Le jour où «El Para» est tombé

L’accrochage avec le MDJT raconté par ses acolytes

Le jour où «El Para» est tombé

Le Jour d’Algérie, 18 août 2007

Des révélations inédites ont été faites récemment sur la chute de l’un des fondateurs et émirs du GSPC, Abderrezak El Para, connu notamment pour l’affaire des 32 otages européens et remis après sa capture aux autorités algériennes.

Rapatriés de pays étrangers et remis aux services de sécurité algériens, deux ex-compagnons de Amari Saïfi, alias Abderrazak El Para, au sein de katibet Tareq Ibn Ziyad, objet de la «guerre» existant actuellement entre Abou Mossaâb Abdelouadoud et Khaled Abou El Abbes, racontent les détails de l’accrochage qui a opposé l’armée tchadienne aux éléments de l’ex-«émir» de la zone 9 du GSPC, qui a eu lieu courant 2003.

C’était avant que Abderrazak El Para et ses acolytes ne soient capturés par le mouvement pour la démocratie et la justice au Tchad (MDJT, organisation armée d’opposition au pouvoir tchadien). «C’était peu de temps après notre entrée en territoire tchadien. Nous étions tombés dans une embuscade avec des unités de l’armée de ce pays. Abou Hamza était tombé dès les premiers tirs. Il conduisait une voiture collective qui transportait Moqatel, Bilal et d’autres éléments de nationalités africaines», relate l’un de ces deux terroristes lors de son interrogatoire. «Les autres éléments s’étaient retirés pour s’abriter dans une zone montagneuse. Dès leur arrivée, les éléments de l’armée tchadienne réussirent à tuer Abou Rouaha, Abou Qotada et Abou Ibrahim, et moi j’ai été blessé au niveau de la jambe droite et du bras gauche suite au tir d’un obus. J’ai perdu conscience», ajoute-t-il. Le lendemain, il a été arrêté par l’armée tchadienne et transféré vers un campement militaire tchadien puis vers l’hôpital de N’Djamena. Après trois mois de convalescence, il a été transféré vers un centre des services de renseignements tchadiens où il a été incarcéré jusqu’à son rapatriement en Algérie. Le reste des compagnons d’El Para ayant survécu à cet accrochage avaient été capturés par le MDJT. «Ils étaient très accueillants et nous avaient assuré que nous étions en sécurité parmi eux», a annoncé le «chargé de communication» d’une des katibet du sud-est du GSPC, du temps où cette organisation terroriste était dirigée par Hassan Hattab, après son arrestation par les services de sécurité. Avant leur entrée en territoire tchadien, Abderrazak El Para et ses compagnons se trouvaient au nord du Niger. El Para a informé ses acolytes qu’ils se rendront au Tchad pour un séjour de deux mois, le temps d’acheter des armes lourdes et sophistiquées, dont des missiles de longue portée, et des missiles de type Law, qui peuvent atteindre et abattre des hélicoptères et des avions en plein vol. La katiba Tareq Ibn Ziyad, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, voulait approvisionner les maquis du GSPC. C’est elle qui a été l’enjeu de la «guerre» opposant jusqu’à présent l’actuel «émir» national du Groupe salafiste pour la prédication et le combat et Mokhtar Belmokhtar, alias Khaled Abou El Abbès, ancien «émir» de la zone 9 de cette organisation terroriste. Abdelmalek Droudkel, alias Abou Mossaâb Abdelouadoud, tient à évincer cet ancien «émir» et, peut-être, le liquider physiquement. Les témoignages de Abdelkader Benmessaoud, alias Mossaâb Abou Daoud, «émir» de la zone 9 du GSPC, en remplacement de Abou El Abbès, repenti le mois dernier, a donné des détails sur cette «guerre», attestant que Abou Mossaâb Abdelouadoud avait envoyé Abdelhamid Abou Zeid au Sahara pour prendre la tête de cette katiba. Ce dernier ne ferait que revenir à la tête de cette katiba qui lui avait été confiée auparavant. Au début des années 2000, Abderrazak El Para, alors «émir» de la zone 5 du GSPC, avait appris de deux éléments de l’ «émirat» 9 du GSPC la présence d’un émissaire d’El Qaïda, un ressortissant yéménite, en compagnie de Khaled Abou El Abbès. Il a contacté ce dernier en utilisant un téléphone portable cellulaire de marque Thuraya et lui a demandé de le rejoindre au mont blanc. Quelque temps après, ce dernier s’est deplacé en compagnie de Khaled Ayoub, alias Abou Issak, et le ressortissant yéménite Abou Ahmed. Entre-temps, Abderrazak El Para a demandé à Salah Abou Ayoub de se joindre à lui pour se rendre au Mali et au Niger pour l’achat d’une quantité d’armes et de munitions. En cours de route, ce groupe, renforcé en éléments, a volé plusieurs 4×4 de marque Toyota, à des sociétés étrangères spécialisées dans le forage du pétrole dans le Sud algérien. C’était au mois de Ramadhan de l’année 2001. Ces véhicules ont été vendus par ces terroristes à des Mauritaniens et à des Nigériens dans un pays africain, à un prix variant entre 5 à 6 millions de CFA le véhicule. Cet argent a servi au déplacement. Khaled Abou El Abbès et ses éléments se chargeaient de fournir nourriture et munitions à Abderrazak El Para et ses acolytes. Dès leur arrivée au Mali, ces éléments du GSPC ont acheté entre 35 et 40 fusils-mitrailleurs de marque PMK, environ six lance-roquettes de type RPG 7, et plus de 50 000 balles pour PMK. Ce groupe est resté sept mois environ au Mali avant que Abderrazak El Para ne décide de retourner au mont blanc en compagnie de Khaled Abou El Abbès, alors «émir» de la zone 9, Ayoub, le yéménite Abou Ahmed et 40 autres éléments. Leur retour coïncidait avce le mois de Ramadhan de l’année 2002. Au bout de quinze jours, ce ressortissant yéménite qui serait venu pour s’ «informer» du «djihad» prôné par le GSPC en Algérie, a quitté ces maquis en compagnie de Abou Issak, Bilal et d’autres éléments de la zone 2. Ils étaient au nombre de 16. Ces éléments du GSPC étaient tombés dans une embuscade tendue par l’ANP où ont été tués le ressortissant yéménite et Abou Abdallah. C’est au mont blanc que Abderrazak El Para a créé katibet Tareq Ibn Ziad. Il a placé à sa tête Abdelhamid Abou Zeid qui est en «guerre» actuellement avec Mokhtar Belmokhtar, alias «Khaled Abou El Abbès». Juste après la création de cette katiba, Abderrazak El Para s’est déplacé en compagnie du guide de ce groupe, un certain Abdelhamid à Tassili. C’était au mois de Ramadhan de l’année 2002. Ils sont arrivés dans cette zone en février 2003. Le groupe était arrivé le premier et a été rejoint par El Para, alias «Abou Haydara». C’est là que l’«émir» de la zone 5 a constaté la présence de touristes européens et que lui est venue l’idée de procéder à leur enlèvement moyennant une rançon. «C’était un hasard ; ces enlèvements n’étaient pas programmés auparavant», selon un des compagnons d’Abderrazak El Para.

Après le versement de cette rançon, ces terroristes ont acheté d’importantes quantités d’armes et de munitions qui ont été, fort heureusement, interceptées par l’ANP à In Salah. Après cet échec, El Para a juré de se «venger» en promettant d’acheter d’autres quantités d’armes et de munitions. C’est ainsi qu’il s’est rendu au Tchad, où lui et ses compagnons ont été accrochés par l’armée tchadienne.

Par M. Abi


Pour les empêcher de se rendre

Un garde de 72 ans guide et surveille les «recrues»

Le temoignage a été apporté par Mohamed Medjebour, rescapé de katibet de Meftah et de Khemis El Khechena du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), chargée de relancer les attentats terroristes dans la wilaya d’Alger. Lors de son interrogatoire par les services de sécurité, il a annoncé que c’est un homme de 72 ans qui servait de guide aux nouvelles «recrues» de l’organisation terroriste d’Abou Mossaâb Abdelouadoud.

«On nous disait qu’il ne faut se déplacer qu’en sa compagnie, car les terrains sont minés et que chaque fois ils changent les positions des mines.

Une façon de nous faire peur et pour que nous puissions être constamment surveillés par cet homme», ajoute ce rescapé qui a eu la vie sauve après avoir jeté les armes à l’issue d’un accrochage qui a opposé durant cinq heures l’ANP aux membres de cette katiba. Tous les membres de cette katiba, à part ce rescapé, ont été abattus lors de cet échange de tirs. Cet homme de 72 ans serait un «vétéran», selon ce rescapé : «Ils nous disaient que nous devons nous inscrire pour mener des attentats suicide en nous faisant écouter des enregistrements audio-visuels d’attentats, en Irak notamment, pour nous inciter à le faire.

Durant ma présence dans ces maquis je n’ai, à aucun moment, entendu le Coran. Tout ce qu’ils nous faisaient entendre c’étaient des «anachid» pour nous inciter à accepter de servir dans des attentats suicide», témoigne ce rescapé qui note que les candidats aux «attentats kamikaze» ne se bousculaient pas au portillon du GSPC, contrairement à ce que cette organisation terroriste veut faire croire dans sa propagande et son désir de semer la panique parmi la population.

«Ils nous ont induits en erreur», lance-t-il, invitant les jeunes à se méfier et à éviter de tomber dans le piège de cette organisation terroriste. «A ceux qui seraient tentés de rejoindre les maquis, je leur dis : faites attention. Il s’agit d’une organisation terroriste qui n’a aucun lien avec la religion.

J’ai passé 15 ans dans ces maquis et je sais ce que je dis», ajoute-t-il.

M. Abi