Conseil des ministres: Aucun mot sur les intempéries

Conseil des ministres

Aucun mot sur les intempéries

El Watan, 9 février 2012

Le Conseil des ministres, réuni avant-hier sous la présidence du chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika, impose au moins deux remarques. La première est que le Président et son staff exécutif ont superbement ignoré la galère des Algériens et n’ont eu aucun mot à l’égard des victimes, des dizaines dans l’arrière-pays, de la terrible vague de froid qui sévit sur l’Algérie, notamment au nord, depuis quelques jours.

Des villes et des villages sont entièrement coupés du monde sans qu’ils ne s’en émeuvent. La tâche, semble-t-il, est léguée aux collectivités locales dont la carence, à défaut de moyens et surtout par laxisme, de gérer des catastrophes naturelles quelle qu’en soit la taille.

L’Exécutif est donc toujours à ce niveau de mépris envers les Algériens qui dans ces moments difficiles, comme d’habitude d’ailleurs, ont organisé avec les moyens de bord et le sens de la débrouille et de solidarité, qui leur sont propres, leur prise en charge, sans nier, toutefois, l’intervention par endroits du génie militaire et les efforts de quelques communes. Mais il est difficile de comprendre l’attitude d’un gouvernement qui fait l’impasse sur un événement qui touche de près ses administrés ! Il a tout bonnement fait la sourde oreille à la souffrance des Algériens. Et adopter une telle attitude devant le désastre provoqué par les fortes chutes de neige dans certaines régions du pays, relève de l’inconscience, de l’irresponsabilité et surtout de l’incompétence.

La deuxième remarque que suscite la réunion du Conseil des ministres est incontestablement cette drôle de manière de faire coïncider les décisions prises dans le cadre de l’organisation des prochaines élections législatives avec l’examen de la loi de finances complémentaire, dont le volet rendu public par le biais de l’APS concerne exclusivement l’augmentation des pensions de retraite et la décision liée au renforcement de la lutte contre la corruption.

Il y a comme un relent de campagne pour amener les citoyens à participer au vote lors des prochaines élections législatives, chose, au demeurant, légitime pour n’importe quel gouvernement ! Sauf que dans le cas qui concerne le nôtre, cela est fait de telle sorte à comprendre que le Conseil des ministres a sciemment mélangé son ordre du jour pour «booster» le taux de participation. Par ailleurs, on brandit encore fois, et avec un rare opportunisme, le durcissement du dispositif de lutte contre la corruption et le blanchiment d’argent.
Le président Bouteflika est revenu pour remettre au goût du jour une promesse faite lors de son premier mandat, à savoir la lutte contre le phénomène de la corruption.

La mise en valeur, dans la communication officielle, de l’augmentation des pensions des retraités peut, elle aussi, prêter à la propension de l’Exécutif à demander aux bénéficiaires un renvoi de l’ascenseur. Cela prête en tout cas à équivoque. Mais à l’issue de ce Conseil des ministres qui a officialisé l’augmentation du nombre de sièges à l’Assemblée populaire nationale de 73 et a appelé les partis à s’inscrire pour intégrer la commission de surveillance des élections, on ne peut retenir que cette attitude méprisante envers les citoyens en ces temps de détresse.
Said Rabia