Les amendements de la constitution ont conféré le caractère anonyme aux réunions du Conseil du Gouvernement

Les amendements de la constitution ont conféré le caractère anonyme aux réunions du Conseil du Gouvernement

El Khabar, 8 novembre 2009

Le Gouvernement se transforme en simple « pare- choc » servant à protéger le palais d’El Mouradia

En vertu des derniers amendements de la constitution, les réunions du Conseil du Gouvernement se font dans le secret total, les rencontres du premier ministre avec ses ministres ne sont plus annoncées et ce dernier ne publie plus de communiqués de réunions, comme il était de tradition avant la révision de la constitution. C’est l’une des solutions qui ont été proposées pour faire face à ce qu’on qualifie de « dédoublement » à la tête de l’exécutif.
Les amendements de la constitution qui ont été décrétés depuis une année par le parlement ont fait disparaître toutes les réunions du Conseil du Gouvernement, et on voit le staff du gouvernement uniquement lors des réunions du Conseil des Ministres, pas plus. Cela donne l’impression qu’il n’y a qu’un seul président de l’exécutif, à savoir, le président de la république.
Cela se passe au moment où le gouvernement n’a pas cessé de tenir ses réunions hebdomadaires et des conseils ministériels, à une simple différence, c’est que le premier ministre n’a plus la prérogative de publier des communiqués au nom du Conseil du Gouvernement, puisque cela a été annulé en vertu des derniers amendements de la constitution, suite auxquels, toutes les prérogatives ont été mises entre les mains du président de la République.
En vertu des mêmes amendements, le premier ministre n’est plus en mesure de signer seul, des décrets exécutifs, comme c’était le cas jusque-là, c’est à dire avant l’amendement de la constitution. Il est dorénavant appelé à avoir l’approbation du président de la République et ne peut prendre aucune initiative de ce genre. Cette situation a imposé au gouvernement de suivre le rythme de travail des services de la présidence de la République. Du coup, les deuxièmes services ne peuvent devancer les premiers alors que les premiers peuvent paralyser le travail des deuxièmes, surtout que le président de la République cherche des justifications pour mettre fin aux fonctions du premier ministre.
A partir de là, le poste de premier ministre s’est transformé, pas seulement en un simple « coordinateur », mais a été jeté, pratiquement, dans la gueule du loup, puisqu’il se retrouve au premier rang faisant face, d’une part, aux députés de l’institution législative et d’autre part, à la colère du front social. Il est donc la cible de toutes les flèches et balles alors que le président de la République se retrouve à l’abri de ces dernières, quoiqu’il est le premier et dernier responsable de l’exécutif.
Par ailleurs, on constate que bien que l’amendement de la constitution ait réussi à faire disparaître le bicéphalisme à la tête de l’exécutif, notamment dans les mécanismes de prise de décision, en pratique, ça n’a pas mis définitivement fin à ce bicéphalisme du moment qu’il existe toujours une marge de manœuvre par laquelle on veut éviter l’implication de la présidence de la république dans les affrontements directs avec les protestations des citoyens et leurs soulèvements dans les villes et cités . IL y a donc une volonté patente d’incomber la responsabilité de toutes lacunes ou troubles dans la gestion des affaires du peuple au premier ministre et son staff gouvernemental, quoique sa marge de manœuvre en dépende du président de la République. Ainsi, le gouvernement vient de se transformer, en vertu des derniers amendements de la constitution, en simple « pare- choc » pour éviter que les problèmes et mauvaises nouvelles ne parviennent jusqu’au palais d’El Mouradia.

 

08-11-2009
Par H. Slimane/ synthèse de S. Ahmed Ouamer