Bouteflika veut rester Président 4/4

Bouteflika veut rester Président 4/4

par Kharroubi Habib, Le Quotidien d’Oran, 15 février 2009

Maintenant que Bouteflika est officiellement dans la course pour l’élection présidentielle, le résultat de celle-ci ne fait l’objet d’aucun doute parmi les citoyens. Et c’est à juste titre qu’ils situent l’enjeu de ce prochain scrutin, non pas dans son résultat, mais dans la façon dont le Président-candidat obtiendra sa reconduction à la magistrature suprême.

Ce n’est pas en effet n’importe comment que celui-ci doit s’assurer sa réélection. Elle doit être transparente, franche et massive, faute de quoi elle lui vaudra contestation de sa légitimité populaire et donc de celle de son troisième mandat.

Bouteflika est apparu conscient que c’est là que se situe la difficulté pour lui en ce scrutin présidentiel. Ce qu’il a exprimé dans son discours de candidature quand il a clamé «qu’un Président ne peut être président que s’il bénéficie de la confiance de la majorité écrasante du peuple».

Or cette majorité écrasante, malgré toutes les incitations dont elle est l’objet aussi bien des pouvoirs publics que de la partie participationniste de la classe politique, ne semble pas décidée à prendre le chemin des urnes pour le 9 avril.

Le véritable adversaire de Bouteflika en ce scrutin présidentiel, ce ne sont pas les compétiteurs auxquels il sera confronté, mais ce spectre de l’abstention qui, si elle se réalise, fera de son succès annoncé une «victoire au rabais» dont les lectures nationales et internationales seront forcément préjudiciables pour son prestige et son crédit.

Une élection présidentielle que «l’écrasante majorité du peuple» aura désertée, quand bien même elle consacrerait la régularité de sa reconduction à la magistrature suprême, constituerait pour Bouteflika un revers que s’empresseront d’exploiter tous ceux que, par son habileté manoeuvrière, il est parvenu à neutraliser durant ses deux premiers mandats.

C’est une vérité que «le Président ne peut être président que s’il bénéficie de la confiance de la majorité du peuple». Durant son premier mandat, Bouteflika est parvenu à capter cette confiance, ce qui lui a permis d’imposer l’institution présidentielle dont il a la charge en tant que source prépondérante du pouvoir et des décisions.

La majorité des Algériens ne lui a pas refusé sa confiance et son appui en cette période, parce que consciente qu’il fallait effectivement clarifier les rapports de pouvoir au sommet de l’Etat en tant que préalable pouvant permettre ensuite la prise en charge des problèmes se posant au pays.

Cette majorité de citoyens va-t-elle lui renouveler sa confiance alors que, devenu président «quatre quarts», comme il a dit vouloir être, et qu’il a la plénitude des pouvoirs que confère la Constitution au Président de la République, Bouteflika est loin d’avoir répondu à ses attentes dans les domaines où elle a énormément espéré qu’il apporte des changements positifs ?

Il ne suffit pas d’un discours pour ramener cette confiance. Bouteflika est condamné à «mouiller le maillot» s’il veut percer la chape d’indifférence à l’acte électoral sous laquelle s’est enfermée la société algérienne. Et encore le résultat n’est pas garanti.