Me Merouane Azzi: “Le nombre de victimes du terrorisme décroît”

Me Merouane Azzi à propos du dossier réconciliation nationale

“Le nombre de victimes du terrorisme décroît”

Par : Ali Farès, Liberté, 4 mars 2013

Le président de la Cellule d’assistance juridique pour l’application i relative à ce dossier, Me Merouane Azzi s’est déclaré satisfait, arguant que depuis 2006, le nombre des victimes du terrorisme ne fait que décroître, passant d’un millier par mois durant la décennie noire à 30 ou 40 actuellement. “Ces chiffres, même s’il est toujours douloureux de les annoncer, prouvent on ne peut plus clair que la situation s’est nettement améliorée”, dit-il, confirmant parallèlement “l’élargissement de 9 000 terroristes ayant bénéficié de l’extinction des poursuites entrant dans le cadre de la loi à ce sujet”.
Malgré ces efforts, soutient l’avocat, beaucoup de travail attend la cellule qu’il dirige mais aussi toutes les parties étatiques engagées dans ce dossier. “Car, il est inadmissible aujourd’hui qu’une victime du terrorisme touche une indemnisation de 6 000 DA/mois”, affirmant avoir saisi les instances sur la question en proposant, en 2011, des amendements à la loi, proposition restée jusqu’à ce jour sans suite. Le président de cette association parle aussi du dossier des enfants nés dans les maquis et qui ont aujourd’hui 14 et 15 ans.
“Ils sont près de 500 dont la grande majorité vit dans une nébulosité”, confie-t-il. Les anciens internés du Sud, les femmes violées, les Patriotes ont été évoqués par le conférencier qui relève des insuffisances en matière de prise en charge juridique des dossiers et pour lesquels il suggère une révision de la loi, indiquant que “le texte n’est pas limité dans le temps”.
Toutefois, l’avocat, tout en faisant noter la volonté de parfaire à toutes les questions liées au dossier de la réconciliation nationale, constate des lenteurs administratives dans le suivi. “Nous recevons les recours que nous transmettons aux instances compétentes. Malheureusement, des retards sont enregistrés dans la prise de décision. La balle est dans le camp du président de la République, premier magistrat du pays”, observe Me Azzi. Il soulèvera au passage les cas de ces familles qui ont perdu leurs biens spoliés ou saccagés par les hordes terroristes, ou encore ces personnes acquittées après cinq années d’un long procès. “Ces gens doivent être indemnisés comme le stipule la loi”, dira-t-il.
Cependant, si des dépassements ont été, en effet, avérés, l’avocat tire la sonnette d’alarme sur une pratique devenue un vrai fonds de commerce : des familles n’ont pas hésité à déclarer leurs enfants morts au maquis alors qu’ils sont décédés des suites d’accidents de la route ou encore de mort suspecte. Des filles se disant victimes de viols par des terroristes alors qu’il s’agit en réalité de fugues suivies de relations illégitimes. Les exemples ne manquent pas, selon l’avocat. Pour ce dernier, le trafic ne s’arrête pas à ce niveau. Il dépasse même les frontières.