« Il faut un dialogue franc entre nous, sans le régime »

Séminaire du FFS sur les assassinats politiques en Algérie

« Il faut un dialogue franc entre nous, sans le régime »

El Watan, 8 avril 2006

La véritable réconciliation passe par un dialogue franc, mais un dialogue qui exclut le régime actuel, appelé à partir et laisser le pouvoir qu’il a confisqué depuis l’indépendance.

Telle était la réponse du docteur Salah Eddine Sidhoum au projet de la charte pour la paix et la réconciliation nationale dont l’application est entrée en vigueur depuis plus d’un mois. Animant, en compagnie de Mehala Lounis, P/APC FFS de la commune de Timizar (Tizi Ouzou), une conférence débat sous le thème « Les assassinats politiques » en Algérie, M. Sidhoum a appelé à l’organisation d’un forum de réflexion et d’action pour l’instauration d’une authentique démocratie et d’un Etat de droit. Une conférence organisée hier au siège national du FFS, à l’occasion du 19e anniversaire de l’assassinat, le 7 avril 1987 en France, de Ali Mecili, militant des droits. Pour le conférencier, le pouvoir veut, à travers la promulgation de ladite charte, tourner le dos à la vérité et instaurer « l’amnésie et l’impunité ». « La tentative du régime est vouée à l’échec. Nous étions, hier, des témoins des dépassements et des violences du passé. Nous continuerons à témoigner aujourd’hui de la politique de l’oubli et d’impunité », a-t-il déclaré. Le dialogue auquel a appelé M. Sidhoum doit se faire, a-t-il expliqué, avec la participation des exilés, les islamistes et les démocrates pour arriver à un consensus et une solution globale de la crise. « Les islamistes doivent comprendre que la démocratie n’est qu’un moyen et non une croyance et les laïques doivent reconnaître nos valeurs », a-t-il suggéré, avant de s’interroger : « Qui a profité de cette guerre ? » Et de rétorquer : « Les bénéficiaires de la tragédie sont ceux qui l’ont préparée, c’est-à-dire les décideurs. » La tragédie nationale, selon lui, a été préparée par le régime et les gens du FIS sont tombés dans le piège. L’orateur est revenu sur les multiples assassinats politiques dont sont victimes de nombreux intellectuels, durant la guerre de Libération nationale, pendant les premières années de l’indépendance et après l’arrêt du processus électoral en 1991. L’exécution de Abane Ramdane, Mohamed Khemisti, Chaâbani, Khider, Krim Belkacem, Ouarab Madjid et Ali Mecili ne répond qu’à une seule logique, en l’occurrence la peur du régime de toute mobilisation de l’opposition. Ali Mecili a été assassiné, selon l’orateur, car il a initié la première mobilisation de l’opposition à l’étranger. « Il était le premier à réunir Aït Ahmed et Ben Bella. Cela a fait peur au régime », a-t-il attesté. Pour Sidhoum, l’arrêt du processus électoral en 1991, « première élection organisée en dehors des officines de la police politique », était l’énième dépassement de ce régime. « Accepter les résultats de ces élections signifie le suicide pour le régime. Comme un bon musulman, ce dernier a refusé de se donner la mort, car le suicide en Islam est haram (interdit) », a-t-il souligné. Aujourd’hui, a-t-il indiqué, il y a d’autres liquidations physiques, tel l’assassinat de Abdelkader Benhamouda, Boudiaf, Tahar Djaout, qui ne sont pas élucidés. Pour Mehala Lounis, le crime politique en Algérie a été hérité des différents systèmes coloniaux. La violence politique en Algérie, selon lui, a existé depuis les balbutiements de la révolution. Dans la foulée, M. Mehala a cité l’assassinat de Benaï Ouali (1955), Ali Farhat, Aït Menguelet Mebarek, Ould Hamouda et Abane Ramdane.

Madjid Makedhi