Otage français enlevé au Mali: Bamako compte sur Alger

Otage français enlevé au Mali: Bamako compte sur Alger

par Yazid Alilat, Le Quotidien d’Oran, 3 février 2010

Les négociations franco-maliennes pour la libération d’un res- sortissant français enlevé au Mali par la branche maghrébine d’Al-Qaida (AQMI) auraient abouti à un cul-de-sac, selon des observateurs qui suivent de près ce dossier.

Le déplacement, dans la nuit de lundi, à Bamako, du chef de la diplomatie française Bernard Kouchner n’aurait pas abouti à un avancement des discussions sur la manière de prendre en charge les négociations pour la libération de Pierre Camatte, kidnappé le 26 novembre dernier à Ménaka, une ville du nord-est du Mali.

 Les discussions entre Kouchner et le président malien Amadou Toumani Touré n’ont donné lieu à aucun communiqué officiel, les discussions étant empreintes de la plus grande discrétion. Pour autant, selon une source malienne citée par l’agence France presse, le ministre des Affaires étrangères français aurait demandé à la partie malienne de tout faire pour la libération du ressortissant français. Bernard Kouchner, a par ailleurs souligné qu’«il faut bien savoir qu’il y a maintenant un véritable danger, Al-Qaïda au Maghreb constitue, vraiment, un danger partout». Des propos qui ont, en fait, inquiété les autorités maliennes qui savent que ce genre de déclarations peut mener au pire.

 Les ravisseurs de Pierre Camatte, qui avaient menacé de l’exécuter avec un ultimatum qui avait expiré dans la nuit de samedi à dimanche, ont repoussé ce dernier, donnant, sans doute, plus de temps aux négociateurs pour satisfaire leur exigence, celle de la libération de quatre terroristes d’Aqmi emprisonnés au Mali. La menace de l’exécution du ressortissant français est prise très au sérieux à Paris, où l’on craint la répétition du scénario de l’assassinat, en juin dernier, de l’otage britannique Edwin Dyer. Mais, face à la fébrilité des négociateurs français, les autorités maliennes ont bien insisté sur une intervention de l’Algérie. Une source malienne a souligné qu’»il y a urgence, les ravisseurs demandent que ça aille vite, sinon la vie de l’otage français est en grand danger», insistant sur «le rôle déterminant que doit jouer l’Algérie dans l’affaire».    Tarabustées par les Français, les autorités maliennes viennent, en fait, de confirmer qu’elles préfèrent travailler avec les autorités algériennes pour le traitement de cette affaire, dans la plus grande discrétion, à l’abri des petits marchandages dont sont souvent responsables les diplomates occidentaux et bien souvent sont la cause de ruptures soudaines et dramatiques d’un tel genre de négociations. L’Algérie a, en réalité, une certaine aisance et une grande profondeur dans le traitement des questions liées autant aux grandes négociations pour la paix dans certaines régions sensibles d’Afrique, et au Mali plus spécifiquement, mais également dans la gestion de la donne terroriste. Le président malien, qui a discuté avec l’émissaire de l’Elysée sait que les négociateurs algériens, que la diplomatie algérienne plus globalement, est à même de trouver des compromis, des solutions et des alternatives qui peuvent faire avancer les discussions, et surtout, sauver des vies humaines, tout en restant fermes sur le principe de ne pas trop ouvrir la garde face aux groupes terroristes. Pour avoir été à la source d’une si longue et difficile paix au Mali en arrivant à faire asseoir à la même table gouvernement et opposants, Alger reste une des voix les plus écoutées en Afrique, une voix qui offre, en plus, des garanties autrement plus crédibles pour faire aboutir des négociations aussi sensibles que celles imposées par AQMI.