Le président malien nomme un militaire comme médiateur
Le président malien nomme un militaire comme médiateur
Le Quotidien d’Oran, 14 août 2003
Alors que Abderezak el-para a accepté de fournir des provisions et des médicaments aux 14 otages détenus à Kidal, le président malien Amadou Toumani Touré (ATT) a nommé l’ancien directeur général des services secrets maliens pour chapeauter la médiation avec les ravisseurs.
La nomination de l’ancien leader du Mouvement patriotique de l’Azawad (MPA), Iyad Ag Aghaly, comme seul médiateur en contact avec les ravisseurs du GSPC a donné lieu à plusieurs contestations dont celle d’un commerçant influent de Kidal, Baba Ould Cheikh. Selon le quotidien malien L’Indépendant, c’est ce commerçant venant de Tamanrasset, en Algérie, qui a été le premier à croiser le chemin de Abderezak el-para et de son commando dans la zone de Tessalit dès le 14 juillet dernier. Revenant de Tam après avoir fait des achats, Baba Ould Cheikh s’est vu confier la cassette vidéo par l’émir salafiste ainsi que des lettres personnelles des otages pour leurs familles. Ce commerçant en a informé le président malien ATT qui avait décidé de confier la médiation au chef targui, Iyad, pour sa connaissance de la région, son art de la négociation et son sang-froid. Un choix adoubé par les diplomates allemands en place à Bamako. Or, ce commerçant qui est également un notable de la communauté Tamachek, les Arabes du mali, a mal pris cette désignation et a continué d’entretenir le contact avec le GSPC. Rival des rebelles targuis, ce notable Tamachek a fini par irriter Abderezak el-para qui a, alors, demandé et obtenu un seul interlocuteur. C’est le président malien qui vient de mettre tout le monde d’accord en désignant un militaire, le colonel Amadou Baba Touré, pour chapeauter la médiation en qualité de haut commissaire de la région de Gao dont Kidal est une province administrative. Le président ATT, après consultations avec les Allemands et les Suisses, a mis en place une commission de médiation qui comprend des Touaregs du MPA, des notables Tamachek, des agents des services maliens auxquels s’est joint le colonel El Hadj Gamou, l’ancien chef militaire de l’Armée révolutionnaire pour la libération de l’Azawad (ARLA). Les autorités maliennes craignent que la présence de terroristes dans cette zone déshéritée ne crée des troubles entre les différentes communautés rivales et ne relance des affrontements armés dans la région. Présente dans la région de Kidal depuis le 11 août dernier, l’équipe du colonel Touré tente actuellement d’arracher les six otages malades des griffes de Abderezak el-para. La négociation qui s’annonce est délicate dans la mesure où les médiateurs vont demander à l’émir du GSPC de relâcher les otages très malades, atteints de malaria et de diabète, sans pour autant fournir une partie des 64 millions d’euros réclamés par les ravisseurs. «Pour montrer leur bonne foi, les ravisseurs ont accepté que vivres et médicaments soient acheminés aux otages, en affirmant que la balle est désormais dans le camp des autorités allemandes», a indiqué une source proche des médiateurs à l’AFP. Selon d’autres responsables maliens, les otages se trouvent, bel et bien, dans les montagnes de l’Adrar des Iforas, disséminés en petits groupes: «Ce n’est pas exact de dire que les otages et leurs ravisseurs sont dans la zone de Taoudénit. Cette partie est sablonneuse et il n’y a pas de cachette. C’est pour vous dire que s’ils y étaient, ils seraient vus par les satellites. Ils ne sont pas bêtes pour se perdre à Taoudénit. Ils sont bien dans la zone de Kidal», confiera une source malienne au journal L’Indépendant, démentant du coup l’information rapportée par des médias algériens.
Mounir B.