Niet pour la transition, oui mais pour une conférence du consensus national

Niet pour la transition, oui mais pour une conférence du consensus national

par Kharroubi Habib, Le Quotidien d’Oran, 22 juin 2014

On savait et Ahmed Ouyahia l’a réaffirmé vendredi lors de sa conférence de presse que le pouvoir ne veut pas entendre parler d’une transition démocratique à laquelle ont appelé les partis et personnalités politiques regroupés au sein de la CNLTD et dont l’initiative a été appuyée par les participants à la conférence nationale organisée par eux sur ce thème.

Le directeur de cabinet de la présidence a resignifié le refus des autorités quant à cette demande de l’opposition qui s’est réunie à l’hôtel Mazafran en faisant valoir qu’elle est inacceptable parce que « l’Algérie d’aujourd’hui est un Etat aux institutions démocratiques et n’a nullement besoin d’une période de transition » qui selon lui est en « contradiction avec la volonté populaire ».

Il a profité au passage pour critiquer, mais sans le nommer, l’ancien chef du gouvernement Mouloud Hamrouche qui soutenant l’idée de transition démocratique a également émis celle qu’il faut que l’armée s’implique pour la rendre possible. Si la fin de non-recevoir de la demande d’une transition politique est sèchement opposée par le pouvoir, Ouyahia a toutefois laissé entendre que celui-ci est par contre ouvert à la proposition prônée par le FFS de réunir une conférence pour « un consensus national ». La démarche du FFS agrée apparemment au pouvoir parce que ce parti ne pose aucun préalable pour la tenue de cette conférence si ce n’est celui d’un dialogue inclusif et d’un débat n’occultant aucun des problèmes auxquels le pays est confronté.

Ouyahia a cependant ajouté que la participation du pouvoir à une telle rencontre est « difficile » mais que les partis qui le soutiennent peuvent y prendre part. L’accueil favorable de la proposition prônée par le FFS n’est pas pour surprendre après que Bouteflika ait à maintes reprises annoncé qu’il s’emploiera à constituer un consensus national pour conforter le front intérieur dans le pays en guise de barrage aux menaces de déstabilisation dont l’Algérie est la cible. Reste à savoir si le parti d’Aït Ahmed va pouvoir convaincre les membres de la CNLTD et leurs alliés de s’intéresser à sa proposition qu’il est allé leur décliner lors de la conférence de l’hôtel Mazafran. Il faut en douter devant la fermeté affichée par eux de persister à ne concevoir de dialogue avec le pouvoir que s’il accepte l’exigence de la transition démocratique. Le pouvoir en ne se déclarant pas hostile au projet défendu par le FFS a certainement anticipé l’échec de celui-ci convaincu que les « boycotteurs », comme Ouyahia a qualifié l’opposition regroupée par le CNLTD, le saborderont en restant accrochés à leur revendication de cette transition.

Une «sympathie» affichée donc pour l’éventuelle initiative du FFS de relancer son idée de conférence du «consensus national» qui lui permet d’apparaître ouvert au dialogue avec ses opposants et de faire que l’attitude bloquée de ces derniers sur le sujet apparaisse elle comme une position maximaliste qui ne serait pas « responsable » compte tenu des développements politiques ayant eu lieu dans le pays, notamment celui de la réélection de Bouteflika qui aurait rendu totalement utopique l’option d’une transition.

En restant en contact avec et le pouvoir et l’opposition regroupée par la CNLTD, le Front des forces socialistes donne à voir qu’il ne renonce pas à son projet et entend poursuivre ses tentatives de persuasion sur la nécessité du dialogue politique, seule méthode susceptible de cimenter l’unité nationale et de donner lieu à des convergences sur la nature des changements à opérer pour fonder un Etat démocratique et de droit garantissant les libertés auxquelles les Algériens aspirent.