L’ex-chef terroriste appelle ses acolytes à la repentance

Sursaut de conscience chez Hassa Hattab

L’ex-chef terroriste appelle ses acolytes à la repentance

El Watan, 19 janvier 2009

Six ans après avoir été destitué de son poste de chef d’une organisation terroriste et deux ans après son arrestation, le fondateur du GSPC, Hassan Hattab, a appelé hier ses anciens compagnons à déposer les armes et à rejoindre les rangs de la société.

Dans une lettre de quatre pages signée « Abou Hamza, émir du GSPC » et intitulée « Repentance », l’ex-chef terroriste a commencé par se demander : « Quelle religion ou quel esprit peuvent légitimer ce que fait le GSPC, à travers les explosions dans les rues des musulmans et dans les lieux de leur regroupement qui ont tué des innocents parmi les hommes, les femmes, les enfants et les vieux ? Est-ce vraiment cela le djihad qui plaît à Dieu ? », avant de « condamner » ces attentats qui, a-t-il précisé, sont « commis au nom de l’Islam ». L’ancien émir du GIA pour la zone 2 (le centre du pays) a appelé ses ex-acolytes à cesser de s’attaquer « au peuple, à la patrie et à la religion et sachez que le sang des musulmans est très cher et que son effusion est très dangereuse (…), et mettre un terme à ces pratiques » eu égard à la conjoncture actuelle marquée par « l’acharnement des sionistes contre les musulmans et les Arabes ». Dans ces circonstances, a-t-il ajouté, « vous feriez mieux d’unir vos rangs sous la bannière de votre pays pour ne pas ajouter de morts à notre ouma et nos frères et sœurs qui meurent à Ghaza sont les grands témoins ». Hattab termine son manuscrit en exhortant ses ex-compagnons à « revenir à la raison » et conseille de « cesser ce que vous faites et de rejoindre votre société et vos familles, et la société est prête à vous accueillir et à panser les blessures ».

En fait, cet appel est le deuxième après celui lancé en août 2008, à la suite des attentats kamikazes de l’été dernier. Il intervient après le message de Abdelwadoud, de son vrai nom Droudkel, actuel émir du GSPC (ou Al Qaïda au Maghreb), appelant à des attaques contre les intérêts des Occidentaux, notamment les Américains, les Français et les Israéliens à travers le monde et surtout dans les pays du Maghreb. Ce qui est étrange, c’est que le communiqué de Droudkel soit, quelques heures après sa diffusion sur le net, impossible à lire, alors que tous les autres concernant notamment l’Algérie sont toujours disponibles. L’organisation de Droudkel a subi de lourdes pertes ces derniers mois, au point où elle a été incapable de reprendre du terrain, exception faite pour les faux barrages sporadiques. Ce qui suscite des interrogations sur les relations qu’elle pourrait avoir avec certains centres d’intérêt occidentaux. En tout état de cause, il est peu probable que l’appel de Hattab puisse avoir de l’influence sur les irréductibles qui dirigent actuellement le GSPC et qui l’ont destitué en 2003. Les autres, ceux qui constituent « les troupes », sont tellement surveillés par les chefs que leur défection reste peu probable. La sortie de Hattab n’est-elle pas un passeport pour l’impunité, lui qui a été arrêté en 2007 ?

Par Salima Tlemçani