Appel de Saïd Sadi à une « insurrection citoyenne pacifique »

Élection présidentielle du 9 avril 2009

Appel de Saïd Sadi à une « insurrection citoyenne pacifique »

Le président du RCD, Saïd Sadi, appelle à « une synergie », à « une insurrection pacifique citoyenne pour disqualifier » l’élection présidentielle du 9 avril prochain. « Ce n’est pas un problème d’individu, l’Algérie a un problème de système politique. » « Une génération a libéré l’Algérie, une autre a essayé de donner une résonance politique à ce sacrifice.

Paris De notre bureau, El Watan, 10 mars 2009

Aujourd’hui, l’analyse de la situation algérienne doit être le dénominateur commun pour se débarrasser de ce système politique comme nos aînés se sont débarrassés du colonialisme », a martelé Saïd Sadi, à l’occasion de la célébration du 20e anniversaire du RCD, qui a coïncidé avec la Journée internationale de la femme, dimanche après-midi, dans à une salle (de la CFDT, à Belleville, non loin du siège du RCD) archicomble. Et de rappeler : « Ce que j’ai dit, il y a vingt ans, est toujours d’actualité : il y a des chemins faciles, nous avons choisi les plus justes. L’heure est au rassemblement des forces démocratiques ». Ce même appel a été formulé par l’ancien Premier ministre Sid Ahmed Ghozali, qui l’avait précédé à la tribune. Sur la prochaine élection présidentielle et sur la campagne électorale, « nous sommes dans une situation de reniement absolu sur ce à quoi les Algériens se sont engagés.

Ce qui se passe aujourd’hui dépasse tout entendement. C’est l’ensemble du gouvernement qui est transformé en commis de la campagne électorale de Bouteflika et c’est le Trésor public qui la finance », a affirmé Saïd Sadi. « Nous ne pouvons rester indifférents. Ce n’est pas une fraude de plus, c’est la volonté d’humilier l’Algérie que nous devons combattre aujourd’hui », a-t-il ajouté. Pour le président du RCD, il y a « urgence », à savoir « comment faire avec l’ensemble des Algériens pour créer une synergie, une insurrection pacifique citoyenne pour disqualifier cette élection ». Cette « insurrection citoyenne pacifique latente dans le pays (…) peut constituer, si nous l’assumons, une opportunité pour un projet fédérateur en faveur d’une alternative démocratique (…) Il y a des hommes et des femmes qui ont des parcours différents, mais qui disent que le système politique n’est pas amendable et qu’il faut un changement de régime.

Une fois ce préalable posé, les choses pourront être plus simples. » Saïd Sadi a rappelé que le RCD a décidé de suspendre toutes ses activités officielles pendant toute la durée de la campagne électorale. « L’ensemble de nos structures sont mobilisées pour travailler de concert avec les citoyens à trouver les meilleures parades possibles à la supercherie du 9 avril », ajoutant que les deux derniers week-ends, 23 délégations de la direction nationale du RCD ont sillonné le pays pour « écouter et encourager les citoyens à ne pas céder devant un nouveau hold-upélectoral ». Se livrant à une « évaluation sans complaisance » du combat de son parti pour une alternative démocratique de l’Algérie, qui a contribué à « semer des graines » d’un terreau démocratique, Saïd Sadi a appuyé : « Ces graines doivent être préservées (…) Je crois que rapporté à la classe politique algérienne, le RCD est un parti singulier.

S’il résiste tant, c’est parce qu’il est d’abord une école de valeurs qui a provoqué une dynamique politique que ni les coups et manœuvres du pouvoir, ni les crimes intégristes, ni les surenchères qui, épisodiquement, polluent l’espace démocratique n’ont pu perturber. Travailler dans la transparence pour des convictions assumées est à la fois un gage de crédibilité et de sécurité politique et de stabilité organique. » En hommage à la Journée internationale de la femme, Saïd Sadi a souligné que « le combat pour la justice, la liberté et le progrès se confond avec celui des acquis arrachés par la femme. Et la condition féminine est souvent le meilleur marqueur de la situation de la démocratie dans un pays ». Et de rappeler la position de son parti pour l’abrogation du code de la famille.

Il a rappelé aussi que le RCD a été le premier parti à préconiser un secrétariat d’Etat à la condition féminine et à avoir créé un secrétariat national à l’émigration. A la forte assistance féminine dans la salle, Saïd Sadi a fait observer qu’« il n’est pas normal qu’elles ne trouvent pas leur place dans nos rangs ». Après en avoir analysé les raisons, il a indiqué : « Nous devons faire un effort immense pour que la présence des femmes à nos côtés soit plus importante. » Sur la base d’un travail effectué sur le terrain par des équipes du RCD, Saïd Sadi constate qu’une « véritable mutation psychologique et politique est en train de gagner la jeunesse algérienne », qui manifeste une « disponibilité à l’écoute et à l’implication ».

A ce niveau aussi, il y a « des efforts à faire ». « Il faut qu’on aide ces jeunes qui n’ont qu’une envie, partir, construire des projets individuels et collectifs. » Il y a aussi un autre chantier, celui de l’émigration. Et à l’adresse de l’auditoire : « Plus que jamais, vous devez suivre ce qui se passe dans le pays, c’est aussi avec vous que l’Algérie démocratique et sociale va se construire. »

Par Nadjia Bouzeghrane

 


Sid Ahmed Ghozali : « Les Algériens doivent montrer qu’ils ne sont pas dupes »

Le 20e anniversaire du RCD s’est déroulé dans « un contexte national et international qui n’est pas très favorable aux forces démocratiques », a signalé d’emblée l’ancien Premier ministre sous la présidence de Chadli Bendjedid, Sid Ahmed Ghozali, invité à la célébration du 20e anniversaire du RCD, dimanche, à Paris.

« Sur le plan national, nous continuons 47 ans après l’indépendance à éprouver les plus grandes difficultés à entrer dans un Etat de droit. L’Algérie n’est pas encore un Etat de droit. » Et les femmes auxquelles il rend hommage, qui « subissent la double peine », qui sont « pénalisées en tant que femmes et en tant qu’Algériennes dans un pays qui refuse la citoyenneté au peuple algérien » en sont un exemple significatif. « Notre pays est censé être en pleine campagne électorale. Pour arriver à ce changement de situation, il a fallu deux minutes pour modifier la Constitution. Un pays qui traite de cette manière ses lois est en danger, c’est un pays sans loi (…) On a voulu enrayer un mouvement à travers le pays. »

Et à l’adresse des auditeurs, il a ajouté : « Ne vous laissez pas impressionner par cette apparence d’inamovibilité et de force d’un pouvoir qui n’a de force que l’apparence. » Appelant également à une mobilisation citoyenne pacifique, Sid Ahmed Ghozali a avancé : « Notre rôle de responsables politiques est de faire en sorte que le peuple ne tombe pas dans le désespoir et la résignation. Il faut que les Algériens montrent qu’ils ne sont pas dupes (…) Nous ne préconisons pas la violence, c’est le pouvoir qui est fondé sur la violence. »

Par N. B.