Téhéran sollicite l’aide d’Alger

DOSSIER DU NUCLÉAIRE IRANIEN

Téhéran sollicite l’aide d’Alger

L’Expression, 02 octobre 2004

Le président iranien Mohamed Khatami entame à partir d’aujourd’hui une visite officielle à Alger.

La visite du président iranien Mohamed Khatami est une première depuis l’arrivée des islamistes au pouvoir à Téhéran en 1979 et ferme par ailleurs, la parenthèse ouverte en 1990 par le soutien de Téhéran aux islamistes algériens. De fait, depuis l’instauration de la République islamique en Iran, les relations entre les deux pays ont connu des hauts et des bas.
Ainsi, les relations entre Alger et Téhéran, qui ont été sinon exemplaires, du moins stables durant les premières années de la République islamique, se sont détériorées lors de la période noire du terrorisme islamiste, lorsque Téhéran avait soutenu, et souvent aidé, au début des années 90, les islamistes algériens qui tentaient de faire tomber l’Etat républicain.
Ainsi, longtemps suspendues du fait de l’ingérence de l’Iran dans les affaires internes de l’Algérie, les relations entre les deux pays se sont ces dernières années améliorées, avant que les relations diplomatiques ne soient rétablies en 2001 du fait de la volonté du président Bouteflika d’assainir les relations entre les deux pays et de repartir sur des bases plus appropriées pour deux Etats importants de la communauté musulmane, l’Algérie et l’Iran. De fait, la longue coupure qu’ont connue les relations entre Alger et Téhéran avait maintenu en stand-by tout autre rapport multisectoriel que les deux pays appelaient alors de leurs voeux. Aussi, l’un des objectifs de cette première visite d’un président iranien en Algérie est-il de rétablir les ponts et de saisir toutes les opportunités de coopération bilatérale qui s’offrent à nos deux pays. De fait, il faut relever que les relations entre l’Algérie et l’Iran ont progressé durant la gouvernance des réformateurs du président Khatami qui disposaient de la majorité au Parlement. En fait, il a fallu l’arrivée des réformateurs au pouvoir à Téhéran pour que les choses s’éclaircissent pour la République islamique mise en quarantaine par la communauté internationale. C’est l’action personnelle du président Khatami qui a alors permis de desserrer l’isolement dans lequel était maintenu l’Iran des ayatollah. En réévaluant la politique iranienne et en donnant à l’Iran de s’ouvrir sur le monde, le gouvernement de Mohamed Khatami, a ainsi brisé l’isolement international dans lequel les conservateurs religieux ont enfermé l’Iran. Il est vrai que l’Iran d’aujourd’hui ne fait plus peur singulièrement après l’expérience taliban en Afghanistan qui a montré le visage que peut prendre la barbarie. En réalité, malgré le retour des conservateurs, -qui ont récupéré la majorité absolue au Parlement, lors des législatives du printemps dernier-, il est patent que l’islamisme iranien s’est policé en tenant compte de son environnement international et en composant avec lui. Ce que le président Khatami avait réalisé avec beaucoup de pragmatisme en recentrant les priorités de Téhéran, mais sans pour autant parvenir à rassurer la communauté internationale, notamment pour ce qui est du programme nucléaire iranien très critiqué par l’Amérique et l’Europe. De fait, certains observateurs estiment que le dossier du programme nucléaire iranien sera l’un des points de l’ordre du jour des discussions entre les deux parties, indiquant que le président Khatami mettra sans doute à profit son séjour en Algérie et ses discussions avec son homologue algérien, Abdelaziz Bouteflika, pour demander une médiation d’Alger entre Téhéran et Washington sur le dossier du nucléaire. Dès lors, la visite qu’entame aujourd’hui à Alger le président Khatami qui répond à celle qu’effectua le président Bouteflika à Téhéran l’an dernier, scelle-t-elle ainsi un retour à la normale entre deux pays qui ont, à leur niveau, joué un rôle important dans la promotion du monde arabo-musulman. De fait, la venue à Alger du président iranien qui confirme l’amélioration des relations entre l’Algérie et l’Iran est appelée à conforter davantage les relations bilatérales entre Alger et Téhéran.

Karim MOHSEN