L’affaire des MIG a ouvert le champ à d’autres pays

L’affaire des MIG a ouvert le champ à d’autres pays

L’Ukraine et l’Afrique du Sud se positionnent

Par : Salim KOUDIL, Liberté, 9 avril 2008

La visite officielle qu’effectue, depuis dimanche, le ministre ukrainien de la Défense, M. Yekhanourov Iury Ivanovytch, en Algérie, vient remettre sur le tapis la question de l’armement, et particulièrement l’acquisition par l’Algérie d’avions de chasse.

Reçu par le président Bouteflika et par le ministre délégué auprès du ministre de la Défense, M. Abdelmalek Guenaïzia, cette présence de l’émissaire du président Viktor Iouchtchenko ne peut être dissociée des derniers “évènements” survenus entre l’Algérie et la Russie. La crise, que certains ont dénommée “l’affaire des Mig”, avait soulevé beaucoup de remous. Même si le dossier est définitivement clos avec les Russes, la présence à Alger d’un représentant du plus dur des adversaires de Poutine vient ainsi confirmer la stratégie de l’ANP de diversifier ses sources d’approvisionnement d’armes. Du coup, la visite du ministre ukrainien intervient en même temps qu’une information donnée par le site “toutsurl’agérie” en date du 7 avril 2008, qui mentionnait que six nouveaux systèmes Drones ont été acquis auprès de l’Afrique du Sud. Cette information n’est pas encore confirmée. Il faut savoir que le groupe Thalès et EADS (groupe franco-allemand) étaient intéressés par ce marché et se voit donc (en se fiant à l’info du site) exclus alors qu’ils étaient “favoris”. L’embargo sur les armes qu’avait subi l’Algérie dans les années 1990 n’est toujours pas oublié. Ne plus prendre de risques de revivre la même situation est plus que prioritaire et peut même être conçu comme une stratégie de “survie”. Du coup, l’affaire des Mig a surtout ouvert le champ aux Algériens de ratisser large sans toutefois compromettre les relations traditionnelles et historiques avec Moscou. La perche étant tendue, Iouchtchenko ne pouvait résister au plaisir de contrarier son grand voisin en mettant son grain de sel dans les armes algériennes surtout que cela survient quelques jours après le sommet de l’OTAN au courant duquel Poutine avait opposé un niet catégorique à l’adhésion de l’Ukraine. Contrecarrer les Russes sur les ventes d’armes ne pouvait être qu’une aubaine. Il faut d’ailleurs rappeler que la coopération militaire entre Alger et Kiev ne date pas d’aujourd’hui. Elle existait déjà lorsque l’ex-URSS a été démembrée. Ce pays avait hérité des secteurs de construction navale, de l’aérospatial et de l’électronique. Ainsi, le voisin de la Russie est devenu un important fournisseur de différents types d’armes à l’Algérie. Il s’agit essentiellement des véhicules blindés de combat d’infanterie de type BMP-2, de missiles pour chasseurs de combat, de Tanks T-72, d’hélicoptères Mi-24 et de Mig-29. Un armement qui était déjà en discussion entre les deux pays, il y a de cela quatre mois. Le 27 décembre dernier, le chef d’état-major de l’ANP, le général de corps d’armée Ahmed Gaïd-Salah, avait effectué une visite de travail en Ukraine. Il avait été reçu par le chef d’état-major et le ministre de la Défense et en avait profité pour rencontrer sur place les responsables de la société d’exportation d’armement, Ukrspetseksport.
Concrètement, rien n’a été communiqué encore sur un quelconque contrat signé, mais le message est évidemment clair. Il faut d’ailleurs se souvenir qu’en novembre dernier, on parlait déjà du remplacement des Mig russes par les chasseurs chinois, les FC1. Une information qui n’a pas été confirmée depuis lors et qui (on l’avait d’ailleurs mentionné à l’époque) était, selon toute vraisemblance, de l’intox. Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts.

Salim KOUDIL