Des prêts bonifiés chinois de 10 milliards de dollars

Forum Chine-Afrique de Charm el-Cheikh (Égypte)

Des prêts bonifiés chinois de 10 milliards de dollars

Par : Badreddine Khris, Liberté, 9 novembre 2009

La Chine va accorder 10 milliards de dollars en prêts bonifiés aux pays africains. C’est ce qu’a annoncé hier le Premier ministre chinois Wen Jiabao à l’ouverture du Forum Chine-Afrique de Charm El-Cheikh en Égypte. “Nous allons aider l’Afrique à développer ses capacités financières. Nous allons fournir dix milliards de dollars à l’Afrique en prêts bonifiés”, a-t-il déclaré dans un discours. M. Wen s’est également engagé à annuler les dettes de certains pays africains. Le géant asiatique s’était engagé à apporter 5 milliards de dollars d’assistance financière à l’Afrique lors de la précédente édition de ce sommet, en 2006 à Pékin, et avait conclu des accords de réduction ou d’annulation de dette avec 31 pays de ce continent. “La Chine est prête à approfondir sa coopération concrète avec l’Afrique”, a déclaré
M. Wen, en ajoutant que Pékin était aussi prêt à jouer un rôle “dans le règlement des questions relatives à la paix et à la sécurité”. Il a promis que son pays allait monter des projets environnementaux en Afrique, dont 100 projets liés aux énergies propres. À noter qu’une cinquantaine de délégations sont présentes à ce forum destiné à développer encore davantage de relations économiques sino-africaines en plein essor depuis plusieurs années. Lors de la dernière édition de cette manifestation triennale en 2006, la Chine avait notamment promis de doubler son aide à l’Afrique. Selon les statistiques officielles chinoises, les investissements directs chinois sur le continent africain sont passés de 491 millions de dollars en 2003 à 7,8 milliards fin 2008. Les échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique ont, quant à eux, décuplé depuis le début de la décennie : ils ont atteint 106,8 mds USD en 2008, une hausse de 45,1% sur un an. La Chine et l’Afrique se réunissent ainsi pour renforcer des relations économiques déjà en pleine expansion, en dépit des craintes d’un “néo-colonialisme” chinois. Car, il faut souligner que ces chiffres spectaculaires ne vont pas sans crainte. La Chine, qui applique la règle du “strictly business” dans ses investissements et ne parle jamais des droits de l’Homme, est régulièrement accusée de “néo-colonialisme” et de cautionner à coups de milliards de dollars des régimes foulant aux pieds les droits de l’Homme. Cette manifestation triennale, dont la première édition s’est tenue en 2000 à Pékin, traduit en effet les ambitions et appétits économiques de la Chine, première des puissances émergentes, avide en métaux et pétrole dont l’Afrique regorge. Wen Jiabao a tenu à souligner dans l’avion qui le menait en Égypte que la coopération énergétique n’était que “l’un des domaines” des relations entre la Chine, grande consommatrice de métaux et de pétrole, et l’Afrique, qui en regorge.
“En aucun cas, la Chine ne vient en Afrique seulement pour les sources d’énergie”, a-t-il déclaré. “L’objectif de la Chine en aidant l’Afrique est de renforcer sa capacité propre de développement. Mieux vaut apprendre à pêcher à quelqu’un plutôt que de lui donner du poisson.” “Il ne s’agit pas, comme le disent certains, d’une tentative de la Chine de coloniser l’Afrique”, tient-il à préciser, pour sa part, le ministre égyptien du Commerce et de l’Industrie, Rachid-Mohamed Rachid, évoquant plutôt “une équation gagnant-gagnant entre la Chine et l’Afrique”. Selon une première version de la feuille de route devant être adoptée par la conférence, publiée par l’agence officielle égyptienne Mena, la Chine doit s’engager à “augmenter le volume de l’aide apportée à l’Afrique (…) et réduire ou annuler les dettes dues par les États africains”. Elle doit également “augmenter les investissements sur le continent africain et ouvrir davantage son marché”. C’est le président égyptien Hosni Moubarak qui a inauguré cette 4e Conférence ministérielle du Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA) en présence de plusieurs chefs d’État et de gouvernement, dont le Premier ministre chinois Wen Jiabao, le président soudanais Omar El-Béchir et celui du Zimbabwe, Robert Mugabe.
Dans son allocution,
M. Moubarak a qualifié de “nouvelle étape” et d’“important pas en avant” cette réunion visant à renforcer “la paix, la sécurité et la croissance” et à “approfondir la coopération entre la Chine et l’Afrique”. Mais “le chemin reste long” avant la réalisation des objectifs africains, a nuancé M. Moubarak.