Walis : Un mouvement et des interrogations

Walis : Un mouvement et des interrogations

El Watan, 24 juillet 2015

Annaba, Aïn Témouchent et Adrar vont enfin avoir leur wali

Le wali d’Alger Abdelkader Zoukh n’a pas été touché par l’important mouvement des walis qui a été annoncé après le Conseil interministériel qui s’est tenu mercredi dernier dans les locaux de la Présidence à Zéralda pour la deuxième fois après le remaniement ministériel.

Ce vaste mouvement a été annoncé en fin de la journée de mercredi et complété hier. Cette opération devait se faire à la fin juin, mais les derniers événements qui ont frappé la wilaya de Ghardaïa ont «imposé le report de ce mouvement qui a pourtant été soumis à la Présidence pour approbation depuis début juin par le ministre de l’intérieur», précise une source sûre.

Ce mouvement a permis aussi l’installation des walis des nouvelles wilayas déléguées du Grand-Sud. Pour ces zones, la décision a été prises lors du Conseil ministériel restreint, consacré au développement dans le Sud et les Hauts-Plateaux, le 27 janvier dernier après un fort mouvement de protestation antigaz de schiste.

2 Femmes

Quelques walis seulement ont été épargnés par ce mouvement pour le moment, tels que les walis d’Alger et de Bouira. Ce mouvement n’est basé sur aucun critère, une totale confusion : certains walis ont été «remerciés» et n’ont pas été reconduits dans d’autres wilayas, à l’image de celui de Tamanrasset, Mahmoud Djemaâ, installé il y a un peu plus d’une année, alors que le wali d’Adrar, Madani Fouatih Abderrahmane, limogé pour des raisons inconnues, vient d’être repêché et nommé wali de Mila. Deux femmes ont été désignées walis : Raïs Fatima Zohra à Guelma et une ancienne ministre du Tourisme et l’Artisanat, Yamina Nouria Zerhouni, à Boumerdès. Mais les wilayas de Annaba, Aïn Témouchent et Adrar, restées sans wali pour des raisons diverses, vont enfin en avoir.

Mais les missions de ces derniers ne seront pas faciles, surtout pour Youcef Chorfa, qui remplace le wali décédé de Annaba. Dans d’autres wilayas où il n’y a pas eu de changement, les citoyens et les élus locaux sont mécontents. «Les projets dans notre wilaya sont à l’arrêt et le rythme de travail des administrations est presque à l’arrêt depuis l’installation de ce wali», s’indigne un élu de Bouira. Les citoyens des wilayas déléguées ne comprennent pas ce que cela changera dans leur quotidien «vu la dépendance de la wilaya déléguée par rapport à la wilaya territoriale».
Bouzid Ichalalene


Ghardaïa : La valse des walis se poursuit

Depuis le début des violences communautaires dans la wilaya de Ghardaïa, le président de la République a procédé à trois mutations successives à la tête de la wilaya.

Le premier wali nommé, Ahmed Adli, malgré son échec retentissant dans la gestion de la situation sécuritaire à Ghardaïa, théâtre de violences quasi quotidiennes depuis la Fête du tapis 2013, est promu au poste de secrétaire général du ministère de l’Intérieur. Plusieurs activistes l’accusent d’être indirectement à l’origine de la montée de la violence dans la wilaya de Ghardaïa.

Parmi eux Mohamed Laouat, un notable ghardaoui, qui a déclaré qu’«il aurait été possible de mettre un terme aux affrontements communautaire à Ghardaïa dès le début 2013». Toutefois, malgré la récurrence des violences, les forces publiques sont restées sans réponse. En outre, le retard de deux ans accumulé dans l’attribution de logements sociaux à Ghardaïa est l’un des facteurs à l’origine de la montée de la violence dans la ville.

Il est à noter qu’en dépit du départ de Ahmed Adli, la situation sécuritaire n’a connu aucune amélioration et le nouveau wali, Mahmoud El Jama, s’est vu dans l’obligation de gérer une crise sur laquelle il n’avait que peu de connaissances.

Quelques semaines seulement après promotion, Mohamed Adli est appelé à la rescousse et chargé de mener les négociations entre les deux communautés châambi et mozabite. En vain, la situation sécuritaire reste précaire. Si bien que le séjour de Mahmoud El Jama à Ghardaïa n’a pas duré plus de six mois au terme desquels ses fonctions l’ont amené à Tamanrasset, à la faveur d’un remaniement partiel au terme duquel a été nommé à sa place Abdelhakim Chater, lui-même précédemment en poste à Tamanrasset.

C’est la deuxième fois que le ministère de l’Intérieur décide de la mutation d’un wali de Ghardaïa après un nouvel échec cuisant quant à contenir les violences confessionnelles qui agitent la région. En effet, Abdelhakim Chater est désormais nouveau wali d’Oum El Bouaghi, une wilaya de moindre importance. Il ressort de ce nouveau remaniement que la wilaya de Ghardaïa, anciennement rite de passage pour les hauts fonctionnaires de l’Etat – à l’image de Boudiaf, actuel ministre de la Santé ou encore Zoukh, wali d’Alger – est devenue une «zone de punition».
Mohand Aziri


Béchar : Une mutation au sentiment d’inachevé

Salamani Mohamed, désormais ex-wali de Béchar après sa mutation à la Batna, s’en va en laissant derrière lui un bilan inachevé.

En poste depuis octobre 2013, les observateurs pointilleux lui trouvent néanmoins des circonstances atténuantes en ce sens qu’il n’a présidé aux destinées de la circonscription de la Saoura que pendant 21 mois, ce qu’ils considèrent comme une durée assez courte. Sa mission durant cette période a été marquée, à l’instar d’ailleurs de ses prédécesseurs, par une activité consacrée, pour une large part, au suivi, à l’exécution et au contrôle de projets d’urgence de construction de blocs scolaires et d’habitat social.

Des tâches ordinaires sur lesquelles rivalisent les walis de la République et pour lesquelles, semble-t-il, ils sont appréciés.

Accompagné de son staff de l’exécutif, Salamani Mohamed a sillonné pendant plusieurs mois les communes éloignées et enclavées de la vallée de la Saoura dans le but de remettre à niveau certaines régions particulièrement isolées. Cependant, pour les experts de la région, un wali, en sa qualité de fonctionnaire à la tête d’un organe déconcentré de l’Etat, devrait transcender ses attributions classiques pour s’atteler à sa véritable mission prioritaire consistant à éradiquer la bureaucratie et mettre en œuvre des zones d’activités économiques viables afin de permettre l’installation des investisseurs publics et privés et résorber ainsi le chômage dont le taux s’envole, en particulier chez les jeunes.

Durant son mandat, Salamani Mohamed a eu aussi à affronter une tentative de déstabilisation déjouée et dont on ignore jusqu’à aujourd’hui les tenants et aboutissants par absence de transparence. Toutefois, selon des indiscrétions, l’ex-wali de Béchar aurait fermé les portes de la wilaya à des oligarchies financières locales qui visaient directement à le soumettre à leur volonté.
M. Nadjah


Guelma : Le wali est une femme

L’annonce officielle du départ du chef de l’exécutif, Larbi Merzough, s’est propagée comme une traînée de poudre, ces dernières 48 heures, dans la wilaya de Guelma.

Les réactions de la population, des élus et des fonctionnaires, bien que mitigées, font état d’un sentiment de soulagement et surtout d’espoir pour une meilleure prise en charge des projets, tous secteurs confondus.

Ainsi, après cinq années de gouvernance dans la wilaya de Guelma, quel bilan du passage de Larbi Merzoug ? «Faible. L’épuisement des budgets alloués à la wilaya de Guelma n’a pas dépassé les 15%.

Les PCD sont à la traîne au même titre que les PSD. Ce ratio indique clairement que les projets de la wilaya de Guelma, et ce, depuis des années, en matière de développement et de projets inscrits n’ont jamais décollé», nous ont déclaré des sources sûres. En effet, rien de palpable à Guelma.

Et pour preuve, les chantiers de logements s’éternisent. Même la résorption de l’habitat précaire, pour ne citer que ce volet très sensible, n’est pas définitivement bouclée puisqu’elle remonte à l’année 2007. «Neuf années n’ont pas suffi pour construire et reloger 815 familles !» s’exclament des observateurs.

Des situations identiques sont indexées dans les secteurs des travaux publics pour le doublement des RN20 et 21, de la santé pour la réalisation d’un hôpital mère-enfant à Guelma-ville, de l’hydraulique avec le projet d’un barrage sur l’oued Charef, de l’agriculture… Pour couronner le tout, il est à inscrire à l’actif du wali sortant : son manque de communication avec la presse, voire «sa frilosité», comme il l’a si bien déclaré lors de la dernière Journée mondiale de la liberté de la presse. Ainsi, Mme Fatma-Zohra Raïs, mutée à Guelma en qualité de wali, a du pain sur la planche.

Avec des échos de «dame de terrain», elle a occupé depuis septembre 2010 la fonction de wali délégué à Birtouta, auprès du wali de la wilaya d’Alger, et a été auparavant secrétaire générale des wilayas de Mostaganem et d’El Tarf.

Karim Dadci


In Salah : Un non-événement !

un peu plus d’une année seulement après son installation, le wali de Tamanrasset, Mahmoud Djemaâ, a été remercié à la faveur du dernier mouvement opéré par le président de la République.

Pour des raisons non encore révélées, M. Djemaâ a été relevé de ses fonctions pour être – aussi étrange que cela puisse paraître – remplacé par un wali novice en la personne de Silmi Belkacem, qui n’a géré la wilaya de Relizane que pendant quelques mois en qualité d’intérimaire. Ce qui n’est pas sans préoccuper les Tamanrassetis, qui confirment encore une fois l’absence de volonté de relancer la locomotive de développement dans cette wilaya qui s’apprête, de surcroît, à accueillir deux nouvelles wilayas déléguées avec leur lot de problèmes.

Il s’agit en l’occurrence d’In Guezzam et d’In Salah, situées respectivement à 400 et 700 km du chef-lieu de wilaya de Tamanrasset. Des défis majeurs attendent les nouveaux chefs d’exécutif qui devront d’abord trouver la bonne formule pour se réconcilier avec une population qui, gavée de promesses jamais tenues, n’a plus confiance en ses responsables.

C’est probablement l’une des raisons qui fait de ce large mouvement dans le corps des walis un non-événement à In Salah. Dans un langage empreint de fiel contre les pouvoirs publics, les habitants de cette collectivité secouée, faut-il le rappeler, quatre mois durant par des protestations contre l’exploitation et l’exploration des ressources schisteuses, n’entrevoient aucun changement avec «l’avènement d’un wali délégué qui travaillera sous la houlette d’un wali novice. Notre wilaya est, à l’exemple de plusieurs autres wilayas du sud, l’éternel champ d’expérience de ces oligarques et tenants du gouvernement malintentionnés. Nous disposons de suffisamment de richesses pour faire de cette région l’éden terrestre.

Mais la réalité est toute autre», s’indigne Mohamed B. Plus sceptiques, les habitants de Tidekelt ont déclaré, presqu’à l’unanimité, que l’érection de leur daïra en wilaya déléguée n’aura aucun impact sur le développement de cette région si la répartition de richesse, qui ne profite point à la population locale, demeure inéquitable. La démarche du premier magistrat du pays est ainsi réduite à une simple mesure administrative entreprise dans le but d’apaiser les esprits après plus d’un demi-siècle d’abandon et de déliquescence.

Toutefois, les habitants de cette région, un pandémonium du fait de la chaleur intenable caractérisant son climat à longueur de l’année, réclament leur statut de wilaya tel que promis par Bouteflika lors de l’élection présidentielle d’avril 2014, afin que «nous puissions nous émanciper définitivement de Tamanrasset et gérer nos problèmes indépendamment de cette collectivité d’où les trains de développement sont partis sans marquer la moindre halte», ajoutent-ils.

Ravah Ighil