Un film relance la polémique sur les moines de Tibéhirine

Un film relance la polémique sur les moines de Tibéhirine

Les enquêteurs sur la piste d’une « bavure »

El Khabar, 19 mai 2010

Après avoir privilégié la thèse d’un acte commis par le Groupe islamique armé (GIA), les juges en charge de l’enquête sur la mort des sept moines français de Tibéhirine, en 1996, ont réorienté leurs investigations sur la piste d’une « bavure » de l’armée algérienne.
Un film intitulé « Des hommes et des dieux », réalisé par le Français Xavier Beauvois et présenté mardi au 63ème festival de Cannes, évoque cette affaire.
Les sept moines ont été enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, dans leur monastère isolé de Notre-Dame de l’Atlas, sur les hauteurs Médéa, ceinturé de maquis contrôlés par les groupes armés islamistes et où les tueries étaient alors fréquentes. Le GIA avait revendiqué cet enlèvement et l’assassinat des moines français.
Mais le témoignage, livré en juin 2009, devant le juge Marc Trévidic par un ancien attaché militaire à Alger, le général François Buchwalter, a relancé l’enquête.
Selon ce général, retiré du service actif, les moines ont été tués, peu après leur enlèvement, par des tirs depuis des hélicoptères militaires alors qu’ils se trouvaient dans ce qui semblait être un bivouac de jihadistes.
« Les hélicoptères ont vu un bivouac. Comme cette zone était vidée, ça ne pouvait être qu’un groupe armé. Ils ont donc tiré sur le bivouac. (…) Une fois posés, ils ont découverts qu’ils avaient tiré notamment sur les moines », a déclaré le général Buchwalter dans sa déposition.
L’officier général a affirmé tenir ses informations d’un ancien camarade militaire algérien dont le frère, commandant d’une escadrille d’hélicoptères à Blida, à mi-chemin entre Tibéhirine et Alger, avait participé à cette « bavure ».
Cette assertion a fait réagir Hervé de Charrette, ministre des Affaires Etrangères de l’époque qui a déclaré que « c’est un témoignage au 4ème degré qui ne se base pas sur aucun fait »
Ces déclarations ont conduit le juge Trévidic à demander qu’une centaine de documents « secret-défense » des ministères des Affaires étrangères, de la Défense et de l’Intérieur soient déclassés.

 

19-05-2010

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