Les propos marquants des six candidats

APRÈS CINQ JOURS DE CAMPAGNE ÉLECTORALE

Les propos marquants des six candidats

L’Expression, 23 Mars 2009

La campagne passera nécessairement, mais les propositions des six candidats feront tilt! selon les humeurs de leurs auteurs.

Un débat contradictoire à l’américaine, rien que cela! Djahid Younsi, «l’invité surprise» du mouvement El Islah à la présidentielle du 9 avril, propose au président sortant, candidat à sa propre succession, Abdelaziz Bouteflika, une confrontation directe devant les caméras de la télévision. Décidément, cette campagne ne manque pas de piquant. Pour marquer son «territoire», Djahid Younsi a dénoncé «les desseins de ceux qui veulent nous rattacher à une prétendue civilisation méditerranéenne». Décryptée, cette déclaration sonne comme une remise en cause de l’adhésion de l’Algérie à l’Union pour la Méditerranée (UPM), le projet cher au président français, Nicolas Sarkozy. Voilà qui donne une lecture «excentrique» des relations algéro-françaises et leurs répercussions sur le champ politique national. Sauf que Djahid Younsi semble ne pas détenir les moyens de sa politique susceptible de faire de lui un «présidentiable» crédible. Autant dire qu’il fait figure du lièvre qui s’attaque au grand loup. Pour sa part, Abdelaziz Bouteflika a appelé, samedi, depuis Tlemcen à «voter en masse afin de nous donner cette force dont le pays a besoin pour défendre ses positions». Prônant la stabilité et la continuité, le président sortant opte pour la consolidation de la politique de «la Réconciliation nationale» tout en saluant le rôle de l’ANP qui, selon lui, «a sauvé et protégé le pays et la République». Sur le plan économique, Abdelaziz Bouteflika a prévu le lancement d’un plan quinquennal de relance de l’ordre de 150 milliards de dollars. Seulement, le candidat à sa propre succession veut se doter d’une assise populaire afin d’avoir «les coudées franches». Dans ce sens, la prochaine élection constitue un test politique décisif par rapport au taux du suffrage universel.
Les enjeux du scrutin sont d’une importance telle que Louisa Hanoune, candidate du Parti des Travailleurs (PT), a appelé, samedi, depuis Boumerdès, à «provoquer une véritable rupture avec les politiques et comportements de l’échec, pour éviter au pays de sombrer dans les crises». Ainsi, la secrétaire générale du PT ambitionne de se placer en alternative aux politiques suivies jusqu’ici. Pour ce faire, la candidate travailliste évolue dans l’espace socialiste tout en lorgnant la gent féminine et la jeunesse. La seule femme présente au prochain scrutin estime que les jeunes constituent «un bouclier de protection du pays contre toute tentative d’atteinte interne ou externe». Afin de rendre visible l’option du changement, la secrétaire générale du PT prône, comme un leitmotiv, «des élections législatives anticipées». La même revendication est formulée par Moussa Touati, président du FNA, qui a affirmé, samedi, à Guelma que «le temps est venu de provoquer le changement en Algérie et d’imposer l’exercice du pouvoir par le peuple». D’obédience nationaliste, Moussa Touati croit dur comme fer que son parti est la troisième force politique du pays. Cette conviction, le candidat du FNA la tient des résultats des dernières élections législatives et communales. Pourtant, M.Touati, veut, lui aussi, la dissolution de l’APN. Autrement dit, le candidat remet en cause les résultats d’une élection d’où il tire son statut qui lui permet de postuler à la magistrature suprême du pays. Lors d’un meeting animé, samedi, à Jijel, Mohamed Saïd a invité «ceux qui sont toujours dans les maquis à déposer les armes et à adhérer à la Réconciliation nationale». Profitant de la tribune qu’offre la campagne électorale, le fondateur du Parti de la liberté et de la justice (PLJ, non encore agréé) ambitionne d’avancer sur les traces de son ancien gourou, le Dr Ahmed Taleb-Ibrahimi, pour se frayer un chemin sur l’échiquier politique national, une place de choix pour son parti. De son côté, Ali Fawzi Rebaïne, candidat «des pauvres», n’a pas mâché ses mots à Sidi Bel Abbès pour dénoncer «le gouvernement qui a failli à sa mission». En attendant les jours à venir, les tambours de la campagne battent à pleins tubes au rythme des déclarations et promesses des candidats.

Mohamed Sadek LOUCIF