Dépôt de plainte contre les deux brigades de gendarmerie

AFFAIRE DU JEUNE HOMME TUE PAR DES GENDARMES A AIT-R’ZINE

Dépôt de plainte contre les deux brigades de gendarmerie

Le Soir d’Algérie, 20 septembre 2005

L’affaire du jeune homme Bourdache Farès, originaire de Tizi-Alouane (Aït-R’zine) qui avait été tué pour rappel, dans la nuit du samedi 27 août 2005 par une patrouille des gendarmes dans la commune d’Aït- R’zine plus précisément au lieudit Timdouchine, vient de connaître des rebondissements.
La famille du défunt, qui conteste la version des faits avancée par les responsables de la gendarmerie au lendemain de la mort de la victime, vient de saisir en effet les plus hautes autorités du pays pour que “toute la lumière” soit faite sur ce qu’il n’hésite pas à qualifier de “meurtre volontaire avec préméditation”. Dans la plainte déposée auprès du procureur de la République d’Akbou et dont plusieurs copies ont été adressées, notamment au premier magistrat du pays, au ministre de la Défense, au plus haut commandant de la gendarmerie, le procureur général près le tribunal militaire et divers organes de presse, Mme veuve Bourdache Dahbia, la mère de la victime a ouvertement accusé les deux brigades de gendarmerie de TazmaIt et Béni- Mansour d’être les “auteurs de l’assassinat volontaire avec préméditation de son fils Bourdache Farès à l’aide d’une arme à feu”, soutient-elle. Pour rappel, le premier responsable du groupement de la gendarmerie de Béjaïa, tout en déplorant ce qu’il qualifie de “tragique accident” avait déclaré au lendemain de la mort du jeune Farès “qu’il se trouvait au mauvais moment et au mauvais endroit”. Selon toujours la version du groupement de gendarmerie de Béjaïa, les éléments des deux brigades de Tazmalt et Beni- Mansour qui étaient en patrouille cette nuit ont été alertés par un coup de fil anonyme les informant d’un accident mortel au lieu-dit Timdouchine dans la commune d’Aït R’zine. Arrivés sur les lieux, les gendarmes ont été surpris par un guet-apens dressé par un groupe armé. Les mêmes éléments de la gendarmerie, en patrouille, essuyèrent des coups de feu venant d’un groupe terroriste embusqué dans les alentours”. Dans leur riposte, souligne le même responsable de la gendarmerie ses éléments “ont atteint mortellement” la victime qui roulait sur la même trajectoire des assaillants à bord d’un véhicule en compagnie de son ami”. Une version que réfutent catégoriquement les parents de la victime dans leur requête adressée au procureur de la République près le tribunal d’Akbou. Une requête à travers laquelle de très graves charges ont été relevées par la mère de la victime à l’encontre des brigades de gendarmerie de Tazmalt et Béni-Mansour qui seraient, selon ses accusations, les “auteurs d’un assassinat volontaire avec préméditation commis sur son défunt enfant”. Dans le document, la mère écrit : “A 00h19, mon défunt enfant, Bourdache Farès est sorti de la maison se dirigeant vers la maison d’un autre parent située à 3 km pour ramener les ustensiles ayant servi à la fête, c’est à ce moment que des gendarmes attendaient la venue de mon fils pour le tuer sur le chemin du retour”. A travers son long réquisitoire, la mère de la victime ajoute : “Non seulement, ils ne se sont pas suffi de son assassinat, les auteurs ont tenté aussi de maquiller leur acte par la légitime défense en avançant qu’ils ont fait l’objet d’un guetapens dressé par un groupe armé et dans leur riposte, ils ont mortellement atteint Farès, selon les déclaration du responsable de la gendarmerie d’Akbou . Tout en démentant la version de la gendarmerie, la mère soutient dans son document que des “éléments de la gendarmerie étaient ce jour embusqués et qu’ils n’ont fait l’objet d’aucune attaque terroriste, sachant que tous les citoyens du village sont disposés à témoigner”, écrit-elle. Tout en soulignant au passage que “le seul mouvement suspect observé par les citoyens du village est celui des éléments de la gendarmerie”. La veuve Bourdache Dahbia, mère de la victime confie “après avoir tué mon fils à l’aide d’une kalachnikov, les gendarmes ont chargé un transporteur privé de passage pour l’évacuer à l’hôpital d’Akbou où son décès a été constaté”. “Avant de quitter les lieux du drame, les douilles vides ont été ramassées”, indique encore la mère de la victime “sans prendre les mesures nécessaires pour protéger les lieux du drame pour les besoins de l’enquête”. Dans la même requête adressée au procureur général près le tribunal d’Akbou, la mère de la victime qui s’est constituée partie civile dans cette affaire a révélé des faits graves qui auraient eu lieu au moment du drame. Selon la même plaignante, “des preuves ont été dissimulées et qui auraient pu servir à aider les enquêteurs dans leur mission pour connaître la vérité. Des preuves dissimulées par un responsable de la gendarmerie d’Akbou, et ce, devant mon fils et son oncle qui étaient avec les enquêteurs le lendemain du drame”, a déclaré la même plaignante qui en appelle dans sa requête à la réouverture du dossier pour faire la lumière sur l’assassinat de son fils”.
A. K.