second temps commence avec sa venue à la tête de l’État et l’adoption des lois portant concorde civile et réconciliation nationale, qui ont permis de lancer les chantiers de reconstruction nationale. Et d’énumérer les réalisations comme dans une présentation de bilan. Consolidation du système démocratique et promotion des droits et libertés, construction de logements, réduction du chômage et amélioration du niveau de vie de la population, au plan social. Au plan économique, le message ramasse les deux décennies de sa gouvernance avec des performances agricoles, la création d’entreprises, le développement des infrastructures, l’augmentation du PIB et inclut les subventions toujours plafonnées à hauteur de 30 milliards de dollars. Cependant, cet effort, reconnaît-il, est arrêté par la crise financière induite par la chute des prix du pétrole. Aussi, a-t-il reconnu, il y a eu des dépenses excessives. D’où la nécessité d’introduire (encore) de nouvelles réformes et de rationaliser “nos méthodes et de mobiliser nos capacités”. Pas que, mais aussi d’aller vers la bonne gouvernance et la rationalisation des dépenses publiques. Ce qui équivaut à un aveu d’échec des méthodes de gestion adoptées depuis 1999. Et face à cette délicate situation, le président de la République a appelé les partenaires de la tripartite — gouvernement, patronat et syndicat c’est-à-dire l’UGTA — à un effort supplémentaire pour renforcer le cadre déjà en place : la charte de partenariat économique et social. Ce message demeure, cependant, dans une adéquation avec le schéma consacré qui veut que seul le syndicat maison soit considéré comme partenaire social, alors que le pluralisme syndical est reconnu. Constat tout aussi valable pour les organisations patronales qui sont souvent réduites au rôle de figurants lors des tripartites. D’ailleurs, appelle-t-il le gouvernement à s’appuyer sur ces partenaires économiques et sociaux, lesquels, s’interroge-t-on, doivent procéder à la mise en œuvre de leur pacte commun. Autrement dit, hormis les partenaires acquis, maison, les autres continueront à être marginalisés aussi pertinentes qu’eussent été leurs propositions et suggestions pour donner la priorité au FCE et à l’UGTA pour le rôle principal. Ce qui, en toute évidence, ne change rien à la méthode que le président de la République appelle à changer et qui suppose, explicitement, l’implication de tous les acteurs de la vie socioéconomique du pays pour surmonter la crise. Les partenaires économiques sont, de leur côté, appelés à s’orienter vers l’export en se mobilisant pour être concurrentiels sur le marché international. “J’appelle également le partenaire économique à davantage de mobilisation étant donné que l’entreprise économique est le levier essentiel de l’économie et l’instrument par excellence pour améliorer la qualité, gagner la compétitivité et ouvrir à notre produit économique les marchés internationaux”, est-il mentionné dans le message. “Nos travailleurs et travailleuses peuvent s’enorgueillir des résultats réalisés en terme de développement du pays et ils sont en droit d’aspirer à davantage d’acquis sociaux”, est-il ajouté pour appuyer son bilan sans manquer de cibler ceux qui doutent de ses réalisations et remettent en cause ce bilan. “Nul ne peut, aussi ingrat et aussi injuste soit-il, nier les réalisations de l’Algérie, ces deux dernières décennies, dans tous les domaines du développement et de réformes”, a-t-il contre-attaqué avant de finir par appeler à “un dialogue sérieux” pour régler les problèmes, reléguant ainsi les conflits sociaux qui marquent depuis l’année dernière la vie sociale du pays, en marge des véritables préoccupations du gouvernement.

Djilali B.