XVe sommet de l’Union africaine: Une rencontre dominée par les questions de terrorisme

XVe sommet de l’Union africaine

Une rencontre dominée par les questions de terrorisme

Par : D.B., Liberté, 25 juillet 2010

L’ordre du jour du XVe sommet africain est complètement chamboulé. Au cœur de ses travaux, le terrorisme qui s’y est brutalement invité. Le pays hôte, l’Ouganda, a fait l’objet, tout récemment, d’un double attentat meurtrier signé par les Shebab de Somalie et le nord du Mali a été, hier, le théâtre d’un raid français contre un refuge de l’Aqmi.

Kampala est sur les dents, la capitale ougandaise est, de fait, en alerte maximale depuis les attentats du dimanche 11 juillet. Des chars bloquent l’avenue où se tient le sommet, des mitrailleuses sont installées sur les trottoirs, des centaines de soldats et de policiers, arme au poing, surveillent le complexe hôtelier au bord du lac Victoria.
C’est dans ce camp retranché que se retrouvent aujourd’hui les chefs d’État africains. Dans ces conditions, l’ordre du jour officiel, dont, entre autres, “la santé de la mère et de l’enfant africains” ou encore la session que devait consacrer le Nepad “au mécanisme d’évaluation par les pairs”, ne pourra qu’être éclipsé par l’actualité et bien sûr les questions politiques que soulèvent cette question du terrorisme. L’Ouganda, victime des terroristes somaliens, compte sur ce sommet pour redéfinir le mandat de la force africaine déployée à Mogadiscio.
Kampala souhaite obtenir non seulement des renforts mais aussi la possibilité d’imposer la paix. En clair, avoir le droit de recourir à la force contre les Shebab somaliens. Un autre sujet sur lequel les chefs d’État ne pourront pas faire l’impasse, l’avenir du Soudan. C’est le dernier sommet africain avant l’organisation du référendum d’autodétermination au Sud-Soudan et la perspective de l’indépendance du Sud-Soudan inquiète de nombreux pays du continent dont l’intégrité territoriale a été jusqu’ici assurée au nom d’un principe de l’OUA, l’ancêtre de l’UA, le strict respect des frontières héritées de la colonisation. Il y a eu le cas de l’Érythrée qui s’est dissocié de l’Éthiopie, au prix d’une guerre effroyable mais aussi parce que Addis-Abeba avait auparavant colonisé ce territoire qu’elle avait érigé en province. La fracture du Soudan va ouvrir la boîte de Pandore dans un continent très travaillé par des particularismes de toutes sortes.
Le Soudan, supputent des observateurs, entrera dans une zone de turbulences. La contagion gagnera même l’est de l’Afrique et l’Afrique centrale par l’effet des dominos. Sur ce sujet du Soudan, l’UA va arrêter une position sur le mandat d’arrêt contre El-Béchir car la pression ne cesse de monter sur les dirigeants africains pour qu’ils coopèrent avec la Cour pénale internationale (CPI) pour l’arrestation du président soudanais pour actes de génocide.
Ses pairs du continent ont décidé en 2009 à Syrte, en Libye, de ne pas coopérer avec la CPI sur cette question pour éviter de compromettre le processus de paix au Darfour. L’autre sujet qui sera débattu et non des moindres, la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies. L’Afrique doit-elle obtenir deux sièges permanents avec droit de veto ou doit-elle accepter un compromis, une solution intermédiaire ? La question est loin de faire l’unanimité.
Les débats promettent d’être animés, d’autant que les candidats se bousculent au portillon. On compte, pour la première fois, un haut représentant du président américain Barack Obama, en l’occurrence son ministre de la Justice. Le président américain, qui a des origines africaines via son père, un Kényan, a annoncé organiser cet été une rencontre à la Maison-Blanche avec une douzaine d’homologues africains. Avant l’ouverture du sommet proprement dit et, en marge des travaux ordinaires de son Conseil des ministres des AE, cinq dirigeants africains s’étaient réunis vendredi à Kampala pour “une série de discussions en prélude au sommet”. On n’en sait pas plus, sauf que la réunion a regroupé Les présidents sud-africain (Jacob Zuma), nigérian (Goodluck Jonathan), sénégalais (Abdoulaye Wade), zambien (Rupia Banda) et le Premier ministre du Lesotho (Pakalitha Mosisilipi). Le sommet de Kampala, sous pression pour prendre des mesures décisives pour lutter contre le terrorisme, notamment en Somalie après les attentats dévastateurs à Kampala, devrait connaître néanmoins moins d’affluence.
Une vingtaine de chefs d’État africains ont confirmé leur participation. L’Algérie est représentée par son premier magistrat, le président Abdelaziz Bouteflika dont les interventions-programme, selon l’agence de presse officielle (APS), porteront essentiellement sur le “suivi de l’intégration du Nepad dans l’Union africaine, le partenariat avec le G8 et les autres partenaires du développement de l’Afrique, la participation de l’Afrique à la gouvernance mondiale ainsi que les préparatifs de la conférence sur les changements climatiques, prévue au Mexique en décembre prochain”.