Troublante concomitance

Troublante concomitance

par Kharroubi Habib, Le Quotidien d’Oran, 22 septembre 2007

Le chef de l’Etat, en ses qualités de chef suprême des forces armées et ministre de la Défense, aurait présidé au tout début du mois de Ramadhan une réunion du haut commandement militaire. Deux points ont été à l’ordre du jour de cette rencontre: la recrudescence de la violence terroriste dans le pays et la situation créée aux frontières sud du pays par les rébellions touaregs qui ont été réactivées au Mali et au Niger.

Il semble qu’en haut lieu, chez nous, conviction est faite qu’il existe une corrélation entre ces deux événements dont le développement pourrait provoquer la déstabilisation du pays. Il y a en effet quelque chose de troublant dans cette concomitance dans le temps entre le regain des opérations terroristes dans le pays et l’état de guerre qui s’est instauré à nos frontières sud. D’où le soupçon, voire la certitude que ces deux événements sont suscités dans le cadre d’une stratégie globale anti-algérienne dont les inspirateurs visent à stopper les «velléités souverainistes» qui se font jour dans la politique économique et les prises de position internationales de l’Algérie.

Ces «velléités» se sont manifestées par exemple dans la loi des hydrocarbures révisée dont on sait que le contenu a notoirement irrité les partenaires occidentaux activant dans le secteur des hydrocarbures dans le pays. L’irritation s’est étendue à l’ensemble de la sphère des affaires de cette partie du monde où l’on n’apprécie pas du tout que l’Algérie cherche à se sortir de la dépendance léonine en matière économique par la diversification de sa coopération, dont l’une des traductions est la spectaculaire percée chinoise sur le marché algérien.

Les autres sujets qui alimentent l’ire de certains milieux occidentaux sont le refus opposé par les autorités algériennes à l’installation de bases étrangères sur le territoire national, censées répondre aux nécessités de la lutte internationale contre le terrorisme, et le soutien ostensible qu’elles ont accordé à la position iranienne dans le conflit qui oppose Téhéran aux capitales occidentales sur l’affaire du nucléaire iranien. S’y ajoute également que l’Algérie fournisseur important de gaz de l’Europe semble là aussi vouloir suivre une politique que certains pays de ce continent appréhendent comme préjudiciable à leur sécurité nationale.

Toutes ces raisons peuvent bien faire que des cercles étrangers en sont arrivés à vouloir affaiblir et déstabiliser l’Algérie pour l’empêcher de poursuivre sa quête d’autonomie. Et quel moyen plus efficace d’y parvenir que de lui imposer des abcès de fixation sur son territoire avec une recrudescence du terrorisme et à ses frontières par une situation confuse propice à tous les débordements. Pour Bouteflika, la menace en cette forme qui plane sur le pays n’est pas une vue de l’esprit et il l’a fait savoir aussitôt après l’attentat suicide perpétré à Batna où il se trouvait en visite de travail, en déclarant que cet acte et les précédents de même nature survenus dans le pays ont une inspiration étrangère.