Sécurité préoccupante

BOUTEFLIKA RÉUNIT LES PLUS HAUTS RESPONSABLES DU PAYS AUTOUR DE CETTE QUESTION

Sécurité préoccupante

Le Soir d’Algérie, 30 juin 2016

Abdelaziz Bouteflika a consacré sa seule activité durant ce mois de Ramadhan à présider une réunion restreinte au sommet, regroupant les principaux responsables civils et militaires du pays, pour examiner la situation sécuritaire dans le Sud, «en relation avec les foyers de tension qui persistent dans certains Etats voisins». Cette dernière précision n’est pas fortuite.
Kamel Amarni – Alger (Le Soir) – Cette réunion, tenue mardi dans l’après-midi, aura été la plus importante de par le nombre des participants, de toutes les précédentes du genre consacrées à la sécurité.
Y ont assisté, en effet, le Premier ministre Abdelmalek Sellal, le ministre d’Etat, directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed ouyahia, le ministre d’Etat, conseiller spécial du président de la République, Tayeb Belaïz, le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, le vice-ministre de la Défense nationale, chef d’état-major de l’ANP, le général de corps d’armée, Ahmed Gaïd Salah, le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Bédoui, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh, le ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue arabe, Abdelkader Messahel, le ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville, Abdelmadjid Tebboune, le conseiller chargé de la coordination des services de sécurité, rattachés à la présidence de la République, Athmane Tertag, le commandant de la Gendarmerie nationale, le général-major Menad Nouba, et le directeur général de la Sûreté nationale, Abdelghani Hamel.
A noter, déjà, que pour certains, il s’agit, là, de la première participation à ces réunions restreintes consacrées à la situation sécuritaire et ce, en dépit de leurs fonctions qui les y incluent pourtant de facto. C’est le cas du ministre de l’Intérieur, Noureddine Bedoui, et des deux responsables des corps de la gendarmerie et de la police, les généraux-majors Menad Nouba et Abdelghani Hamel.
En revanche, une «présence» intrigue, du moins elle est inexplicable, à première vue : celle du ministre de l’Habitat, Abdelmadjid Tebboune. «Sa présence est plus politique qu’autre chose. En faisant participer à cette réunion des responsables civils comme Tayeb Louh ou Tebboune, en plus de ceux directement concernés par l’ordre du jour comme Lamamra, Bedoui, Messahel outre tous les hauts responsables du pays chargés de la chose sécuritaire, le Président voulait transmettre un message clair. A savoir que la sécurité est une question nationale vitale et qui ne concerne pas que l’armée ou les services de sécurité. Il y a également ce souci de donner l’image d’un clan présidentiel qui ne se résume pas à quelques individus se recrutant dans le seul entourage de Bouteflika», nous confie une source très bien informée. «Il y a également cette image d’un Gaïd Salah qui n’agit pas en solo mais de concert avec tous les segments essentiels de l’Etat algérien et cela, c’est un autre message à lire comme une réponse à la dernière sortie de l’ancien ministre de la Défense, Khaled Nezzar.» Rien n’est donc fait au hasard et le tout est également un autre message destiné à l’étranger, «notamment à notre voisinage immédiat, le Maroc en particulier», nous révèle-t-on encore.
Cette réunion coïncide, pour rappel, avec cette incessante tournée du chef d’état-major de l’ANP à travers les six régions militaires et les grandes démonstrations de force que fait l’armée à travers de gigantesques manœuvres de différents types. Pas seulement car, en plus, les forces de l’ANP déployées en nombre et en permanence à travers l’immensité du désert et de nos frontières ne cessent de mener, en réel, des opérations spectaculaires pour traquer le terrorisme et la contrebande.
Ces opérations ont, entre autres, permis de déjouer plusieurs tentatives d’attentats mais surtout, de saisir d’impressionnantes quantités d’armements provenant essentiellement de la Libye. Ce dernier pays est, incontestablement, le plus gros de ce que le communiqué de la présidence appelle «les foyers de tensions qui persistent dans certains Etats voisins».
Le Mali également, bien sûr. Deux pays qui frisent le chaos et qui entraînent dans leur vulnérabilité le pauvre Etat du Niger et la fragile Tunisie. A l’arrivée, et si l’on y ajoute une Mauritanie tout aussi vulnérable et un Maroc hostile à l’Ouest, il ne reste pratiquement à l’Algérie, comme frontière tout à fait sécurisée, que sa façade maritime au nord ! Il est, dès lors, vital de faire régulièrement le point, au plus haut niveau de l’Etat, sur la situation sécuritaire globale du pays, à la lumière de tous ces bouleversements incessants depuis 2011.
K. A.