Nepad: Un programme géant qui avance à petits pas

Nepad

Un programme géant qui avance à petits pas

par MFI, Le Jeune Indépendant, 25 décembre 2006

En présentant à la mi-novembre 2006, devant le Parlement pan-africain réuni à Midrand, en Afrique du Sud, l’état des lieux de ce programme géant, le secrétaire exécutif du Nepad, Firmino Mucavele, s’est voulu optimiste malgré l’énormité de la tâche.

Il a par exemple cité un projet routier reliant le réseau maghrébin tout entier, d’un coût estimé à 250 millions de dollars, précisant que des pays européens comme l’Espagne, la France et l’Italie sont intéressés. Il a également cité le projet du mégacomplexe hydroélectrique d’Inga en République démocratique du Congo (RDC), d’un coût estimé à plus de 60 milliards de dollars qui restent encore à trouver.

«Ce n’est pas l’argent qui est un problème, mais l’organisation», a-t-il dit, ajoutant quand même qu’il faudrait au moins trouver le premier milliard pour commencer les travaux. Le directeur exécutif du Nepad a encore évoqué la construction d’un pont entre Kinshasa (RDC) et Brazzaville (Congo), d’un coût de 500 millions de dollars, et celle du réseau routier Cameroun-Nigeria-Mali, évalué également à 500 millions de dollars, dont seuls 110 millions ont déjà été trouvés.

Un «corridor ferroviaire» en Angola, qui devrait coûter 300 millions de dollars, est en bonne voie, les deux tiers de cette somme ayant déjà été obtenus. Firmino Mucavele a aussi souhaité la mise en place d’une compagnie aérienne africaine, mais a indiqué que la plupart des pays africains devaient d’abord ouvrir leurs espaces aériens.

Kofi Annan : «Il faut renforcer l’élan donné à la mise en œuvre du Nepad» De son côté le secrétaire général sortant de l’ONU Kofi Annan, dans un rapport à l’Assemblée générale à la fin de septembre 2006, a tiré un bilan mitigé concernant la mise en œuvre du Nepad.

Il a estimé que la détermination commune de l’Afrique et de ses partenaires de développement a permis de réaliser des progrès dans l’exécution des programmes et des engagements convenus. «Pour autant, souligne le rapport, il subsiste un certain nombre de domaines qui nécessitent l’adoption de mesures de politique générale et d’actions concrètes afin de renforcer l’élan donné à la mise en œuvre du Nepad.» D’une part, les gouvernements africains sont invités à prendre des mesures en ce qui concerne une vaste gamme de questions institutionnelles et touchant à l’instauration de partenariats, dont l’intégration du Nepad dans les structures et mécanismes de l’Union africaine, le renforcement du soutien apporté au secteur privé et la promotion d’un plus grand nombre d’activités visant à élargir la communication avec la société civile.

D’autre part, les bailleurs de fonds sont incités à honorer leurs engagements et à verser leurs contributions annoncées «dans le respect des délais et à un rythme nettement plus rapide». Selon les experts de l’ONU, la mise en œuvre du programme relatif à l’infrastructure, qui est l’un des plus gros chapitres du Nepad, se poursuit à deux niveaux : mise en œuvre du Plan d’action à court terme (PACT) relatif à l’infrastructure et élaboration du cadre stratégique à moyen et à long terme.

Pour le PACT, les pays africains montrent la voie en assumant le contrôle des projets au niveau national, les communautés économiques et les banques régionales faisant office d’organismes de coordination et d’exécution pour les projets régionaux.

Un consortium africain pour l’infrastructure, dont le secrétariat est au siège de la Banque africaine de développement (BAD), a été mis en place. Entre 2002 et 2005, la BAD a par exemple financé 25 projets et programmes d’une valeur de 630 millions de dollars, assuré le cofinancement de projets à hauteur de 1,6 milliard de dollars et engagé 472 millions de dollars pour le lancement de projets en 2006.

Des fonds ont été mobilisés pour la préparation de six projets régionaux : le gazoduc reliant le Kenya à l’Ouganda, l’interconnexion des réseaux électriques du Bénin, du Togo et du Ghana, l’interconnexion des réseaux électriques de la Zambie, de la Tanzanie et du Kenya, COMTEL, le système de câbles sous-marins à fibre optique pour l’Afrique de l’Est (EASSy) et l’interconnexion des réseaux électriques de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Gambie.

Négociations complexes Dans le secteur des transports, le secrétariat du Nepad a lancé en mars 2006 le Programme d’aménagement du territoire, qui vise à assurer un système de transport intégré viable et la mise en place d’autres infrastructures (énergie, eau, etc.) reliées aux zones ou pôles économiques potentiels pour un pays donné ou une sous-région du continent.

Dans ce cadre, la privatisation du chemin de fer reliant le Kenya à l’Ouganda est en cours et l’étude de faisabilité sur la privatisation des chemins de fer tanzaniens est déjà entamée. Parmi les autres secteurs clés, les technologies de l’information et de la communication (mais 13 pays seulement participent déjà au projet sur les cyberécoles) ou la gestion des ressources en eau transfrontières, qui comprend des projets de mise en valeur et de gestion des ressources en eau de 10 bassins fluviaux (Niger, Sénégal, Nil, Congo, lac Tchad, Zambèze, Okavango, lac Victoria et Kagera, Orange-Senqu, Volta).

Pour le moment, seul un accord portant création de l’Organisation du bassin de la Volta a été conclu. Cette opération est financée grâce à une aide fournie au titre de l’initiative de l’Union européenne sur l’eau. Autre retard constaté : le projet de câble à fibre optique du Système sous-marin de l’Afrique de l’Est, dont le coût est estimé à 280 millions de dollars et qui ne devrait être opérationnel qu’à partir de 2008, en raison de négociations complexes sur les structures de propriété, de financement et de gestion.

MFI.