Réformes – Sellal : «Un processus irréversible»

Réformes – Sellal : «Un processus irréversible»

par Yazid Alilat, Le Quotidien d’Oran, 2 octobre 2012

Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, est passé pour la seconde fois, hier, devant le Parlement. Cette fois-ci pour répondre, officiellement, aux questionnements des députés quant à son plan d’action.

En vérité, il leur a servi un discours sur la poursuite du programme de travail du Président et donné des chiffres sur la bonne santé économique du pays. Sur le volet politique, il a notamment réaffirmé que «le processus des réformes est irréversible», estimant que «la révision constitutionnelle constituera le couronnement de cette démarche». Il insistera à ce propos sur la consolidation de la démocratie et l’Etat de droit, ainsi que la poursuite de la lutte contre le terrorisme et la réconciliation nationale. Un agenda du reste puisé de son plan d’action qu’il avait exposé la semaine dernière aux députés, avec comme toile de fond la préparation des élections locales du 29 novembre prochain.

En filigrane dans ses réponses aux députés, il insistera énormément sur sa volonté et celle de son gouvernement pour l’amélioration du cadre de vie du citoyen, et particulièrement des services publics, leur réhabilitation, ainsi que leur redynamisation. Utilisant comme à son habitude l’humour, M. Sellal n’en insistera pas moins sur l’agenda chargé qu’il doit poursuivre : routes, AEP, construction de barrages, habitat, transports, lutte contre le chômage et la «malvie» des Algériens, santé, éducation, ainsi que la poursuite des grands chantiers socioéconomiques avec, au-devant des priorités, la production et la distribution de l’énergie électrique pour éviter les désagréments des deux derniers étés, ainsi que le développement de la production d’hydrocarbures, conventionnels et non conventionnels. L’emploi sera également un des grands chantiers du gouvernement, selon M. Sellal, qui a mis en évidence les efforts déployés qui ont permis de ramener le taux de chômage de 30% en 1999 à 9,96% en 2012 et qui seront poursuivis avec le le renforcement des dispositifs d’aide et d’insertion déjà en place, et le recours à d’autres mécanismes socioéconomiques. Dans le domaine économique, il a par ailleurs rappelé les grandes décisions prises pour relancer durablement la croissance économique, adossée à des mesures sociales en faveur des larges couches de populations défavorisées et la hausse du niveau de vie des Algériens. Et sur ce volet, il a confirmé le rebond des réserves de change qui se sont établies à 193,7 milliards de dollars contre 11,9 mds de dollars en 2000. Quant à la dette extérieure de l’Algérie, elle a été ramenée à seulement 4,4 milliards de dollars, alors qu’elle avait atteint le seuil de 32 milliards de dollars au milieu des années 1990. Selon M. Sellal, le PIB est passé de 4.098 milliards de dinars en 2000 à 16.160 milliards de dinars en 2012, et la part des hydrocarbures dans l’expansion de l’économie algérienne est passée de 39,4% en 2000 à 36% actuellement.

Enfin, cette embellie financière est illustrée par le PNB par habitant qui est passé de 1.540 dollars en 2000 à 4.003 dollars en 2012, a-t-il encore précisé. Il terminera son intervention par un appel aux membres de l’APN pour l’aider dans sa mission, dont les prochaines élections locales seront un test politique pour lui, même s’il a souligné que le programme économique s’étalera jusqu’en 2030.


Il a répondu hier aux députés

Le plan d’action Sellal adopté

El Watan, 2 octobre 2012

L’Alliance de l’Algérie verte et le FJD votent contre, le FFS et le PT s’abstiennent et le FLN, le RND et les indépendants votent pour.

Sans surprise, les députés ont approuvé hier, à l’unanimité, le plan d’action du gouvernement, présenté mardi dernier par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Seuls l’AAV et le FJD ont voté contre le programme gouvernemental, le PT s’est abstenu et, contre tout attente, le FFS lui a emboîté le pas en optant également pour l’abstention. Le FLN, le RND ainsi que les indépendants ont, et c’est une évidence, approuvé le texte de l’Exécutif.

Hier, 221 députés ont voté pour le plan d’action du gouvernement, 41 contre et 47 se sont abstenus. Avant la séance de vote, le Premier ministre s’est présenté à la barre pour répondre aux critiques et observations des députés. Sellal a défendu, non seulement le bilan de son prédécesseur, mais a porté haut les réformes initiées par le président de la République. «Je ne partage pas l’avis de certains députés qui disent que rien n’a été fait et je ne suis pas d’accord avec ceux qui jugent que le plan d’action ne comporte aucune vérité. Nous avons des chiffres prouvant le contraire. Le programme du gouvernement est basé sur des vérités et nos chantiers sont palpables. Il s’agit de l’application du programme du président de la République dont certains chantiers sont déjà finalisés et d’autres en voie de réalisation», a-t-il expliqué. Son équipe, dira-t-il, est animée d’une bonne volonté et sera à la hauteur des aspirations des citoyens.

L’orateur osera une comparaison entre son staff et l’équipe algérienne de football qui s’était surpassée quand elle avait arraché sa qualification au Mondial 2010 à Omdurman au Soudan. «Mon équipe travaillera avec l’esprit de Omdurman. Mieux, nous sommes unis comme une équipe de handball», réplique Sellal. Plus loin, l’hôte des députés s’est senti obligé de faire une mise au point à l’encontre des intervenants qui ont émis des doutes quant aux chiffres avancés, notamment en ce qui concerne le taux de chômage. M. Sellal persiste et signe que le taux de chômage a baissé dans notre pays. «Ce n’est pas un leurre puisque le chiffre émane de l’ONS. Nous ne pouvons remettre en cause le travail de cet office. Le taux de chômage, selon l’ONS, a été de 29,5% en 2000 et aujourd’hui, il ne dépasse pas les 9%. Nous n’avons ni menti ni inventé des chiffres, c’est la vérité», a-t-il insisté tout en assurant que «les efforts ayant permis de ramener le taux de chômage à 9% seront soutenus à travers le renforcement des dispositifs d’aide et d’insertion déjà en place et le recours à des mécanismes innovants au niveau de la sphère économique».

Restant sur la défensive, le chef de l’Exécutif réfute les commentaires de certains qui qualifient le pétrole de malédiction. «Le pétrole est une bénédiction pour nous et pour les futures générations. C’est grâce à cette ressource que nous avons franchi un grand pas en matière de réalisations et d’exploits», assène Sellal. Par exploit, l’orateur sous-entend que l’économie nationale a enregistré un bond qualitatif au cours de ces dix dernières années avec des réserves de change qui sont passées de 11,9 milliards de dollars en 2000 à 193,7 actuellement. Plus explicite, il dira qu’à juin 2012, les réserves officielles de change de l’Algérie étaient de 186,32 milliards de dollars, une hausse de plus de 4 milliards de dollars par rapport à la fin 2011. Ces réserves, or non compris, étaient de 182,22 milliards de dollars à fin décembre 2011 et de 162,22 à fin 2010. La dette extérieure de l’Algérie a été, précise Sellal, ramenée à seulement 4,4 milliards de dollars, alors qu’elle avait atteint le seuil de 32 milliards de dollars au milieu des années 1990.

M Sellal a ainsi confirmé la reprise de l’économie nationale durant ces dix dernières années avec un PIB qui est passé de 4098 milliards de dinars en 2000 à 16 160 en 2012. Sellal a également évoqué la thématique du logement confirmant que le problème ne réside pas dans la construction, mais dans la distribution. «Nous allons faire appel à des entreprises étrangères pour la construction de logements et des écoles, comme nous allons réhabiliter l’administration pour éviter les mécontentements au moment de la distribution des logements», a promis Sellal. Hier, le chef de l’Exécutif n’a pas dépassé le stade des «promesses».

Nabila Amir


Sellal : «Le gouvernement n’a de problème avec aucun parti»

Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, explique sa conception «du front interne» auquel il avait appelé à l’occasion de la présentation de son plan d’action à l’APN.

«C’est une entente sur les fondamentaux qui permettra à l’Algérie d’avancer vers le progrès», lance-t-il lors de sa réponse, hier, aux préoccupations des députés. Abdelmalek Sellal invite, dans ce sens, les partis politiques à comprendre les objectifs de la politique du président Bouteflika qui, dit-il, tend à «faire sortir le pays de la zone d’instabilité». «Sans la stabilité politique, économique et sociale, il n’y aura pas de développement et de promotion de la démocratie», déclare-t-il. Dans ce sens, il fait un clin d’œil aux partis, notamment ceux qui siègent à l’Assemblée, pour l’aider dans sa tâche. «Le gouvernement n’a aucun problème avec aucun parti.

Je n’ai aucune appartenance partisane. Je suis avec vous tous, sans exception», ajoute-t-il. C’est une façon pour lui d’inviter les formations politiques d’opposition et celles qui se sont inscrites récemment dans l’opposition à adhérer à sa démarche présentée comme l’unique voie. Il rappelle, à cet effet, l’esprit de la réconciliation nationale. «Nous n’avons de comptes à régler avec personne. Il est grand temps d’avancer. La réconciliation doit être large. C’est une réconciliation avec notre histoire et entre nous», dit-il, invitant les représentants des partis à laisser les historiens prendre en charge, seuls, la question de l’histoire. «Un héros algérien est un héros algérien. C’est incontestable. Il ne faut pas politiser la question de l’histoire», lance-t-il.

«Les jeunes veulent vivre»

Le Premier ministre s’engage, dans la foulée, à poursuivre la mise en œuvre «des réformes politiques», notamment la préparation de la révision constitutionnelle. Il s’engage également à garantir la transparence des prochaines élections locales. Ainsi, il précise qu’il n’y aura plus de nouvelle affaire «d’inscription des militaires sur le fichier électoral». «Les militaires doivent voter dans leur lieu de résidence ou par procuration», précise-t-il, en excluant une nouvelle révision du code communal et de la loi électorale. M. Sellal tente, dans ce sens, de rassurer les partis quant au déroulement, dans la transparence, des prochaines élections.

«Personne ne vous dérangera. Il faut seulement travailler et nous souhaitons que les élections locales soient à la hauteur», enchaîne-t-il, sans toutefois faire des concessions sur la question du renforcement des prérogatives des élus locaux. Une question qui est fondamentale pour les différentes formations politiques. M. Sellal appelle également au respect de la volonté des jeunes Algériens qui se sentent oppressés et ne songent qu’à quitter le pays. «Les jeunes veulent vivre leur vie et ne sont pas que des tubes digestifs. Il faut leur donner cette occasion, toute en respectant la ligne de conduite de la société», explique-t-il.
Madjid Makedhi