Affaire des «faux moudjahidine»: Mellouk appelé à reconstituer le dossier

Affaire des «faux moudjahidine»

Mellouk appelé à reconstituer le dossier

El Watan, 31 janvier 2015

C’est un homme lassé, mais toujours prêt à aller jusqu’au bout de son combat, qui est venu hier à notre rédaction pour dénoncer «la volonté de la justice d’étouffer» son affaire sur laquelle beaucoup d’encre a coulé depuis 1992.

Le procès en appel de l’ancien fonctionnaire du ministère de la Justice, Benyoucef Mellouk, a finalement eu lieu le 25 janvier à la cour d’Alger, et ce, après quatre reports depuis la décision de la Cour suprême de renvoyer l’affaire où il est demandé au mis en cause de répondre du délit de «diffamation».

A l’origine, une plainte déposée par deux anciens ministres, Mostefa Mohammedi (Intérieur) et Mohamed Djeghaba (Moudjahidine) sept ans après l’éclatement de l’affaire en 1992, où Mellouk avait cité, preuves à l’appui, les noms de leurs proches parmi les magistrats faussaires. Seulement, à l’issue du dernier procès, le verdict qui est tombé a suscité la colère de Benyoucef Mellouk.

L’homme par qui ce scandale des faux moudjahidine a éclaté en 1992, n’arrive toujours pas à «digérer» le fait que la justice lui demande un complément d’instruction sur son affaire. Ce qui le met hors de lui. «Ce qui m’étonne, c’est que le magistrat Tayeb Hellali, qui a présidé l’audience, avec le procureur adjoint de la cour d’Alger, ce jour-là, s’est prononcé pour un verdict de complément d’instruction», se désole-t-il.

Benyoucef Mellouk regrette qu’«avec toutes ces preuves remises à la justice en présence de mon avocat, Me Mokrane Aït Larbi ainsi que Me Miloud Brahimi depuis 1992, à mon grand étonnement, tout a disparu». De ce fait, il considère qu’«il y a une grande complicité du pouvoir mafieux, de l’injustice, de la hogra et de la corruption».

Lors du dernier procès, il a été reproché une nouvelle fois à Benyoucef Mellouk d’avoir divulgué à la presse le contenu de ces dossiers des magistrats faussaires. «On veut encore me traîner devant les tribunaux en me menaçant, en pleine audience, de saisir tous mes dossiers alors qu’il y a prescription de l’action publique après tant d’années. On me reproche aussi devant toute l’assistance le fait de m’être adressé à la presse pour divulguer ces affaires», a-t-il indiqué. Or, pour lui, «c’est un devoir de faire la lumière sur ces affaires et le peuple a le droit de connaître la vérité».

Mais en dépit des menaces de mort, des intimidations et des pressions qu’il ne cesse de subir, l’infatigable Mellouk est décidé à aller jusqu’au bout de son affaire et continuer à dénoncer «les traîtres et collaborateurs qui ont usurpé l’histoire de tout un peuple, sa Révolution et le serment donné à nos martyrs». Et ce, même si, à ses yeux, «le fait de m’avoir demandé encore un complément d’instruction est une manière de me faire traîner encore devant les cours jusqu’à mon décès».
Rabah Beldjenna